Chapitre 7.

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La fin de la journée arriva enfin, je m'étirai comme un chat avant de prendre le dossier que je venais d'imprimer pour le poser sur le bureau de Luis. Cette foutue sculpteuse indienne m'avait donné du fil à retordre mais j'avais enfin terminé son dossier, et tout devait être bouclé pour sa venue avant la fin de la semaine si Luis s'y mettait rapidement. J'avais déjà bouclé la venue de cinq artistes au total, venant des quatre coins du Monde. En plus de cette indienne, il y avait une artiste hollandaise adepte de l'utilisation de miroirs pour former des œuvres lumineuses et abstraites, un artiste américain qui s'inspirait de l'art urbain, un artiste allemand dont les toiles saturées évoquaient les destructions historiques, principalement celles de la Seconde Guerre mondiale, et un artiste italien adepte de l'abstrait et de la figuration. Il me manquait Alainjuno, et une autre artiste écossaise adepte du réalisme. Elle empruntait son art à celui de l'époque.

Mes talons claquèrent sur le carrelage qui me séparait du bureau de Luis, mais j'avais le sourire aux lèvres. J'adorais ce que je faisais, et même si je devais m'arracher les cheveux, je réussissais et j'en étais vraiment fière. J'avais hâte de voir à quoi allait ressembler ma première exposition, et d'écouter les retours qui allaient suivre.

« -Bonne soirée, Emely ! »

Je sursautai en me retournant vers cette voix familière. Je souris à Cameron et lui rendit son souhait. Tout était si bien dans ma vie actuellement que je me demandais si je n'étais pas en train de rêver, qui pouvait se plaindre d'une galerie comme celle-ci ? Mon patron était un amour qui prenait soin de tous ses employés, et tous mes collègues étaient sympas. A l'exception de Melvin, qui était un vrai con mais qui faisait bien son travail.

Je traversai le couloir et me retrouvai dans le hall. Leona était assise sur un tabouret, le visage plongé dans son téléphone. Elle semblait lire une conversation, et je connaissais suffisamment la situation dans laquelle elle était pour savoir qu'elle devait sûrement lire en boucle le message de Troy. Je soupirai une énième fois avant de m'approcher d'elle. Les claquements de mes talons la firent lever le visage vers moi, et elle me sortit un sourire un peu contrit et plus triste que cet après-midi.

« -Range-moi ce téléphone tout de suite. Changement de programme, je t'emmène danser ce soir. »

Elle sourit un peu plus sincèrement et je lui tendis ma main qu'elle prit sans rechigner.

« -Mais je n'ai rien à me mettre...

-Oh, on va arranger ça. On passe par chez toi juste avant d'y aller, on se refait une beauté et en avant ! »

Elle ricana et me suivit. J'avais bien l'intention de lui faire retrouver son moral, et son sourire. Elle était si enjouée à l'habituelle, et si belle, et adorable, que je m'en voudrais de ne rien faire pour arranger ça.

Leona gara sa voiture devant une immense allée gravillonnée qui débouchait sur une gigantesque maison en briques rouges. Je lâchai un sifflement admiratif en me tournant vers elle, les yeux écarquillés. Elle rit de ma face.

« -C'est une maison avec plusieurs appartements. J'habite dans celui du bas. »

Je comprenais mieux.

« -Allez, je vais te faire visiter mon humble demeure. Ne te fais pas avoir par la taille de cette maison, les appartements sont petits. »

Je n'en étais pas si sûre vu la superficie qui m'attendait mais je décidai d'acquiescer pour lui faire plaisir.

La serrure était très ancienne, et la porte émit un grincement sinistre qui me fit sursauter. Elle s'amusa de ma réaction.

« -C'est l'inconvénient de cet endroit, ma porte d'entrée est juste à côté donc j'entends les allées et venues de mes voisins. »

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant