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Changbin était présentement devant l'immeuble de Felix. Il avait la boule au ventre. Il attendait, devant la porte sans oser taper le code. Il savait que lorsqu'il serait devant Felix, il n'y aurait plus aucun moyen de faire demi-tour. Il devait lui dire. Il devait lui dire qu'au fond sa chanson n'était pas un mensonge, qu'il l'aimait de tout son cœur. Il l'aimait tellement fort. Il aimait la relation qu'il entretenait avec le beau blond mais il devait se retenir de tout : de l'embrasser autant qu'il le voudrait pour ne pas paraître trop insistant, de le garder dans ses bras pendant des journées de peur de paraître collant ou encore de lui envoyer des messages toute une après-midi, ne voulant pas que Felix le trouve lourd. De plus, il ne devait rien dire lorsque Felix reluquait un autre jeune homme juste sous ses yeux. Le pire de tout ça qu'il ne pouvait pas exprimer ses sentiments, il ne pouvait pas lui dire "je t'aime". Il ne devait briser aucune règle. Aimer en silence.

Alors il était là, habillé comme s'il allait en soirée devant cette porte toujours bien fermée. C'est sa mère qui avait choisi sa tenue. Il portait une légère veste noire par-dessus un simple tee-shirt à manches longues blanc ainsi qu'un pantalon noir. Une fine chaîne dorée décorait son cou. Il avait aussi mis de simples boucles d'oreilles. Toutes les affaires qu'il avait prises de chez ses parents étaient enfermées dans le sac marron sur son dos.

Le noiraud continuait de fixer la porte sans vouloir bouger. Soudain, il sentit une main sur son épaule. Il se retourna après avoir sursauté et vit une dame ayant l'air d'être assez âgée lui sourire gentiment.

- Vous n'avez pas votre pass ?

Changbin secoua la tête de gauche à droite. Il avait le regard perdu. Le reste de son visage était impassible, il ne montrait aucune émotion. C'est sûrement en voyant la peur dans ses yeux que la femme décida de lui ouvrir la porte en lui offrant un sourire réconfortant. Le noiraud essaya de lui rendre son sourire mais il se vit à peine sur son visage.

Il remercia la femme, entra et prit les escaliers pour retarder au maximum le moment où il devrait avouer ses sentiments. À chaque nouvelle marche, l'angoisse prenait un peu plus part de Changbin. La boule qu'il avait dans le ventre grossissait de plus en plus, lui laissant à peine la place de respirer.
Et si Felix ne l'aimait pas ? Que se passerait-il si le blond s'énervait contre lui pour avoir brisé une autre de leurs règles ? Comment ferait-il si Felix ne voulait plus de lui ?
Chaque pas était une épreuve. À chaque étape il doutait.

Le hall. Les escaliers. Le couloir. La porte.

Il était si près du but. Changbin respira profondément. Il n'avait pas peur de Felix, il avait peur que les règles qu'ils avaient instaurées il y a un an détruisent leur relation alors qu'elles avaient justement été créées pour la protéger.
Il ouvrit lentement la porte puis la referma silencieusement derrière lui. Il retira ses chaussures et avança calmement vers la chambre. Il s'arrêta, prit le temps de bien respirer pour essayer de reprendre le dessus sur le doute, l'angoisse. Puis il ouvrit la porte et le soulagement l'envahit violemment, faisant descendre toute la pression accumulée durant le trajet.

Felix dormait encore, profondément. Il avait l'air tellement apaisé. La douceur des traits de son visage calma le plus vieux qui s'assit au bord du lit. Il sourit en le voyant. Il avait l'air si pur, il ressemblait à un ange. Changbin caressa sa joue. Il se trouva ridicule à autant douter, angoisser alors qu'il connaissait le blond par cœur. Il savait que jamais il ne l'abandonnerait. Pas maintenant alors qu'ils venaient de se retrouver.

Le noiraud reprit son sang-froid et partit dans la cuisine préparer le petit déjeuner. Pour l'occasion, il décida de faire des pancakes. Il suivit sérieusement une recette pour ne faire aucune erreur. Finalement, il réussit. Il était même fier de lui, les petites crêpes épaisses étaient d'une belle couleur et étaient toutes lisses. De plus, une délicieuse odeur envahissait tout l'appartement. Changbin chantonnait tout en s'occupant de la poêle. Il sursauta lorsque deux bras entourèrent sa taille. Il n'avait pas entendu son petit chat se lever. Ce dernier posa sa tête contre son omoplate et accrocha sa main droite à son poignet comme pour cadenasser son aîné dans l'étreinte.

𝐏𝐈𝐄𝐂𝐄 |ᴄʟ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant