Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuro

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Avertissements:
- attention, contenu mature.
- cette histoire fait dialoguer des personnages de langues différentes. L'essentiel du texte est en français, quelques passages seront en langue étrangère, pas forcément traduit. Le but est de mettre à la place de l'héroïne, qui ne comprend pas forcément tout ce qui se passe autour d'elle. Les passages non-traduits ne sont pas essentiels au suivi de l'histoire, néanmoins, si vous êtes curieux vous pouvez traduire les passages avec Reverso.
Bonne lecture :)

Point de vue de Valentine, quelques jours plus tôt.

J'ai une énorme boule au ventre. Je suis la meilleure élève de ma classe de terminale, j'ai des points d'avance grâce aux épreuves anticipées mais il n'empêche. On est tous là, agglutinés devant les grilles du lycée. La pression est à son maximum. Certains sont venus entre amis, d'autres avec leurs parents. Je repère Camille et son petit copain Hicham qui se frayent un chemin dans la foule pour m'atteindre.

"- Valentine! Oh mais tu es toute pâle. De nous tous tu es bien celle qui doit le moins s'en faire"
Je n'y peux rien. J'ai le ventre tordu par l'angoisse. Les grilles s'ouvrent. Nous courrons pour être les premiers face à la feuille. Camille se faufile avant moi. Elle hurle:
"- je l'aiiii! Oh putain! Toi aussi!"
"- j'ai une mention?"
"- très bien!!"

Tous mes muscles se relâchent d'un coup. Camille me saute dans les bras mais j'ai l'impression d'être vidée de mon énergie. Je me suis donnée à fond et je suis heureuse que ça ait paye. Mais là toute la pression redescend brusquement. Quand Hicham propose d'aller prendre un verre pour célébrer nos trois diplômes mais je suis vidée.

"- je rentre, mes parents m'attendent"

Une fois à la maison, je vois qu'ils ont préparé une petite fête, fait venir un traiteur, accroché des ballons.
Mes parents, Maxence et Florentine de la Rosière sont les descendants de deux familles de la noblesse française. Mon père est diplomate, ma mère possède une chaine d'hôtels de luxe plutôt discrète. Nous vivons dans une maison de maître en périphérie de Paris. Bref. Vous aurez compris que l'argent n'a jamais été un problème pour nous. Je suis la cadette de la famille et je n'étais pas vraiment planifiée. Mes 4 frères et soeurs ont tous fait de brillantes études de médecine, de droit... Moi j'ai choisi les sciences politiques pour l'année prochaine. A l'issue du repas de fête, mes parents me convoquent dans leur bureau.
"- tu connais ton cadeau n'est ce pas? Jacques a choisi l'Argentine, Antoine l'Amérique du Nord, Orianne l'Australie et Louise la Russie. Quel est ton choix?"
"- le bassin méditerranéen"
Mon père approuve d'un hochement de tête et me tend une carte bleue.
Je sais qu'elle est bien alimentée et que si je souhaitais faire la tournee des boîtes, des restaurants chics et des hôtels de luxe, pendant deux mois ça ne suffirait pas à l'épuiser. La règle familiale est simple. Après le bac, nos parents nous offrent un voyage et on ne doit revenir qu'avant la reprise de la fac. Libre à nous d'aller où on veut et de revenir riches de cette expérience. Après, les choses sérieuses commenceront. Mon frère Antoine y a rencontré sa fiancée et ma soeur est revenue avec la fièvre jaune. Je me demande ce que me réserve mon propre voyage.
"- bon voyage ma fille"
Je monte chercher mon sac à dos, ajoute quelques babioles, comme mon chargeur, ma trousse de toilettes et j'achète le premier billet en ligne que je trouve et quitte la maison. Mon téléphone sonne à l'instant où je franchis la porte. Je jette un coup d'œil et en voyant le nom affiché, je renvoie l'appel.

Arrivée à l'aéroport, je me rend compte que je prend l'avion seule pour la première fois et que j'ai toujours suivi la famille bêtement. Je galère un peu dans le terminal mais je finis par trouver la porte d'embarquement juste à temps. Je grimpe à bord et me faufile jusqu'à ma place. Je suis avoisinée avec une sorte de parodie d'homme d'affaires ventripotant. Un homme dans un complet noir au tissus bas de gamme, portant des lunettes de soleil de mauvaise qualité et qui garde précieusement une malette entre ses pieds. A plusieurs reprises, il essaye d'engager la conversation avec moi, et je vois clairement son manège. Il pratique le negging. Une technique qui consiste à complimenter/rabaisser pour séduire quelqu'un. Il me sort des phrases du style "vous aimez lire? Ne me dites pas que vous préférez les films... Cette conversation s'arrêterait la." "Vos cheveux roux sont splendides mais je préfère les blondes" "vous êtes une jolie fille, j'espère que vous avez de l'esprit" je me contente à chaque fois d'un sourire froid avant de me replonger dans le guide que j'ai téléchargé avant de partir.

L'avion atterrit à Olbia, en Sardaigne. Parfait. J'avais envie de commencer par quelques îles avant de m'intéresser au continent en lui même. Une vague brûlante me frappe à la sortie du petit avion de Ryanair et je me presse pour rejoindre le terminal afin de profiter de la climatisation.
Je récupère mon sac mais l'homme me saisit par le bras.
"- je peux vous amener à votre hôtel si vous le souhaitez" je décline mais il tente de m'entraîner avec lui en arguant qu'il ne fait que rendre service. je tire à plusieurs reprises sur mon bras et finit par élever la voix. Cela ne lui fait pas lâcher prise et personne ne semble vouloir intervenir. Je soupire et je change l'axe de mon corps. D'un coup sec, j'abats mon bras sur l'intérieur de son coude, surpris il me lâche. J'en profite pour lui faire une clef de bras et me sortir de sa prise. Mon bras enveloppe son cou transpirant et je lui grogne à l'oreille. "Quand je dis non, ça signifie non, c'est clair?" L'homme acquiesce. La sécurité vient vers nous. C'est bien ma veine...

Je file sans demander mon reste vers la station de bus. J'en prends un au hasard. La route est cahotante mais j'ai l'impression d être au paradis. On quitte la ville et c'est un splendide paysage littoral qui déroule sous mes yeux, les couleurs vives des fleurs de mêlent avec le vert tendre des oliviers et les tons pastels des sables. La mer turquoise roule lentement vers la grève et en une petite heure je me retrouve dans une petite ville du bord de mer charmante dans laquelle je décide de faire ma première escale.