Chapitre 25 : Le courage et la lâcheté

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Michael




[Vendredi 25 Octobre, 19h35, au studio, Argentina]



Je lâche un soupir une fois que la porte de ma chambre se referme. Bordel, Karol était là, dans cette pièce il y a à peine quelques secondes... ça me paraît tellement irréaliste que je ne suis toujours pas sûr que cela ce soit produit.


Je n'aurais jamais cru la revoir un jour ici, au studio et encore moins dans ma chambre ! Pourtant, la raison qui l'a poussé à débarquer ici n'est clairement pas étonnante.


En sachant que l'une de ses amies n'a pas le moral par "ma faute", selon mon ex, et ne supportant pas de voir une amitié se déchirer, la mexicaine allait forcément s'en mêler. Cependant, ça fait déjà un mois que Malena et moi nous ne nous parlons plus et jusqu'ici Karol n'avait rien remarqué.


Oui je suis au courant qu'elle était assez concentrée sur sa période d'examens, or de là à ne pas comprendre une telle situation... c'est surprenante venant de mon ex copine. Elle qui d'habitude remarque toujours tout quand ça concerne ses amis, même quand il se passait un truc important dans sa vie et que l'un de nous n'allait pas bien elle le voyait. Donc savoir que ses révisions l'ont autant accaparé sur une période aussi longue m'impressionne.


C'est bien là que je me rends compte que Karol a changé durant trois ans et c'est normal, moi-même j'en ai fait autant, sauf qu'avoir manqué son évolution me fait mal et cette douleur est insupportable. Pourquoi je n'arrive pas à le supporter ? Pourquoi ça ne passe toujours pas après tout ce temps ? Et pourquoi j'ai l'impression que ça ne passera jamais ?


Je regarde les partitions éparpillées sur mon lit, j'étais en train de composer avant que Karol ne débarque. Enfin... du moins j'essayais de composer, sans véritable succès puisque je suis toujours bloqué et sans inspiration. Gaston m'a dit que mon blocage venait du fait que je n'avais toujours pas réglé les non-dits qui traînent entre mon ex et moi. Puis là, comme si la mexicaine avait eu écho de cette conversation, voilà qu'elle veut qu'on déballe tout, tout par rapport à ce fameux jour, ce jour maudit, celui  que je hais par dessus tout. 


Ça aussi ça m'a surpris, pfff le mot n'est même pas assez fort pour exprimer ce que j'ai ressenti quand elle m'a lâché ça. C'était comme si une bombe m'avait explosé à la gueule, me laissant moitié mort, incapable de bouger. J'ai ressenti cela, je ne pouvais plus bouger, parler ou respirer, j'étais comme mis sur pause. Quand je me suis repris, j'ai vraiment espéré avoir mal compris sauf que non, Karol était sérieuse.


J'ai bien vu qu'elle n'avait pas plus envie que moi de revenir sur ce sujet nous mettant toujours aussi mal encore des années après, mais ses orbes brillaient d'intensité, une lueur montrant qu'elle était plus que sûre d'elle, convaincue que c'est désormais la seule solution pour tout régler. Dans le fond je ne suis pas débile, je sais bien que c'est en parlant de notre rupture que tous nos problèmes, ou presque tous du moins, se règleront. Toutefois si nous ne voulions pas révoquer cela ce n'est pas pour rien, c'est encore bien douloureux, bien trop d'ailleurs.

Une année décisive [𝐌𝐢𝐜𝐤𝐚𝐫𝐨𝐥] (𝕋𝕠𝕞𝕖 𝟚)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant