Chapitre 10.

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|7h.|

On arriva seulement chez Leona grâce à un taxi payé par Aaron. Elle était tellement pleine qu'elle peinait à marcher alors je la soutenais d'un bras autour de sa taille. Elle riait pour tout et n'importe quoi et disait des trucs incompréhensibles.

« -Tu dors avec moi ce soir ? Je n'ai pas envie d'être seule. » Avait-elle marmonné entre deux hoquets.

J'avais seulement acquiescé en ouvrant sa porte d'entrée en même temps que je la tenais pour ne pas qu'elle tombe. Elle manqua une marche et se vautra à plat ventre sur le sol et j'éclatai de rire. Elle aussi se mit à rire en se relevant difficilement à cause de ses talons. Je me penchai pour l'aider à se relever mais elle me fit tomber à mon tour et je m'étalai sur son dos en riant.

« -J'ai mal au ventre. » Dit-elle en continuant de rire comme une forcenée.

Je roulai sur le côté pour ne plus l'écraser et me tint les côtes. Elle se tourna à son tour pour être sur le dos. J'étais sûre que la situation vue d'extérieure devait être hilarante, puisqu'on avait l'air de deux pintades éméchées -et l'une bourrée, qui riaient à s'en fendre les côtes.

« -J'espère que t'as passé une bonne soirée. » Je lui chuchotai en me tournant vers elle.

Elle se calma petit à petit en gardant un sourire sur ses lèvres. Son regard était toujours fixé au plafond, mais elle avait l'air sereine et apaisée.

« -Oui, merci beaucoup. »

Je ne répondis rien mais me contentai de fixer le plafond à mon tour, apaisée. Elle se racla la gorge.

« -Tu sais, Emely... c'est peut-être parce que je suis bourrée que je vais te révéler ça mais... »

Mon cœur rata un battement, qu'est-ce qu'elle s'apprêtait à me dire ? Qu'elle s'était remise en couple cette nuit ? Qu'elle et Warren avaient une histoire ? Qu'elle était tombée amoureuse de Kaya ? Ou alors... je n'en avais aucune idée. Mais j'avais vraiment peur de le savoir.

« -Je crois que... »

Ces pauses me tuait. Je tournai vivement mon visage dans sa direction.

« -Tu crois que quoi ? »

Elle referma la bouche sans rien ajouter davantage. Je me redressai sur un coude pour la surplomber. Je voulais savoir ce qu'elle avait à me dire, et vu la lueur dans son regard, j'en avais des fourmis dans le ventre et des étoiles dans la cervelle. Cette fille ne me rendait pas normale, j'avais l'impression de voyager rien que d'être à ses côtés. Elle était si vive, si jolie, si festive... elle me rendait heureuse par son simple sourire et le simple son de son rire. Elle planta un regard déterminé dans le mien, sans rien dire et pourtant j'avais l'impression qu'elle me disait tant de choses...

Je ne sais pas ce qui m'arrive.

Tu me plaît.

J'ai peur.

Exactement ce que je ressentais également envers elle. Mais jamais ne n'aurais le courage de le lui dire, j'avais trop peur de son rejet. J'ignorais toujours si je me faisais des films. Après tout, ce n'était pas la première amie que je me faisais, mais je n'avais jamais ressenti autre chose que de l'amitié pur et dur pour Melinda, Jenny et Alyssa. Elles étaient mes confidentes, mes conseillères, et j'étais là pour elle. Mais je n'avais jamais ressenti... ça, pour elle.

Elle se redressa d'un seul coup, alors je reculai mon visage. Elle s'était positionnée comme moi, son coude touchant le mien, et nos regards toujours imbriqués l'un dans l'autre. Son regard passait de mes yeux à mes lèvres, et je sentis mes joues rougir. Elle se pencha davantage vers moi et posa ses lèvres sur les miennes. J'eus l'impression que mon cœur explosait en mille morceaux d'étoiles et que je flottais au-dessus du sol, que j'étais ailleurs, seule avec elle. Elle ferma les yeux et sa pression se fit d'autant plus forte. Je répondis à son baiser et entrouvrit mes lèvres pour y passer ma langue mais elle fut plus rapide que moi puisque sa langue rejoignit la mienne pour se lancer dans une danse effrénée. Je fermai les yeux à mon tour pour m'imprégner de ce baiser qui me paraissait surréaliste. Finalement, je savais qu'elle avait des vues sur moi, j'en étais maintenant persuadée. Mais ce que je redoutais, c'était qu'elle était complètement bourrée et qu'elle ne contrôlait pas ce qu'elle faisait. Après tout, elle était triste, bourrée, et j'étais là pour elle. Les choses se mélangent facilement. Pour cette raison, je mis fin à ce baiser en me reculant doucement. Elle rouvrit presqu'aussitôt ses yeux pour me questionner du regard, et sembla réaliser ce qu'elle venait de faire.

(dés)OrdonnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant