(dés)Ordonnée

Chapitre 24.

« -Tu m'attends depuis longtemps ? »

Elle haussa les épaules et se décala pour me laisser passer.

« -Environ dix minutes.

-Tu veux entrer ? »

Elle se contenta d'acquiescer et me suivit dans le couloir de mon immeuble. Une fois à l'intérieur, un sentiment de malaise nous prit toutes les deux, parce que j'ignorais pourquoi elle s'était déplacée et elle se sentait sûrement mal d'être dans mon territoire.

« -Alors, hum... tu es venue pour quoi ?

-Pour te parler. Je... j'ai mal réagit quand j'ai su que tu partais ce week-end à Vérone avec Cameron, mais c'était une réaction disproportionnée. Je n'ai pas à t'en vouloir de faire ton boulot, je sais très bien ce que c'est que de travailler dans le milieu de l'art. Je suis guide, alors je ne voyage pas, mais ta place te le permet et c'est normal. Et puis ce n'est qu'un pauvre week-end de rien du tout. »

Cela ressemblait à des excuses. Alors je lui souris et la prit dans mes bras. Je ne voulais pas que ce début de relation commence par des engueulades, ça ne m'apporterait rien de bon.

« -Heureuse de voir que tu ne m'en veux plus. Tu restes ici ?

-Avec plaisir ! »

Je m'enfuis dans la cuisine pour chercher de quoi boire et revint dans le salon où elle s'était installée.

« -J'ai des idées pour l'exposition, tu vas me dire ce que tu en penses.

-Bien sûr ! »

Je m'assis à côté d'elle, dégainai mon carnet et commençai à lui expliquer ce à quoi j'avais pensé. Les détails y passaient, et j'arrivais à remplir des tonnes de pages sur ce qui était le mieux, le moins bon, ce que je pourrais remplacer par une touche d'originalité. Cameron m'avait aidé en me donnant une liste de participants qui seraient idéaux pour le gala alors je n'avais pas à y penser. Je les avais contactés et j'attendais leur réponse. Pour le reste, Leona semblait émerveillée de certaines de mes idées tandis qu'elle me proposait des alternatives pour des idées trop osées que j'avais eues.

Les heures défilaient et nous n'avions pas bougé de mon canapé, à débattre sur des idées et elle me raconta certaines anecdotes qui me firent mourir de rire sur des galas auxquels elle avait déjà participé.

« -Enfin bref, tu verras un tout nouveau Cameron lors de cette soirée, tu verras. T'as déjà vu le Cameron charmeur, le Cameron baiseur, le Cameron gentil, mais t'as pas encore vu le Cameron négociateur. Il a une capacité à vendre incroyable. »

Je haussai les sourcils. S'il me permettait de vendre les œuvres des artistes qui allaient exposer, je me ferais un nom dans le milieu et ça me permettrait de gravir les échelons.

Je jetai un œil à mon horloge.

« -Oh, il est déjà 20h30 ! Je n'ai pas vu le temps passer ! On a bien bossé, t'as faim ?

-Oui, un peu. »

Son ventre acquiesça en gargouillant comme un fou. J'éclatai de rire et elle se mit à rougir. Je posai mon carnet sur mon bureau et partit chercher quelque chose à faire dans la cuisine. Fort heureusement pour moi, Alyssa était venue me déposer des courses en début de semaine et il me restait des pâtes fourrées aux épinards et à la ricotta. Je sortis une casserole que je remplis d'eau et augmentai le feu.

Je m'étirai et entendit mon téléphone vibrer longuement sur ma table. Je m'approchai, curieuse, et y vit le nom d'Aaron sur l'écran. Je me mordis la lèvre inférieure en jetant un œil à Leona qui s'approcha. Elle échangea un regard perdu avec moi.