Chapitre 29.

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« -Mange un peu s'il te plaît. »

Je soupirai une énième fois à m'en fendre l'âme, ne répondis rien et repoussai l'assiette de pâtes que ma sœur s'évertuait à me mettre sous le nez. Je n'avais pas envie de manger, j'avais juste envie qu'on me laisse tranquille. De rester un peu seule -mais la présence de ma sœur était la seule que je pouvais supporter.

« -Emely... »

Elle rejeta la tête en arrière en levant les yeux au ciel.

Ma sœur était chez moi depuis trois jours, et depuis tout ce temps elle tentait en vain de me faire manger, de me changer les idées, de me faire sortir de mon appartement.

« -Irina, je te suis très reconnaissante d'avoir accouru quand je t'ai appelée en panique. Mais... ne me force pas à manger s'il te plaît. »

Elle se mordit la lèvre inférieure et reprit son assiette qu'elle posa sur la table à manger plus loin. Puis elle vint s'asseoir en face de moi, affaissant le canapé.

« -Je suis désolée si tu te sens forcée, je sais que c'est compliqué pour toi. Mais je m'inquiète, depuis trois jours tu restes dans ton lit, tu te lèves quand je viens te traîner de force et tu ne manges rien. Je ne sais pas quoi faire pour que tu ailles mieux. »

Je n'eus même pas la force de lui répondre, les yeux dans le vague.

Depuis que j'étais rentrée chez moi, j'avais l'impression que tout ce qui m'arrivait était surréaliste. Je ne pouvais pas y croire, je refusais d'y croire. Mais en même temps... je n'avais pas le choix. La sincérité de Leona dans son regard lorsqu'elle m'a balancé sa bombe... me faisais encore mal au cœur.

« -Tu sais Emely, si cette fille te met dans un état pareil c'est peut-être qu'elle n'est pas faite pour toi. Vous vous êtes séparées ? »

J'avais malheureusement dû expliquer à ma sœur ce qui me mettait dans un état pareil lorsqu'elle est arrivée chez moi. Lui expliquer que mon partenaire était en fait une partenaire. Elle a paru surprise mais n'a pas réagi plus que ça, elle m'a seulement demandé ce qu'il s'était passé entre nous. Et je me suis lancée dans un borborygme d'explications incompréhensibles, qui m'a valu un énorme câlin de sa part, elle m'a ensuite mise au lit et a dormi avec moi.

« -Je ne sais pas où on en est. J'ai besoin de temps pour digérer ce qu'elle vient de m'apprendre. »

Je lui racontai tout en détail, à peu près remise de mes émotions. Mais en formulant à haute voix ce qui me faisait de la peine, les larmes se remirent à couler et je me mis à trembler. Elle se rapprocha de moi pour me frotter le dos, appuya sa tête contre la mienne et continua de m'écouter sans me presser.

A la fin de mon récit, elle resta quelques minutes sans rien dire, en pleine réflexion. Moi, je tentais de sécher mes larmes mais elles continuaient de couler, comme un torrent.

« -Je ne saurais même pas quoi te conseiller... je n'ai pas beaucoup d'expérience amoureuse comparé à toi. »

Je ne pus m'empêcher de pouffer de rire. Il était vrai que ma sœur n'avait -heureusement, pas essuyé autant de défaites amoureuses que moi, mais elle n'était sortie qu'avec un seul mec dans toute sa vie. Et c'est elle qui a pris la décision de rompre.

« -Elle a essayé de t'appeler ?

-Je n'en sais rien, je l'ai bloquée. »

Je me penchai en avant pour récupérer mon téléphone sur la table mais elle l'intercepta avant que je ne déverrouille l'écran. Sans aucune motivation pour le récupérer, je retombai mollement contre le dossier.

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant