Prologue.

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Elle avait cette capacité à rire de tout et à être toujours de bonne humeur qui me fascinait. Cette fille était fascinante, au-delà d'être belle et attirante au possible. Son sourire était communicateur, ses lèvres étaient toujours parfaitement surlignées d'un rouge à lèvre, j'avais l'impression que jamais elle ne l'enlevait. Ses yeux, d'un vert luisant orné de jaune autour de l'iris, m'avaient indéniablement attirée dès notre première rencontre. Ses longs cheveux blonds éclaircis aux pointes étaient relevés en une simple queue de cheval impeccable et professionnelle qui permettait de discerner ses énormes créoles en argent. 

« -Emely ! Viens, je vais te présenter le Docteur Martin. » Ce fameux Docteur Martin. 

Phineas Martin, pour être exacte. Le psychologue dont elle m'a tant parlé, et qui, soi-disant fait des miracles. Un beau mâle, certes. Il faisait dans le mètre quatre-vingt-dix, avait des cheveux bruns virant sur le roux à la lumière, très crépus sur le haut du crâne, une barbe assez fournie mais bien entretenue et des petits lunettes rondes, dorées, sur le bout du nez. Il était élégamment habillé comme à l'époque du XIXème siècle, avec une chemise bleu foncé, un veston marine et un pantalon du même style. Il devait avoir une trentaine d'années. Rien de transcendant en soi, rien qui ne pourrait m'émoustiller comme il l'émoustillait. 

Elle s'accrocha à son bras, joyeuse comme à son habitude, et je vis une lueur d'excitation briller dans les yeux de ce docteur. Je chassai ma rancœur et m'avançai en plantant un sourire sur mon visage. 

« -Emely, je te présente le docteur Phineas Martin qui m'a aidé dans certaines décisions de vie et à qui j'arrive à parler de mes problèmes les plus profonds, ce qui a fait de moi la formidable jeune femme que tu vois devant toi. Dit-elle avec humour en faisant un tour sur elle-même, presqu'hilare. Je souris en coin en la regardant faire ses singeries. Et Docteur Martin, je vous présente Emely Edwards. » Je hochai la tête en direction de ce docteur et il fit de même. 

Je savais que je passais au peigne fin sous ses yeux, elle avait dû lui parler de moi et il tentait d'identifier qui j'étais. La seule chose qui m'effrayait, c'était de savoir ce qu'elle lui avait dit sur moi. 

Je remarquai leur complicité à tous les deux, ils étaient très tactiles, parlaient de tout et de rien avec une facilité déconcertante et ils riaient de mêmes blagues que seuls eux connaissaient. Je me sentais de trop. Je décidai d'ailleurs de m'éclipser en prenant une coupe de champagne qui passait par là et traversai la foule de personnes entassées dans cette gigantesque salle luxueuse. 

Je rejoignis les toilettes pour me rendre compte de mon reflet. Je n'étais pas si mal, mon maquillage n'avait pas bougé, je manquais un peu de rouge à lèvre alors je m'en remis un peu, puis je me lavai les mains avant d'y retourner. 

Je croisai plusieurs personnes qui voulaient me poser quelques questions sur mon travail et sur moi-même, pour apprendre à me connaître car mon patron n'avait fait que des éloges sur moi depuis que j'avais commencé à travailler. 

Je relevai les yeux de ma conversation avec deux femmes influentes pour la regarder. Elle était si belle avec sa longue robe noire au grand décolleté, qui ne faisait même pas vulgaire. Elle n'avait rien de vulgaire cette fille. Elle avait lâché son Dr Martin pour s'être rapproché de notre patron et riait aux éclats avec les personnes qui faisaient partie de son cercle. 

« -Vous êtes perdue dans vos pensées, Mlle Edwards ? » Je sursautai avant de me retourner, me retrouvant face à face avec le Dr Martin qui avait un sourire en coin, me regardant avec son impénétrable regard noir. 

« -Elle m'a parlé de vous durant certaines de nos séances. »

Il avait lancé ça en déviant son regard derrière moi, et je savais qu'il la regardait. Je décidai de ne pas me retourner pour ne pas lui donner ce privilège de me voir éprise de cette femme qui hantait mes pensées nuit et jour. Il me regarda de nouveau avec son air espiègle, comme s'il savait déjà tout de moi. Je plissai les yeux.

« -Vous la désirez n'est-ce pas ? » 

Il ne savait pas si bien dire. Je la désirais encore plus qu'avant.

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant