Lysaelle avait été convié au repas du soir. Si elle appréhendait cette réunion, ce serait aussi le moment idéal pour en savoir plus sur le royaume ainsi que sur la menace qui faisait trembler les souverains. Son autre préoccupation était les performances des soldats des pays du royaume. Si elle connaissait la valeur des siens, elle redoutait de se retrouver avec des incompétents à ses côtés. Elle pouvait compter sur les capacités des Kopals, mais il serait impossible de se reposer entièrement sur leur magie. Elle restait trop faible, trop capricieuse pour être un réel atout dans cette guerre. Elle ne regrettait pas son choix d'avoir bridé leurs pouvoirs, ils avaient déjà causé beaucoup d'ennuis sur l'île. Jamais elle n'aurait qu'elle en aurait eu besoin. Elle-même avait cessé d'explorer ses capacités, refoulant au fond d'elle ce don – ou cette malédiction.
Elle tournait en rond dans sa chambre, ne sachant pas quoi faire jusqu'au dîner. Se promener seule dans les couloirs du château ne la rassurait pas. Elle ignorait même où logeaient ses soldats. Pour le moment, elle devait se plier aux exigences du roi. Elle se décida à se changer, préférant choisir une tenue plus légère quand on vint frapper à sa porte. Intriguée, elle ouvrit avec prudence. Elle découvrit sur le seuil une jeune femme à la chevelure rousse. Son habit, sobre et pratique, ne faisait aucun doute quant à la raison de sa présence.
— Bonjour Madame, je suis Anyla. On m'a chargé de vous préparer pour le repas de ce soir.
Légèrement surprise, et peu habitué à avoir des servantes, Lysaelle se décala afin de la laisser entrer. Son pas était léger et son port de tête excellent. On aurait pu, à s'y méprendre, la considérer comme un membre de la famille royale. Elle déposa sur le lit un panier rempli d'accessoire qui aurait fait fuir n'importe qui.
— Désolé mais je pense pouvoir me débrouiller seule, intervint la reine avec autant de tact qu'elle le pouvait, ce qui voulait dire bien peu.
La servante écarquilla les yeux et observa en silence la reine. Elle n'était pas habituée à ce qu'on refuse son aide et ne savait donc pas comment réagir. Si elle décidait de partir sans accomplir sa tâche, le roi serait en colère mais Anyla ne souhaitait pas insister, intimidé par la femme qui était en face d'elle.
— C'est que le roi souhaitez...
Lysaelle se retrouva prise au dépourvu. La domestique était jeune, plus jeune qu'elle, c'était certain. À peine la vingtaine à coup sûr. Elle ne se voyait pas insister davantage pour qu'elle parte. Cela faisait si longtemps que personne ne s'était occupé d'elle de cette manière. Lysaelle s'approcha donc de la servante et observa le panier. Des perles, des pinces, des rubans et autres accessoires qu'elle ne portait plus depuis la mort de ses parents.
— Bien. Mais je pose une condition. Hors de question que vous utilisiez une de ces choses sur moi.
La servante étouffa un rire avant de hocher la tête. La reine sourit à son tour et alla chercher la tenue qu'elle comptait porter. Elle choisit une robe élégante qui saurait marquer les esprits. D'une jolie couleur crème, des touches dorées permettaient de rehausser le tout. Les fils brodés et les petites pierres ne brillaient pas autant que ce qu'elle avait vu dans ce pays, mais cela ferait l'affaire.
Ainsi la servante s'affaira autour de la reine. Lysaelle mit un moment avant de se détendre. C'était si étrange de n'avoir rien à faire, elle avait la désagréable impression de profiter de la jeune femme. Cette dernière était étonnamment douée, ses gestes étaient précis et rapides et elle avait les yeux pétillants. Était-ce la robe qui lui faisait cet effet ? Lysaelle en doutait, elle en avait certainement vu de plus majestueuses. Il y avait quelque chose d'autre.
Quand Anyla peaufina les derniers détails, Lysaelle s'observa dans le miroir. La robe était plus ajustée qu'à l'accoutumée, mettait d'autant plus en valeur la silhouette de la reine. La jeune femme ne quittait pas des yeux le vêtement. Curieuse, la reine finit par demander :

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Ozavir
FantasyLysaelle, reine de Lekathos, dirige avec bienveillance son peuple coupé des autres pays. Les autres dirigeants craignent ces terres inhospitalières où vivrait, dit-on, des mages. Pourtant, le roi Orik, roi d'Arzaski, décide de demander une alliance...