Le sommeil de la Lysaelle avait été de plomb et pourtant elle se sentait encore plus fatiguée que la veille. Si elle ne se souvenait plus de ses rêves, elle en imaginait la teneur. Démons et complots avaient sûrement hanté ses songes. Et, cette fois, se réveiller ne permettait pas d'échapper aux cauchemars.
Elle resta un moment au lit, profitant de la douceur des draps et du moelleux du matelas, laissant son regard dérivé vers le paysage extérieur. Éreintée, elle avait oublié de tirer les lourds rideaux pour la nuit. C'était un soleil doux, pointant à l'horizon, qui l'avait tiré de ses songes. Une douce couleur dorée baignait les champs à l'horizon sans qu'aucun nuage, une nouvelle fois, ne vienne ternir le bleu du ciel. Elle appréciait le calme qui se dégageait de la vue, un calme bien différent de celui qu'elle trouvait dans sa propre chambre. À Lekathos c'était une ambiance froide, qui vous donnait envie de vous réchauffer au coin du feu en écoutant des légendes. Ici, le beau temps vous poussez à sortir et vous allonger sous les rayons réconfortants du soleil, le rire des enfants en fond sonore.
Quand on frappa à la porte, Lysaelle souleva la couverture sur sa tête refusant de voir l'intrus. À une heure aussi matinale elle ne doutait pas de l'identité de la personne. Hélas, cette dernière entra sans attendre l'invitation de la reine et déclara avec joie :
— Bonjour Madame, puis-je vous aider en quoi que ce soit ?
À contrecœur, Lysaelle se redressa et fit face à la domestique. Anyla se tenait au pied du lit, un grand sourire poser sur ses lèvres. Son teint hâlé, qui lui donnait une bonne mine, était loin de celui, glaciale, de la reine.
— Quel est le programme de ce matin ? demanda Lysaelle.
— Le petit-déjeuner est servi dans la salle de réception. Les gardes vous attendront sur l'esplanade pour l'entraînement juste après. Vous déjeunerez avec le roi et son fils. Ensuite le roi souhaite voir avec vous les armes que vous avez à votre disposition, récita la domestique comme un laïus appris par cœur.
Une longue journée en perspective. Sa seule véritable motivation était la joyeuse possibilité de donner une leçon aux soldats azarskien. La reine laissa Anyla s'occuper de sa tenue, ne voulant pas vexer la jeune femme. Cette dernière ne parle pas de toute la manœuvre ce qui soulagea Lysaelle. Elle n'aimait pas particulièrement se lever aussi tôt. Pour la matinée, la reine délaissa ses robes pour enfiler sa tenue de combat. Anyla mit un certain temps à comprendre comment fonctionnait les différents morceaux mais une fois fait, la domestique sembla fascinée par le nouveau vêtement. Sûrement peu habituée à voir une femme dans une telle tenue, sa réaction était touchante. La reine se passa de remarque et la laissa terminer son travail.
— Souhaitez-vous que je revienne ce midi afin de vous habiller pour le repas ?
Il y avait beaucoup d'espoir dans la voix d'Anyla mais Lysaelle déclina. Elle savait que cette fois elle ne pourrait échapper à revoir la domestique le soir et cela lui suffisait. Hier avait été un coup de chance. Pour ce matin elle avait tout de même encore besoin de la jeune femme bien que cela l'embêtât de l'avouer.
— Pourrais-tu m'accompagner jusqu'à l'esplanade ?
Elle n'avait pas faim et elle voulait éviter au maximum les souverains.
Anyla s'empressa d'accepter et toutes deux sortirent de la chambre. Une nouvelle fois Lysaelle tenta de se repérer parmi les nombreux couloirs. Elle reconnaissait certains tableaux mais son plan du château était encore vague. La reine avait d'abord cru que l'esplanade se trouverait en dehors du bâtiment pourtant elles semblaient s'enfoncer vers l'intérieur. Puis soudainement, il n'y eut plus de toit au-dessus de leur tête. Elles se trouvaient devant une grande étendue d'herbe, à ciel ouvert. De nombreux mannequins et cibles étaient installés et des armes étaient soigneusement rangées sur des tréteaux en bois. Anyla laissa la reine sans un mot.
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Ozavir
FantasiaLysaelle, reine de Lekathos, dirige avec bienveillance son peuple coupé des autres pays. Les autres dirigeants craignent ces terres inhospitalières où vivrait, dit-on, des mages. Pourtant, le roi Orik, roi d'Arzaski, décide de demander une alliance...