Chapitre 14.

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Huit coups de téléphone et trois cafés plus tard, j'avais croisé Leona et Maggy qui prenaient leur poste. J'avais rapidement discuté avec Leona sur le vernissage de ce soir et elle m'avait davantage soutenue dans l'idée en me reboostant, me promettant une soirée amusante et en ajoutant qu'elle en aurait autant besoin que moi. Elle ne m'avait plus reparlé de son ex depuis le jour de leur rupture mais j'imaginais que cette situation restait compliquée pour elle, qu'elle évitait d'en parler pour ne pas souffrir mais que lui changer les idées ne lui faisait que du bien.

Je me dirigeai en direction du bureau de Cameron pour lui parler des détails finaux de l'exposition, j'arrivais enfin au bout de ce calvaire d'organisation mais il me restait des papiers à faire signer par le patron.

Etonnamment, sa porte de bureau était fermée. A l'habituelle, il laissait toujours sa porte ouverte pour qu'on puisse le solliciter facilement sans toquer au préalable. Je fronçai les sourcils. En m'approchant de plus près, je me rendis compte qu'elle n'était pas hermétiquement fermée, puisque le loquait n'était pas enclenché. Je la poussai légèrement mais regrettai aussi vite cette action. La vision qui s'offrit à moi me surpris à un tel point que je restai stupéfaite, dans l'incapacité de bouger. Mes yeux s'exorbitèrent et ma bouche s'entrouvrit. Bordel, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Cameron était assis derrière son bureau, les jambes largement écartées, la tête renversée en arrière et les paupières fermées. Et devant lui, à quatre pattes sous son bureau, la tête entre ses jambes et s'activant frénétiquement à avoir le job visiblement, se trouvait la fameuse future secrétaire. Les mains de Cameron étaient agrippées aux cheveux de la demoiselle et lui imposait un rythme qu'elle pulsait plutôt bien -une connaisseuse ?

Mon corps entier était révulsé par ces images que j'aurais aimé ne jamais voir, mais je n'arrivais pourtant pas à bouger. Mon patron était non seulement un véritable pervers, mais il usait de son statut de patron et propriétaire de galerie pour se permettre d'imposer ce genre de chose lors d'entretiens ? Je n'étais pas d'accord avec ça. Cette idée arriérée de rabaissement des femmes ne pouvait pas perdurer, je ne pouvais pas laisser cette enflure s'en sortir comme ça. Soudain, je le vis se tendre en se crispant, il appuya plus fort sur la tête de la fille en se retenant de pousser un long gémissement rauque vu la force avec laquelle il mordait sa lèvre inférieure. C'est à ce moment-là que je repris le contrôle de moi-même et que je déguerpis en vitesse sans faire le moindre bruit -heureusement que j'avais opté pour les baskets ce matin.

Ma seule envie actuelle était de me laver les yeux de ces images que je venais de voir. Mais je me contentai d'aller m'enfermer dans les toilettes en claquant le battant derrière moi. Je soufflai tout l'air que j'avais retenu durant la scène en fermant les yeux. Bon sang, si j'avais seulement imaginé tomber sur un truc comme ça en bossant ici...

J'allais en parler avec Leona le soir-même, peut-être qu'elle avait déjà assisté à une chose pareille au cours de son année de contrat... et peut-être que l'explication facile que j'avais trouvée n'était pas ce que j'avais imaginé. Même si je ne voyais aucune autre explication en réalité...

En sortant des toilettes quelques secondes plus tard, je vis la jeune demoiselle sortir du bureau de Cameron. Je fis comme si je n'avais rien vu et continuai mon chemin pour rejoindre mon bureau non sans laisser traîner mes oreilles.

« -Revenez demain Amélie. »

La jeune fille se contenta d'hocher la tête et d'éviter soigneusement mon regard avant de déguerpir. Je dodelinai de la tête et me retournai sans oser un regard pour mon patron qui me dégoûtait plus qu'autre chose.

| 18h |

La fin de la journée arriva enfin, sonnée par les talons de Leona qui claquèrent dans mon bureau. Je relevai mes yeux pour la contempler, avec son merveilleux sourire carmin et son indémodable chevelure attachée en une longue queue de cheval qui se terminait au centre de ses omoplates. Elle me gratifia d'un lumineux sourire qui me réchauffa le cœur. Je me relevai, éteignis la lumière de mon bureau et enfilai ma veste.

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant