Chapitre 26.

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| Pdv Emely. |

La tête littéralement dans les nuages, à des milliers de kilomètres au-dessus du sol, je repensais à la dernière soirée que j'avais passée avec Leona. Le sourire me revint immédiatement aux lèvres. J'avais eu du mal à la quitter le matin même en me réveillant à ses côtés -et elle avait d'ailleurs insisté pour que je rate mon vol. Mais d'un côté, le fait de se séparer quelques temps allait nous permettre de mieux nous retrouver.

« -Tu veux boire quelque chose ? »

Je sursautai en me tournant face à Cameron qui venait de s'asseoir à côté de moi.

« -Oh, non merci. »

Il haussa les épaules et tendit son verre de whisky dans ma direction pour me souhaiter « santé » avant de prendre une gorgée.

« -Tu stress un peu pour la rencontre ? »

Je soupirai et reportai mon regard à l'extérieur avant de répondre.

« -Non, je le sens bien. Je sais comment ça va se passe -enfin, j'imagine. Et j'ai vraiment l'impression que mon travail se concrétise, alors j'ai hâte. »

Je ne vis pas sa réaction mais j'imaginais son sourire en coin. Cameron faisait partie des gens qui aimaient les gens déterminés et ambitieux. Il ne passait pas par quatre chemin quand il avait quelque chose à dire et j'aimais ce genre de personne, qui plus est dans le milieu professionnel. Mais depuis quelques temps, je le sentais se rapprocher implicitement de moi et je n'aimais pas trop ça. Il me faisait des courbettes et s'arrangeait pour être dans mes basques à longueur de temps. Non pas que sa compagnie me dérange, mais je trouvais cela spontané et novateur. Il n'avait jamais fait ça auparavant.

« -Sinon, je peux te poser une question qui sort du cadre professionnel ? »

Et voilà, nous y étions. J'aurais dû parier une fortune qu'il allait me poser ce genre de question pendant ce séjour. Peut-être pas aussi tôt, dans l'avion, à 4h d'arrivée, mais plus tard.

Pour seule réponse, je bifurquai ma tête dans sa direction et le regardai, en attente de la suite. Je ne savais pas encore ce que j'allais lui répondre. Mais certainement pas la vérité.

« -T'as quelqu'un qui t'attend en ce moment ? Chez toi, je veux dire. »

Je ne pus m'empêcher de pouffer de rire. Il m'avait habituée à être plus cash. Je souris en coin, portai mon regard au loin, et dodelinai de la tête en baissant les yeux sur mes cuisses.

Je ne pouvais pas lui dire la vérité. Lui dire que je sortais avec ma collègue ? Motif de rétrograde, personne ne devait savoir que je sortais avec Leona, pas les gens du boulot dans tous les cas. Mais en même temps, je n'avais pas envie de mentir en disant que je n'avais personne, parce que je considérais cela comme trahir -en quelques sortes, ma relation avec Leona. Une relation qui je l'espérais allait être solide pendant un moment. J'avais besoin de repos, de calme, et de bienveillance. Pour une fois, au moins.

« -Eh bien. J'humectai mes lèvres. Pas vraiment. Mais je ne suis pas disponible pour autant. »

Suffisamment vague pour ne pas qu'il sache de qui il s'agissait, et suffisamment précis pour qu'il ne s'attarde pas sur des détails.

Son sourcil s'arqua au-dessus de son œil droit et il sembla me porter un intérêt double. Plus important que l'intérêt qu'il portait auparavant à son verre de whisky qu'il posa sur l'accoudoir entre nous.

« -Eh bien, on en apprend tous les jours. Je souris de malaise. Et je connais cette personne ? »

Mon dieu, le forceur. Je n'avais jamais été aussi mal. Il s'agissait de mon patron, bon sang.

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant