Chapitre 11

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Le lendemain, alors que le soleil pointait à peine à l'horizon, des coups discrets frappés à la porte réveillèrent la reine. Désorientée, elle mit un instant à comprendre ce qui se passait. Qui pouvait la déranger à cette heure-ci ? Le château se réveillait rarement avant que le soleil ne soit bien installé dans le ciel. Les nuits en Arzaski étaient étonnamment courtes.

Les coups se répétèrent, plus insistant. Elle se leva donc et enfila une chemise de nuit par-dessus sa tenue. Elle s'approcha de la porte et demanda :

— Qui est là ?

Une voix étouffée lui répondit.

— Lyan, majesté.

Alarmée par la présence d'un de ses gardes si tôt à sa porte, elle s'empressa d'ouvrir et le fit entrer. Avant de refermer, elle jeta un coup d'œil dans le couloir. Il était vide et silencieux. Elle verrouilla soigneusement la porte et se tourna vers son ami. Il avait déjà enfilé sa tenue de garde et semblait agité. Lyan était d'une nature calme, une obligation quand on ressent les émotions de toutes les personnes qui nous entourent. Le voir dans un tel état n'était pas rassurant. Si la reine avait réussi à faire taire ses peurs quelques instants la veille, sa paranoïa revint au galop.

— Qu'y a-t-il ?

— J'ai des nouvelles.

— Sur quoi ? demanda la reine curieuse mais inquiète.

— Je sais ce que murmurent les rois et les reines des autres pays. Du moins une partie.

Cela n'engageait rien de bon. Le visage grave de Lyan lui confirmait qu'elle ne recevrait pas de réponses rassurantes de sa part. Elle n'était pas naïve, elle avait elle-même vu qu'ils complotaient. Mais cela lui semblait soudain. Comment avait-il pu se liguer avec tant de force contre elle en si peu de temps ? Elle pensait avoir un peu de temps avant que leur complot ne prenne forme. Elle se demandait aussi si les princesses de Torria étaient de mèche. Elles lui avaient paru enclines à l'accepter, ce n'était peut-être qu'un leurre.

— Il souhaite que vous partiez, expliqua Lyan.

— Ce n'est pas nouveau. Mais tant que le roi sera vivant j'ai bien peur que cela n'arrive pas.

Il laissa planer un moment le silence entre eux. Lysaelle était décontenancé. Elle ne comprenait pas ce qu'elle avait loupé. Que les souverains souhaitent son départ était su de tout le monde. Elle craignait qu'il ne tente de la tuer afin de se débarrasser d'elle mais Lyan n'avait visiblement rien entendu de tel.

Soudain la lumière se fit. Comment avait-elle pu passer à côté d'une telle évidence ? Ce n'était pas elle qu'ils comptaient tuer. Le risque était trop grand que ses gardes se retournent contre le royaume. Il ne souhaitait pas se mettre à dos des démons supplémentaires. En revanche, tuer le roi Orik et permettre l'ascension d'Ayden était le plan parfait pour faire partir la reine. Le prince ne s'était jamais caché de la haine qu'il éprouvait envers le peuple de Lekathos. À l'instant où il accéderait au pouvoir, il renverrait chez elle la reine. Elle avait pourtant du mal à croire que le prince souhaite tuer son père. Elle ne le voyait pas commettre un patricide. Cela semblait excessif et totalement inapproprié. Était-il seulement au courant ? Devait-elle le prévenir ? Déjà des milliers de questions se bousculaient dans son esprit.

— Es-tu sûr de ce que tu avances ? Demanda Lysaelle.

— Je n'ai aucune preuve orale, seulement des ressentis, des émotions. Mais j'en ai parlé avec Mikolaj et il est du même avis que moi. Je n'ai entendu aucune menace de mort contre vous. Ils vous craignent bien plus qu'on ne le pensait.

Sans preuve, Lysaelle ne pouvait pas en parler au roi et encore moins au prince. Peut-être avaient-ils mal compris, mal interprété les paroles des souverains ? Le doute subsistait. Elle se demandait tout de même s'il ne valait pas mieux que le roi meurt. Elle aurait ainsi toutes les raisons de partir et de laisser mourir ce royaume. N'était-ce pas tout ce qu'elle avait souhaité depuis le début ? Et voilà que se présentait à elle, sur un plateau d'argent, la solution idéale.

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