Chapitre 17.2

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La fumée de la cigarette que venait d'allumer Kaya emplit mes narines et je fermai les yeux. Je m'appuyai contre la rambarde face à moi en soupirant. La rousse me présenta une cigarette et je la pris sans hésiter. Je n'étais pas une grande fumeuse mais j'acceptais volontiers une cigarette ou deux en soirée. Et surtout dans l'état de nervosité dans lequel j'étais à ce moment-même.

« -Qu'est-ce qui te tracasse ? Tu frôlais la crise d'angoisse. »

Kaya se posa contre la rambarde, la main tenant sa cigarette levée au niveau de sa bouche et l'autre croisée sur son bras.

« -Je ne savais pas que... qu'Emely avait déjà expérimenté quelque chose avec une femme. Et je ne sais pas pourquoi ça me met dans un état pareil.

-ça c'est simple. Tu l'aimes, ça crève les yeux. Tu crois que je ne t'ai pas vue la bouffer des yeux toute la soirée ? On ne me la fait pas à moi. »

Je dodelinai de la tête et souris en coin. Mais je me ravisai rapidement et perdis mon sourire en jetant un œil à-travers la vitre pour y voir Emely rire avec ses amis, insouciante.

« -Pourquoi je n'arrive pas à lui en parler, Kaya ?

-Tu te considères comment, Leona ? Est-ce que ce n'est pas le fait que tu n'as jamais été attirée par des femmes auparavant ? Et que ça te fait peur ? »

S'il y avait bien une chose dont j'étais sûre, c'était que le doute concernant mon orientation sexuelle était le dernier de mes soucis. Je n'étais pas du genre à mettre des étiquettes sur les gens ou sur moi-même.

« -Non. Ça je m'en fiche.

-Et son orientation sexuelle à elle ? »

Mon problème se posait là. Je ne savais pas comment Emely se considérait et je ne savais pas si je l'intéressais.

« -Je ne sais pas si elle est hétéro ou autre et oui, mon problème se pose là. Je ne sais pas si je lui plais et je n'ose pas l'aborder au risque de m'afficher. Et je n'ai pas envie de la perdre... j'ai peur qu'elle s'éloigne de moi. »

Je tirai une latte et laissai retomber ma tête en arrière, observant les étoiles scintiller dans la nuit.

« -C'est toujours compliqué de savoir si une fille sera intéressée par toi ou pas. J'ai le même problème. »

Je ricanai sans vraiment trouver ça drôle, par compassion. Elle grimaça mais rit jaune à son tour.

« -C'est quoi l'histoire avec Cara ? Vous avez l'air d'avoir envie de vous sauter à la gorge à tout moment. »

Elle pouffa de rire et faillit s'étouffer avec sa propre salive.

« -On a couché ensemble pendant un moment et je me suis attachée à elle. C'est mon plus gros problème avec les bisexuelles... elles ne savent jamais ce qu'elles veulent. Enfin du moins, toutes celles que j'ai rencontrées ont fini par me piétiner le cœur parce qu'elles préféraient finalement les mecs et qu'elles s'étaient bien amusées avec moi. Je lâchai un « oh » choqué et ne pus m'empêcher de poser ma main sur son bras. Seul geste de soutien qui me vint. C'était il y a trois ans, et elle n'était pas celle qu'elle est maintenant. Elle affirmait haut et fort qu'elle défendait les femmes mais elle les considérait comme des merdes. Autant ses amies que ses conquêtes, parce que je ne suis pas la seule avec qui elle a couché. Mais elle me faisait croire qu'elle était amoureuse de moi et qu'elle voulait tout vivre avec moi. Pendant quatre mois. Et je l'ai crue comme une andouille. Mais elle a fini par venir me voir un matin, après une dernière nuit de folie, en me disant qu'elle avait réussi à me trouver un job dans un salon de tatouage. Et qu'elle me souhaitait bonne continuation. »

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant