Chapitre 8

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Voilà une semaine que Lysaelle était arrivé sur le sol d'Arzaski. La situation, déjà peu glorieuse, n'avait fait qu'empirer. Les entraînements, bien qu'efficace, étaient plombés par le prince, bien décidé à faire ressentir sa rancune à tout le monde. Il tentait par tous les moyens de discréditer la reine mais ses soldats étaient moins enclins à le suivre quand Soren était là. Si Ayden était apprécié, le chef de la garde l'était bien plus. Et il n'était pas compliqué de comprendre pourquoi. Le prince avait ce petit quelque chose de hautain qui le mettait au-dessus des autres et qui, par la même occasion, l'isolait.

Elle n'avait, heureusement, plus recroisé les souverains des autres pays et les avait relégués au fond de sa mémoire. Elle avait fini par se lier d'amitié avec Anyla, sa domestique bien que le lien soit ténu. Tout comme Soren, la jeune femme était fascinée par la reine et elle n'hésitait pas à lui rapporter les commérages qui couraient dans les couloirs et dans la ville. Si, pour le moment, Lysaelle n'avait rien appris de nouveau, elle espérait que cela pourrait lui être utile plus tard. Personne n'était à l'abri d'une tentative d'assassinat.

Au-delà de l'enceinte du château, la situation se détériorait. Anyla lui expliqua que les étals du marché étaient moins remplis qu'à l'accoutumée. Si les produits de la mer étaient toujours aussi florissants, les céréales, légumes et fruits se faisaient rares et les habitants en venaient parfois aux mains. Il fallait venir tôt le matin pour espérer avoir quelques denrées.

— Pourquoi y a-t-il des pénuries ? Avait demandé la reine un matin.

— Les paysans quittent leurs terres pour rejoindre la capitale. Sauf que la majorité des cultures sont loin d'ici et sans personne pour s'en occuper, il n'y a plus de récolte. Les champs qui jouxtent le château sont trop peu nombreux pour nourrir les habitants de la capitale en plus des nouveaux arrivants dont nous n'avions pas besoin de nous occuper avant.

Ce scénario rappelait amèrement ce qui s'était passé à Lekathos trois cents ans plus tôt. Tout avait commencé de la même manière. Une menace. Un exode. Une famine. Une révolution. La population de Lekathos avait réussi à survivre de justesse aux rudes hivers qui avaient suivi. Mais ce pays n'aurait sûrement pas autant de chance avec la menace qui planait.

— Où logent-ils ?

— Dans les auberges pour les plus riches. Mais la majorité s'est installé à la périphérie de la ville, dans les champs. Cela ne plaît pas aux terriens.

Une nouvelle source de conflit qui diviserait le peuple et les affaiblirait lors de la bataille. Le seul avantage à cela était que la campagne de recrutement de soldats serait plus facile à mettre en place. Elle savait que le roi avait déjà commencé à en parler à Soren ainsi qu'à ses conseillers. Tous avaient validé cette idée. La reine n'avait pas abordé de nouveau le sujet des femmes soldats. Elle préférait que le roi se rende compte de son manque d'effectif pour soumettre l'idée. Ainsi lui vint l'idée d'en parler à Anyla afin d'avoir un avis féminin sur la question.

— Une femme ne se bat pas, Madame, répondit la domestique avec déférence.

— Pourtant je me bats, moi.

— Cela n'aide pas à votre réputation. Les femmes sont dites porteuse de malheur sur un champ de bataille.

— Mais toi, qu'en penses-tu ? Insista la reine.

— Je ne souhaiterais pas être obligé de me battre mais si des femmes le souhaitent elles devraient pouvoir le faire.

Ainsi tout n'était pas perdu. La reine ne savait pas si la pensée de sa domestique était largement répandue mais cela lui réchauffa le cœur. Tant qu'il y aurait des libres-penseurs, les choses pouvaient évoluer.

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