Le reste de la journée passa à une lenteur exaspérante. Lysaelle fut d'une humeur exécrable et les soldats en firent les frais lors de l'entraînement. Elle était dure et criait sans relâche. Soren ne lui avait pas adressé la parole une seule fois, étonné, certainement, d'un tel comportement. Elle n'y prêta pas attention, son attention étant entièrement focalisée sur son prochain repas. Elle souhaitait connaître les secrets de la vieille femme. Comment avait-elle pu passer ses protections et pêcher dans ses eaux sans qu'elle n'en sache rien ? Avait-elle des complices ? Ses gardes étaient-ils aveugles ? Venait-elle pêcher en pleine nuit ? Les questions se bousculaient sans aucune réponse ne puisse la satisfaire. De plus elle ne supportait pas l'idée que les arzaskien retrouvent ses poissons dans leurs assiettes. Ils ne méritaient pas de goûter à la nourriture de son île. Et elle le faisait chèrement payer aux pauvres soldats.
L'entraînement, plus intense que jamais, mis à terre plus d'un. Exténués, ils n'arrivaient même plus à lever leurs épées tandis que Lysaelle débordait de fougue. Soren, pourtant le plus endurant de ces soldats, suivait avec difficulté le rythme. Il dut imposer à la reine la fin de l'entraînement avant que toute leur maigre armée ne s'effondre. C'est à contrecœur que Lysaelle accepta. Elle laissa sans un mot les hommes, le feu brûlant toujours en elle. Si le chef de la garde avait voulu lui parler, il devrait se résigner à attendre une prochaine fois. Le prince, étonnamment, ne s'était pas plaint de la difficulté de l'entraînement. Lysaelle ne lui en était que reconnaissante, elle n'aurait pas supporté une quelconque remarque et il aurait certainement fini embroché au bout d'une lance. Elle se demandait si ce n'était pas sa rage qui avait enfin remis le prince à sa place. Si c'était le seul langage qu'il comprenait, elle se ferait un plaisir de discuter avec lui.
La reine se changea dans sa chambre, délaissant sa tenue de combat pour une robe simple et légère. Elle ne se sépara pas pour autant de ses armes. Il était encore tôt mais elle trépignait d'impatience. Il avait été convenu que Mikolaj et Lyan viendraient la chercher dans ses appartements à l'heure dite. En attendant elle devrait trouver de quoi s'occuper.
Ainsi elle fit le tour de ses appartements, fouillant tous les endroits qu'elle n'avait pas eu le temps d'explorer, à commencer par sa coiffeuse. Elle ouvrit les tiroirs. La majorité était vide, elle trouva tout de même des feuilles et une plume ainsi que de l'encre. Lysaelle n'aimait pas lire et n'aimait pas particulièrement écrire mais cela pourrait lui être utile à l'avenir. Paraissait-il que déposer ses pensées sur le papier aider parfois. La reine était sceptique. Il y avait beaucoup trop de chances pour que quelqu'un tombe sur ces écrits. Au moins, dans son esprit, ses pensées étaient soigneusement gardées à l'abri des curieux.
Quand elle entendit enfin frapper à sa porte, Lysaelle se précipita. Sur le palier elle trouva ses deux amis qui se tapaient dans la main tandis que Mikolaj disait :
— J'ai gagné.
Renfrognée, la reine rétorqua :
— Je peux savoir de quoi vous parlez ?
— Nous pariions sur le temps que tu mettrais à ouvrir. J'ai dit moins de dix secondes. Lyan n'avait aucune foi en toi.
Lysaelle lança un regard rempli d'éclaire à Mikolaj. Mais ce dernier ne se soucia que peu des foudres qui s'abattaient sur lui. N'ayant pas la force de débattre plus longtemps, Lysaelle ferma la porte derrière elle et prit les devants. Personne ne leur posa de question tandis qu'ils sortaient de l'enceinte du château. Elle avait fait porter un message au roi le prévenant qu'elle ne mangerait pas sur place sans plus de précision.
La ville était plus calme bien qu'il y ait toujours de nombreux paysans dehors. Les pêcheurs préparaient leurs bateaux pour le lendemain, les enfants jouaient dans les rues après une journée d'école. Les étals du matin avaient disparu, il ne fut cependant pas compliqué de retrouver l'emplacement de la pêcheuse. La bicoque devant laquelle elle s'était installée était reconnaissable. D'un bois sombre, presque noir, elle détonnait des habitations colorées et clairs du reste de la ville. Elle était composée d'un étage d'où s'élevait une odeur de poisson. Sur la porte était indiqué Poissonnerie mais la peinture était passée prouvant que l'endroit était fermé depuis longtemps. Après une légère hésitation, ils décidèrent de frapper.
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Ozavir
FantasyLysaelle, reine de Lekathos, dirige avec bienveillance son peuple coupé des autres pays. Les autres dirigeants craignent ces terres inhospitalières où vivrait, dit-on, des mages. Pourtant, le roi Orik, roi d'Arzaski, décide de demander une alliance...