— Tu avais raison, dit la reine.
Elle avait rejoint Lyan dès qu'elle l'avait pu. Les deux amis étaient enfermés dans la chambre de la reine, elle, assise sur son lit, Lyan debout près de la fenêtre.
— D'après les histoires de la princesse de la Torria, les rois de la Valoxie et du Tizah ne sont absolument pas dignes de confiance. Il y en a un qui tue avant de poser des questions et l'autre qui empoisonne ses ennemis.
— Il faut aussi nous méfier de la Torria. Mais la sollicitude, du moins l'absence d'animosité, de la famille royale, nous enlève un poids. De mon côté j'ai récolté les mêmes informations. Je vais encore creuser mais il faut rester discret, les paysans se méfient rapidement. Il faudra voir ce que Mikolaj aura pu récolter de ses conquêtes.
Ils n'avaient, pour le moment, rien de plus à se dire. Lyan lui avait aussi rapidement fait un résumé de la situation dans les camps de fortune. Le rationnement était déjà en place, la famine ne tarderait pas. Lysaelle laissa pourtant de côté le problème quelques jours, se concentrant sur sa propre survie et sur les informations que lui apportaient ses deux gardes.
Ce n'est qu'après une semaine qu'elle se décida à parler au roi du problème de l'exode, ne voyant rien changer malgré les problèmes grandissants. Elle trouva ce dernier en compagnie du prince, dans la salle de réunion. Ils semblaient avoir une conversation houleuse et aucun d'eux ne remarqua sa présence. Elle se racla la gorge pour annoncer sa présence. Les deux hommes se tournèrent vers elle d'un seul mouvement. Le prince sembla prêt à l'étriper tandis que le roi lu offrit un sourire de façade.
— Majesté, que vous amène-t-il ? demanda le père avec amabilité.
— Père ! Nous parlions ! S'exclama le fils.
— En effet, mais nous pouvons au moins nous montrer aimables avec la reine, rétorqua le roi avec fermeté, coupant court à toute contestation.
Lysaelle se demandait bien de quoi pouvaient parler les deux hommes avant qu'elle ne les interrompe. Mais de toute façon la reine se doutait que peu importait le sujet, le prince aurait été vexé. Cet homme était détestable.
— À dire vrai, je m'inquiétais de l'afflux soudain des habitants du pays vers la capitale.
— Votre travail n'est pas de vous inquiéter mais de vous battre, rétorqua le prince.
La reine ravala sa remarque. Si cela continuait, elle allait tuer quelqu'un et elle y prendrait un certain plaisir.
— Qu'est-ce qui vous inquiète ? Demanda le roi après un regard réprobateur à son fils.
Ayden souffla, exaspéré.
— La famine. Si les terres sont abandonnées et que tous se retrouvent ici, il n'y aura pas assez de ressource pour nourriture tout le monde. Croyez-moi, je le sais.
— Père ! Vous allez vraiment la laisser s'immiscer dans notre politique ?
Un crapaud. Un horrible crapaud baveux et gluant. Voilà en quoi elle aurait voulu transformer le prince. Cela lui siérait à merveille. Elle en avait des frissons de plaisir.
— Ne vous inquiétez pas, nous gérons la situation. Nous avions prévu cet exode, rassura le roi en continuant d'ignorer le prince.
Lysaelle n'en crut pas un mot. Les propos d'Anyla, quelques jours plus tôt sur les tensions, démontraient que rien n'avait été prévu. Lyan n'avait fait que confirmé ses soupçons en rapportant que la famine menaçait déjà. Elle se rendit compte que, devant son fils, le roi se contenterait d'une façade et de sauver les apparences. Elle devrait lui parler seul à seul si elle voulait pouvoir l'aider. Elle exprima son soulagement, factice, et partit sans se retourner. Elle sentit dans son dos le regard meurtrier du prince et regretta amèrement de ne pas avoir le pouvoir de transformation.
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Ozavir
FantasíaLysaelle, reine de Lekathos, dirige avec bienveillance son peuple coupé des autres pays. Les autres dirigeants craignent ces terres inhospitalières où vivrait, dit-on, des mages. Pourtant, le roi Orik, roi d'Arzaski, décide de demander une alliance...