Chapitre 16

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Ne sachant pas où le chef de la garde logeait, la reine prit, tout d'abord, le chemin vers l'esplanade d'entraînement. Elle ne croisa pas de souverain, une chance. Elle ne souhaitait pas faire face à la colère d'Ayden ou du roi de la Valoxie, ni à la malice du roi Ganbaatar. Elle n'aurait su gérer aucun des trois à cet instant précis. En revanche elle vit Anyla, quelques pas devant, un panier de linge dans les mains. Lysaelle l'apostropha et la jeune femme se retourna. Son visage fermé s'illumina.

— Majesté, vous n'êtes pas partie ?

— Le roi a accepté que je reste. Pourras-tu déballer mes affaires ? Je ne pense pas avoir le temps de le faire.

— Bien sûr Madame, répondit-elle en souriant.

La reine ne s'attarda pas, il n'y avait pas grand-chose de plus à dire. Si Lysaelle savait que la servante l'appréciait, elle n'aurait pas cru que la nouvelle de son retour, alors même qu'elle n'était pas partie, lui faisait tant plaisir.

Enfin, elle arriva à destination. L'esplanade était occupée par quelques gardes qui s'entraînaient en duo ou bien sur des mannequins. Elle balaya l'endroit des yeux, tenta de reconnaître les visages dans la lumière du soleil. Elle s'apprêtait à renoncer quand enfin la silhouette familière de Soren se détacha. Il était à l'ombre, sous les arcades à sa gauche. Il paraissait occupé à nettoyer des lames. Elle s'approcha, restant elle aussi à l'ombre. La chaleur était réconfortante mais rester trop longtemps sous les rayons du soleil aurait fait suer n'importe quel homme.

Elle appuya ses pas afin qu'il ne soit pas surpris par sa présence bien qu'elle doutât que cela soit utile. Soren avait l'âme d'un guerrier. Un homme comme lui était capable de sentir la présence humaine sans l'entendre. Lysaelle était pressée d'aborder les sujets qui étaient les plus urgents mais elle savait qu'elle devait, avant tout, le remercier de son aide.

— Merci.

C'était simple et sincère. Soren se retourna et haussa les épaules.

— Seul un idiot n'aurait pas vu que vous nous êtes indispensables. Même mes hommes, qui ne vous apprécient pas, le reconnaissent.

Ne pouvait-il pas se contenter d'accepter ses remerciements ? Il y avait parfois des propos qui lui hérissaient les poils. Elle ajouta cela à sa liste, après l'incapacité à s'excuser. S'il avait beaucoup de nobles qualités, il avait aussi les nombreux défauts propres aux personnes de pouvoir.

— J'aimerais vous parler de quelque chose.

Il reposa l'épée qu'il avait en main pour porter toute son attention sur la reine.

— La menace est proche, commença-t-elle.

Comment pouvait-elle tourner cela pour qu'il prenne son parti et l'aide ? Il fallait lui montrer tous les avantages de son idée.

— Nous manquons d'hommes, ce n'est pas nouveau. Et le peu de paysans que le roi a recruté ne permettra pas de compenser notre infériorité.

— Si vous parlez de recruter des femmes...

— Pas que. Mais nous devons faire un recrutement massif. Où nous perdrons, appuya-t-elle.

— Il est impossible de leur apprendre à se battre en si peu de temps. C'est de la chair à canon que vous souhaitez recruter.

Lysaelle le savait. Elle avait pesé le pour et le contre de cette méthode. Il fallait des sacrifices pour avoir un espoir de sauver le plus grand nombre. Elle avait espéré que Soren ne se rendrait pas si vite compte de ses intentions. Elle n'arrivait pas à déchiffrer le regard de ce dernier. Était-il en colère qu'elle propose une telle chose ? Comprenait-il ?

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