Chapitre 16.

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Après une bonne douche chaude sous laquelle je restai un temps non nécessaire, je me frottai les cheveux pour les égoutter. La buée avait gagné le miroir de ma salle de bain, alors je passai un coup de main dessus pour pouvoir me voir. Enlever tous ces artifices de maquillage me faisait le plus grand bien, et j'avais besoin de détendre mes muscles. Mon miroir me reflétait enfin, moi-même. La Emely heureuse, qui s'aimait et qui était de nouveau ouverte aux autres. Pas celle qui était terne, triste, le visage fermé et dépendante d'un homme toxique qui la faisait pleurer. Je soupirai de bien-être. J'avais l'impression de reprendre le contrôle de ma vie, enfin.

Toc toc toc.

Un cri d'effroi accompagna mon sursaut. Je n'étais pas habituée à ce qu'il y ait du monde chez moi. A part ma sœur l'autre fois, personne n'avait remis les pieds dans mon appartement.

« -Excuse-moi de te déranger, j'ai vraiment faim et je ne sais pas ce que je pourrais faire... »

La petite voix fluette de mon invitée me fit sourire en coin. Je me hâtai d'enfiler une serviette que je coinçai au niveau de mes seins et ouvrit la porte pour tomber nez-à-nez avec Leona. Elle recula d'un pas lorsque j'ouvris la porte et je vis son regard se baisser instantanément sur ma poitrine moulée. Elle se mordit imperceptiblement les lèvres mais je me raclai la gorge, cette scène venait de mettre feu à mon entrejambe. Mes joues étaient en train de brûler.

« -Je... je vais faire des pâtes, ça te va ?

-P-parfait. »

J'évitai soigneusement son regard et partit en direction de ma cuisinière pour remplir une casserole d'eau et la faire chauffer sous le regard insistant de Leona. En me retournant, je m'aperçus qu'elle s'était assise sur un tabouret de ma table de cuisine et qu'elle avait croisé ses doigts, qu'elle me fixait sans vraiment me voir, perdue dans ses pensées.

« -A quoi est-ce que tu penses ? »

Elle sursauta en entendant ma voix et planta son regard dans le mien ses pupilles étaient brillantes, dilatées, comme si elle pensait à quelque chose de triste et qu'elle était sur le point de pleurer. Je lui souris, comme pour la rassurer sur le fait qu'il n'y avait rien de grave.

« -Je... en réalité, je pensais à mes parents... »

Outch. Sujet sensible.

Je pris place en face d'elle et l'encourageai à continuer en la regardant de la manière la plus douce et supportive que je puisse.

« -J'appréhendes tellement ce repas, Em'... je n'ai pas envie de me confronter à eux. Pas alors que je ne leur ai même pas dit que c'était terminé avec Troy. Et que la raison de notre rupture est leur petite protégée, puisque je sais très bien qu'ils ne me croiront pas et me reprocheront de toujours tout mettre sur le dos de leur petite chérie. »

A la fin de cette tirade elle lâcha un long soupir en quittant mon regard pour le river sur un vase vide devant elle. La douleur qui émanait d'elle me fracassait et j'ignorais ce que je pouvais faire pour la rendre mieux, pour la rassurer, parce que je savais qu'il n'y avait rien pour ça.

« -Et Joy et Catalina ? Elles savent ? »

Elle hésita un moment avant de me répondre.

« -Non... je ne leur ai pas dit à elles non plus. Je n'ai pas envie de les bassiner avec mes histoires.

-Mais tu m'as dit que tu t'entendais bien avec elles ! Elles pourront sûrement te soutenir ! »

Un sourire cynique apparut sur ses lèvres et cette fois, de la rancœur apparut dans le fond de ses yeux.

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant