Chapitre 21

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La révolte avait été maîtrisée à la fin de la journée. Il n'y avait eu aucun mort mais de nombreux blessé. Les gardes s'en était bien mieux sortie mais certainarboraient quelques bandages. La reine n'avait pas revu le roi du reste dela journée et n'avait eu aucune nouvelle concernant les décisions prises. Pour le moment les gardes avaient réussi à ramener l'ordre mais si la famine perdurait, il y en aurait bien d'autres tandis que le véritable ennemi approchait.

En tentant d'éviter soigneusement ses propres hommes, elle découvrit une salle à l'aspect chaleureux. Elle était de petite taille comparée aux autres pièces de cet immense château. Composé de quelques fauteuils, trônait en son centre un majestueux objet. Elle en fit le tour sans oser y toucher. Il était immense, composé de trois pieds, d'un couvercle légèrement ouvert laissant entrevoir des centaines de cordes. Un clavier terminait l'ouvrage dont les touches blanches scintillaient sous les rayons du soleil. Elle approcha un doigt et une note aiguë résonna dans la pièce. De la musique. Cet objet aux dimensions indécentes était un instrument de musique. Elle n'en avait jamais vu de la sorte. À Lekathos la musique se jouait principalement dans les rues, il fallait donc que les instruments soient facilement transportables.

— N'est-il pas magnifique ?

Lysaelle se retourna vivement vers la porte et découvrit sur le palier deux femmes et un homme. Elle s'en voulut de ne pas les avoir entendus arriver, elle se retrouvait à présent coincé. Elle ne répondit pas à la question de la femme, qui n'attendait sûrement pas de réponse. Elle devina sans peine l'identité des nouveaux arrivant, leurs vêtements colorés et leurs yeux fins ressemblaient beaucoup trop à ceux de Ganbataar. Sa femme et ses deux enfants sans doute. La mère la regardait sans réelle animosité, elle avait davantage cette malice qu'elle voyait si souvent chez son mari. Le fils lui était ouvertement hostile tandis que la fille était d'une froideur terrifiante. Décidément, cette famille était la pire de toute.

Lysaelle ne dit rien et s'éloigna de l'instrument pour se diriger vers la sortie. Aucun des trois Tizai ne bougea, laissant planer une ambiance pesante. C'était à celui qui craquerait le premier.

— Peut-être pourrions-nous discuter ? Je trouve cela si dommage que l'on ne connaisse pas nos propres alliés, proposa la femme avec un faux sourire.

Les deux enfants n'étaient pas enchantés mais ne dirent rien. La jeune fille se dirigea vers le piano et s'y installa avant de commencer à jouer une douce mélodie qui était étrangement assourdie. Le fils s'installa dans un coin, un livre dans les mains sans que la reine ne sache d'où il l'avait sortie. Enfin la matriarche invita Lysaelle à s'asseoir sur un des nombreux divans de la pièce. Elle aurait pu dire non. Elle n'en fit rien. Sa curiosité était plus grande. Puis elle était rodée des intrigues de la cour, il lui suffisait de reprendre son rôle et d'être plus vicieuse que ses adversaires.

— Je m'appelle Zhende Ouzah Hou. Femme de l'empereur du Tizah. Ma fille, Zhende Akeko et mon fils Zhende Haneki.

Une bien belle famille, modèle si l'on pouvait dire. Une fille virtuose, un fils érudit mais sans aucun doute aussi doué au combat. Cela ne présageait rien de bon.

— Lysaelle Duze, répondit-elle par politesse.

Cela faisait des siècles qu'elle n'avait pas utilisé son nom de famille. À Lekathos ils étaient rares, seules les familles royales en héritaient d'un et elle ne souhaitait pas perpétuer cette tradition.

— Une grande famille qui règne sur Lekathos depuis longtemps. Comment vont vos parents ?

Lysaelle tenta de masquer sa surprise. Comment pouvait-elle connaître sa famille coupée du monde depuis trois siècles ? Quelles étaient ses dernières informations ? Était-elle au courant de la révolution, du lynchage des derniers représentants de la famille royale ? Était-ce un piège ? Elle décidait d'avancer ses pions avec prudence. Personne ne mentait aussi bien qu'elle... du moins elle le pensait. Elle avait en face une rivale de taille.

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