Le château était en émoi. Tandis que l'on préparait la cérémonie pour l'enterrement du roi, l'enquête débutait. La mort par empoisonnement avait été confirmée et le château fut bouclé. Personne n'était autorisé à sortir ou à entrer. Les interrogatoires s'enchaînèrent : domestiques, nobles, soldats, personne n'y échappa. Les soupçons pesaient cependant principalement sur Lysaelle et ses hommes. Elle n'était pas étonnée. Les recherches n'étaient qu'une façade : ils pensaient déjà avoir les véritables coupables. Elle fut ainsi reçue par le nouveau roi, dans la salle même où l'ancien souverain avait poussé son dernier souffle. Dans la salle était présent Ayden, sur le trône, Soren, debout à ses côtés, quelques gardes aux portes, des conseillers ainsi que le médecin.
— Vous savez pourquoi vous êtes là ? demanda Ayden par simple formalité.
Lysaelle se contenta de hocher la tête. Son attention était davantage portée sur Soren que sur le roi. Le croyait-elle coupable ? Son visage, fermé, ne lui permettait pas d'avoir la réponse à sa question. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Bien qu'elle eût la preuve qu'elle n'avait pas elle-même empoisonné le roi, rien ne prouvait qu'elle n'avait pas payé un serviteur ou un de ses gardes pour le faire. Elle ne pouvait pas se défendre et même si c'était le cas, personne ne la croirait. Il était plus simple de la déclarer coupable. Alors que le vrai meurtrier se trouvait peut-être devant elle, relaxé de tout soupçon.
— Avez-vous des éléments pour vous défendre ?
— J'étais avec Soren lors du meurtre, il peut en attester.
Ayden demanda confirmation à son maître d'armes.
— Je confirme, elle était avec moi.
— Qui nous dis que vous n'avez pas engagé quelqu'un pour tuer mon père ?
— Pourquoi aurais-je fait une telle chose ? s'exclama Lysaelle, déjà épuisée par cet interrogatoire. Le roi Orik a eu la gentillesse de m'accueillir avec bienveillance. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Il aurait fallu que je sois stupide pour tuer le roi tout en sachant que ce serait vous qui le remplaceriez.
Ayden se crispa.
— Je vous interdis de me manquer de respect !
Que connaissait-il au respect ? À son tour la reine serra les poings, se retenant de répliquer. Se mettre en colère n'aiderait en rien sa situation. Elle devait se montrer plus intelligente et mature que le roi.
— Peut-être est-ce moi que vous visiez ? exposa Ayden avec une pointe de malice.
Il pensait l'avoir acculée. Pourquoi cherchait-il à l'accuser ? Ne pouvait-il pas la renvoyer chez elle, tout simplement ?
— Il est vrai que semer la discorde à l'aube d'une guerre est une stratégie à toute épreuve, répondit Lysaelle avec détachement.
Qu'il était jubilatoire de le voir s'énerver sans qu'il ne puisse laisser libre cours à sa colère. À présent qu'il était roi, ses sautes d'humeurs et ses excès de rage n'étaient plus tolérables. Dans la pièce il était le seul à croire la reine coupable ou à faire semblant de le croire. Même le médecin semblait s'ennuyer ferme.
— Vous pouvez disposer, lâcha le roi avec dédain.
Il n'avait pas eu ce qu'il souhaitait, ce n'était donc plus amusant pour lui. À présent elle se demandait combien de temps il lui restait ici. Pour éviter d'être prise au dépourvu, elle prit dès à présent la décision de faire ses valises.
— Pourrais-je au moins savoir quel poison a tué le roi ? Je veux dire, l'ancien roi, demanda-t-elle avant de partir.
— Non.

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Ozavir
FantasiLysaelle, reine de Lekathos, dirige avec bienveillance son peuple coupé des autres pays. Les autres dirigeants craignent ces terres inhospitalières où vivrait, dit-on, des mages. Pourtant, le roi Orik, roi d'Arzaski, décide de demander une alliance...