Des cauchemars, truffés d'éclairs. Zhan se redresse brusquement pour la énième fois de sa courte nuit et reste assis, une main sur son front brûlant.
Depuis deux jours, les souvenirs s'éclaircissent et infligent leurs pires tourmentes. Il tente de reprendre sa respiration, dents serrées et sourcils froncés. Le sang s'imprègne dans son esprit, au rythme du tonnerre – les mêmes grondements d'autrefois. Les zébrures lumineuses scindent le ciel, il sursaute à plusieurs reprises. Sur son téléphone, quatre heures trente du matin. Impossible de rester ici, l'épuisement passera en dernier. Il doit fuir l'atmosphère claustrophobique de la chambre. Le salon offre au moins plus d'espace pour respirer.
Dans la grande pièce de vie où trône la cheminée éteinte, les flashs traversent les carreaux des immenses fenêtres et illuminent la maison par saccades. Les toiles de maîtres, frappées par leur lueur brusque, semblent s'animer ; l'épouvante transparaît peu à peu de chaque œuvre. Zhan déglutit. L'orage insuffle à la demeure une atmosphère horrifique. Un frisson remonte le long de son échine. Il se frotte les bras, le souffle court.
— Que fais-tu debout ?
Zhan se retourne en sursaut sur Yibo, assis dans le grand canapé, dans l'ombre. Le rencontrer ici et maintenant, quel soulagement...
— T-tu ne dors pas ?
— Tu occupes ma chambre.
— Oh ! pardon, je...
— Ne t'en fais pas. Ça fait douze ans que je ne dors plus que quelques heures par nuit. J'en passe trois sur le canapé à me reposer près du feu, puis j'étudie au calme le reste du temps.
Yibo abandonne son livre et se lève pour se diriger vers lui. Les longs pans de son kimono noir s'ouvrent sur son torse nu.
— Et toi ?
— L'orage. Et cette maison... Elle est si froide...
— Tu as froid ?
— Non, je veux dire...
— Tu te sens seul.
Le regard fuyant de Zhan se suffit en réponse. Yibo attrape le plaid soyeux du canapé et le drape dans sa fine fourrure.
— Suis-moi, dit-il en l'entraînant vers l'entrée.
Lorsque la porte s'ouvre sur le ciel et sa lumière cauchemardesque, Zhan fait un pas anxieux en arrière.
— Xiao Zhan, fais-moi confiance, juste une fois.
Comme toujours, la puissance réconfortante du Lion D'acier convainc son protégé. Tous deux s'installent ensemble sur la première marche de l'escaliers, face aux zébras terrifiants. Zhan serre les dents et tourne la tête, dans l'angoisse. Quand Yibo ouvre un bras à lui, il ne se fait pas prier pour s'y réfugier et enfouit son nez dans son cou, loin du spectacle terrifiant.
— Maintenant, dis-moi pourquoi tu as peur.
— Je... je n'en ai jamais parlé à personne.
Zhan retire la tête de son épaule et baisse les yeux. L'évènement sur lequel il n'avait encore jamais posé de mot resurgit de force. Son cœur s'alourdit.
— Quand je suis revenu de mon cours de graphisme, il pleuvait et l'orage tonnait. À l'époque, ça ne me dérangeait pas. C'est en rentrant dans le salon que je les ai trouvés...
Les larmes bloquées dans sa gorge fragilisent ses murmures.
— Ma mère et mon père.
Yibo pose son menton sur le haut de son crâne et le berce par sa force sereine.
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Madness and Blood (𝑘𝑜𝑜𝑘𝑣-𝑦𝑖𝑧ℎ𝑎𝑛)
FanficJungkook est un garçon instable et incontrôlable, portant de lourds secrets connus de son grand frère de cœur Xiao Zhan. Après l'enfer, ce dernier protège son petit frère et veille à lui offrir une nouvelle vie à Séoul. Mais derrière ses douces appa...