Ozavir

Chapitre 22

La nuit fut calme. Personne ne lui posa de question quant à son retour tardif malgré les regards inquisiteurs que lui lancèrent les gardes. Elle n'avait plus l'esprit à s'inquiéter de cela. Elle ne savait pas encore comment elle aborderait le sujet de ces nouveaux soldats avec Ayden mais elle savait d'avance que la confrontation serait inévitable. Il lui faudrait toutes ses ressources pour le convaincre de les laisser combattre.

Elle retourna dans sa chambre et ferma la porte à clé. Il restait moins de deux semaines avant l'affrontement final, s'ils ne s'étaient pas trompés. Dans quelques jours à peine il leur faudrait quitter le château et s'installer sur le champ de bataille en attendant l'ennemi. D'ici là, tout devait être au point pour s'assurer une victoire.

Malgré sa fatigue, elledécida de travailler son don. Il n'y avait personne dans les couloirs, doncaucun danger que cela dérape. Elle prit le temps de l'observer, de lecomprendre. Plus elle en saurait sur lui, mieux elle pourrait l'utiliser. Ellen'aurait pas le droit à l'erreur.

Elle s'endormit sans réellement sans rendre compte. À son réveil elle était allongée sur ses draps, encore habillés. Il était encore tôt mais elle ne souhaita pas se recoucher. Elle aurait le temps de dormir plus tard. Le château, encore endormi, était silencieux. La reine traversa les couloirs croisant quelques domestiques sur son chemin. Quand elle arriva à l'esplanade, ses gardes étaient déjà en train de s'entraîner. Mikolaj, sûrement épuisé de la veille, n'était pas là. C'était donc Lyan qui supervisait les soldats. Elle s'éloigna du groupe et rejoignit Wik et Lech qui s'entraînaient un peu à l'écart. A son arrivé, les deux frères s'inclinèrent.

Elle rejoignit leur combat sans un mot de plus. Elle n'avait pas la force de se joindre aux autres. Elle avait besoin de silence et d'adversaires à sa hauteur. Wik était le plus fort des deux mais Lech se défendait avec bravoure. Il n'avait pas le physique de son frère, il était plus à l'aise avec son esprit. Il analysait avec plus de justesse son adversaire.

Sans s'en rendre compte, les heures passèrent et bientôt l'esplanade fut vidée de toute présence, ne laissant que les deux frères et la reine. Il ne leur restait à présent qu'un court battement avant que les hommes du roi n'arrivent. Alors qu'ils déposaient, eux aussi, les armes, Wik demanda :

— Comment vous vous sentez ?

Lysaelle savait qu'il parlait bien plus de son pouvoir que ses sentiments.

— J'ai l'impression de revivre. C'est comme si nous étions une même entité.

— Parce que c'est le cas, votre don est une partie vous. Sans lui, vous n'êtes pas Lysaelle, reine de Lekathos.

C'était si vrai. Sans cette particularité elle n'en serait pas où elle en était. Elle n'aurait pas vécu de terribles moments mais aussi des instants de joie. Elle ne serait que la moitié d'elle-même et cela ne lui suffisait pas.

— Vous pensez pouvoir vous en servir à grande échelle ?

— Je l'espère. C'est sur ça que repose en grande partie notre plan. Nos dons sont notre unique chance de vaincre cette armée, répondit la reine avec de l'inquiétude dans la voix.

Wik hocha la tête, tout aussi soucieux. Personne n'était naïf au point de croire que cette guerre serait facile, même les soldats les plus aguerris redoutaient ce qui allait arriver. Une fois les deux frères partis, Lysaelle se retrouva un instant seul dans l'esplanade. Elle laissa son esprit vagabonder avant que les soldats d'Ayden ne viennent prendre place. Il ne passait à présent plus un instant sans qu'elle ne pense à leur éventuelle défaite. Et sans cesse revenait à son esprit la promesse qu'elle avait fait avant de partir à la mère de Mikolaj. Ne vous en faites pas, votre fils vous reviendra. Elle ne pouvait pas arracher un fils à sa mère. Et pourtant tous les éléments semblaient contre eux.