Chapitre 4.

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Deux semaines se sont passées depuis mon premier jour, et je croulais sous le travail. J'ai pris mes marques, je réussis à tenir le rythme mais c'est du travail réellement éreintant. Je cours partout tous les jours, je passe d'un bureau à un autre pour récupérer des informations, je suis sans cesse en train de faire des comparatifs, de regrouper certaines catégories d'œuvres, de demander des autorisations en tout genre... et la seule partie intéressante de mon travail arrive maintenant car je dois préparer une exposition pour le mois prochain. Je n'ai pas beaucoup croisé Leona pendant ce temps, elle aussi court dans tous les sens. Et mon patron, Cameron, veut m'emmener à la Now Contemporary Art de Miami, afin que je m'imprègne de l'endroit pour avoir des idées pour l'exposition à venir.

Je me laissai tomber sur mon fauteuil en soupirant, las. J'avais juste une envie, c'était de me démaquiller, me mettre en pyjama, et dormir. Mais je ne le pouvais pas parce que j'avais promis à ma sœur de l'accompagner à son entraînement de hockey sur glace, parce qu'elle ne me voyait plus. Après une journée fatigante, je n'avais pas envie de me retrouver dans un endroit bruyant avec des cris de tous les côtés et un écho plus fort qu'une salle de football en plein mondial, mais je l'avais promis à ma sœur, et ça comptait beaucoup pour elle. Je devais la récupérer à sa station de métro dans moins d'une heure alors je me hâtai de changer de tenue pour opter pour un jogging, un gros pull oversize et j'attachai mes cheveux en un chignon flou. J'en profitai également pour me démaquiller, ma sœur avait l'habitude de me voir au naturel, pas besoin d'en faire des tonnes pour me sentir à l'aise avec elle.

Je claquai la porte de mon appartement peu de temps après, mode capuche activé, pour rejoindre la rame de métro se situant en face du lycée de ma sœur.

Irina était tout ce que j'étais à son âge. Une fille sûre d'elle, entourée d'une belle bande d'amis soudés, qui partait en soirées le samedi soir et rentrait tard le dimanche matin, qui fêtait des anniversaires, prenait ses premières cuites et touchait à ses premières cigarettes. Nos rapports avaient été compliqués lorsque j'étais moi-même au lycée, on ne s'entendait pas et j'avais un caractère assez merdique. Mais plus les années ont passé, plus on passait de temps ensemble et mieux on s'entendait. Je ferais tout pour ma sœur à l'heure actuelle, elle m'a soutenue pendant longtemps lorsque j'étais mal avec Rey.

Elle m'attendait à l'arrêt du métro, emmitouflée dans une grosse doudoune bleu pastel avec un bonnet à pompon sur le sommet du crâne, les mains dans les poches et ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Elle m'aperçut au loin et me fit un grand sourire avant de s'avancer dans ma direction.

« -J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on ne s'est pas vues ! S'exclama-t-elle en me tombant dans les bras.

-Oui, ça fait longtemps ! T'as encore grandi ou c'est moi ?

-Je n'ai pas bougé d'un centimètre mais visiblement, ta vue a baissé. »

Je lui frappai gentiment l'épaule en riant et elle me tira la langue.

« -C'est quoi cette dégaine frangine ? La mode est en vacances dans ta galerie ou quoi ? »

Je l'injuriai en la poussant devant moi et elle éclata d'un rire communicatif. Quelle peste celle-là.

« -Alors, quoi de neuf ? Lui demandais-je. Ça se passe bien les cours ?

-Bof, j'ai pas mal d'heures à récupérer, je n'arrive pas à me concentrer en ce moment. »

Je claquai ma langue contre mon palais et fronçai les sourcils en la fixant. Elle leva les yeux au ciel.

« -Pas de sermon, les parents m'en font déjà bien assez comme ça.

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant