Dans la peau d'Oikawa - IwaOi

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Un matin comme un autre, Oikawa Tooru, 18 ans, s'observe dans le miroir. Il passe ses doigts dans ses cheveux, toujours aussi doux au toucher, suffisamment épais pour jouer avec le volume, un peu galère à coiffer parfois, mais il en est fier. Il observe ses grands yeux noisette, la forme de son visage, son physique en général. Il peut sembler narcissique, mais il doit avouer qu'il aime bien son allure.

Enfin, presque. Il y a toujours un petit détail, ce petit quelque chose qui nous énerve. Et ce petit quelque chose est insupportable pour Oikawa. Parce qu'il s'aimerait bien plus s'il n'y avait pas ces rougeurs. Ces desquamations qu'il déteste chaque jour un peu plus. Cet eczéma qui lui pourrit la vie. Il grimace en les voyant, avant de sortir ses crèmes en tout genre pour prendre soin de sa peau, avant de se préparer à partir au lycée.

D'aussi loin qu'il se souvienne, Oikawa a toujours eu cette maladie de peau. Son dermatologue, le même depuis sa plus tendre enfance, lui avait promis que ça disparaîtrait avec la puberté, comme dans la majorité des cas. Mais preuve en est qu'il lui a menti, et le médecin a été obligé d'avouer qu'il s'était trompé quelques jours après les 16 ans du jeune homme. Mais il refusait de se plaindre : il arrivait à cacher le plus gros de ses plaques, et depuis son diagnostic, presque personne n'avait fait attention à ça. Mais ces derniers jours, c'est plus compliqué. La défaite face à Karasuno l'a touché, encore plus que ce qu'il n'ose le montrer. Tout le monde avait connaissance de la déception de l'ex-capitaine, et l'impact sur son moral. Et tout le monde le comprenait.

Mais personne ne connaissait l'impact sur son physique.

Cette douleur sourde, que personne ne peut comprendre, à part les concernés.

Cette maladie dénigrée de tous, parce que, de tout façon, tout le monde en a.

Cette démangeaison qui peut empêcher de dormir, de se concentrer, d'oublier.

Cette souffrance qu'il veut dissimuler à tout le monde, même si ça l'isole des autres.

Et même le cacher à Iwaizumi Hajime. Alors qu'ils sont en couple depuis quelques mois maintenant.

A chaque fois qu'il avait une plaque un peu trop importante, il la dissimulait comme il pouvait : manches longues en coton, protections au volley, et il donnait l'excuse de la famille pour ne pas voir son copain, ou du "t'as une drôle de tête quand on fait l'amour, Iwa-chan" pour éteindre la lumière dans l'intimité. Il refusait de l'assumer. Un jeune homme si beau, charmeur, si fier en apparence, qui fait tout pour donner l'impression d'avoir confiance en lui, n'a pas le droit d'avoir cette horreur sur le corps.

Et pourtant, après ce nouveau choc psychologique, les plaques d'Oikawa sont bien plus importantes. Le creux de ses avant-bras, l'arrière de ses genoux, son cuir chevelu, ses aisselles et le dessus de ses mains sont rouges. Il pourrait semer son ADN un peu partout tellement ces parties de son corps pèlent. Et ça le dégoûte.

Alors Oikawa, ce matin, avant d'aller au lycée, vérifie bien que tout soit caché. Par chance, c'est l'automne, et cette saison est toujours très fraîche dans la préfecture de Miyagi. Et le lycéen a toujours fait semblant d'être frileux, toujours à cause de cette maladie. Il met des gants fins en coton qui l'aide à limiter les dégâts quand il se gratte, sa chemise et sa veste de costume, et une écharpe pour dissimuler son cou. Il vérifie une dernière fois dans le miroir de sa chambre : il n'en a pas encore sur les paupières, mais elles semblent un peu plus rouges. S'il ne fait pas attention, elles seront recouvertes de squames ce soir. Le jeune volleyeur soupire, prend des compresses au cas où, un pot d'huile d'amande douce, qu'il met dans son sac. Puis il rejoint son petit-ami qui l'attend sagement à la même intersection que d'habitude, et l'embrasse délicatement.

Haikyû!! - OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant