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Quelques mois plus tard:

Quand mon réveil a sonné ce matin, j'ai à peine eu le temps de sauter et d'attraper mon ordinateur, et ma gourde isotherme avant de partir en courant pour essayer d'attraper le metro. Je suis arrivée en courant devant sciences po' et Timothée et Clément, des camarades de promo, finissaient de griller une dernière cigarette devant sa façade à mon arrivée.
"- sur le gong Val', tu as failli rater le début!"
Je hausse les épaules, insensible. Sciences po' ne me plaît pas autant que j'aurai cru. Oh les cours sont intéressants, mais je n'y trouve pas la stimulation espérée...

Je grimpe les dernières marches qui me sépare de l'amphi. On nous a annoncé un séminaire sur les start-up a vocation internationales et la présence de jeunes PDG ambitieux qui viendraient présenter leur oeuvre.
Mon désintérêt pour sciences po' s'est également accompagné d'une quête de sens et de pistes de carrières... Peut être que je pourrais créer une société? Mais qu est ce que je vendrais? Je n'en ai pas la moindre idée.

Des camarades de toutes les promotions ou de simples curieux s'installent autour de moi, dans l'indifférence la plus totale. Clément me fait un grand signe de main à l'autre bout et hurle qu'il y a encore une place dans leur rangée. Je fais mine de ne pas comprendre. Je n'ai ni le temps ni l'intérêt pour la bagatelle avec qui que ce soit.

En attendant le début de la conférence, je laisse mon esprit divaguer Et mes souvenirs me ramènent à mes "vacances".

Je suis arrivée à l'aéroport de Marignan dans un état semi-comateux, complètement à l'ouest, sans bagage, ne sachant pas comment j'y étais arrivée. Voyant que j'étais dans un état second, les stewarts m'avaient interceptée dans l'aerogare et conduite au poste de police. Là, on avait remonté ma piste, contacté ma famille et remise entre leurs mains. J'avais passe quinze jours dans l'hebetude la plus totale ne me rappelant plus de rien, après mon dernier repas au restaurant, pas même de l'incroyable demeure où j'aurai résidé, de l'homme que j'avais fréquenté ou de la visite de ma famille. Le néant le plus absolu. Mes parents avaient insiste pour que je suive une thérapie qui m'avait au moins permis de me reconnecter avec le réel, tandis qu'ils faisaient les démarches pour me loger et m'inscrire à la fac.

Mais mon hebetude, si elle était moins maladive, et impactait moins ma vie quotidienne, avait envahie la sphère des études, me laissant indifférente aux divers cours et aux amitiés nouvelles.

L'arrivée du président de l'université, au coeur de l'hémicycle fit taire les joyeuses discussions dans l'assemblée et je tournais mon attention vers lui. Après une longue introduction, un enseignant-chercheur vint prendre sa place et enchaîna sur une conférence très théorique sur l'entrepreneuriat.
J'étais bassinée.
Levant les yeux au ciel, je tournais mon poignet pour aviser l'heure. Il restait encore une bonne heure de conférence. Trop bien élevée pour partir ouvertement avant la fin, je sortis mon smartphone sous la tablette de l'amphi et commençais à pianoter dessus. Un article de la revue de géographie geoconfluence trouva un semblant d intérêt à mes yeux. Je lisais distraitement quand un léger brouhaha parcourut la salle. Je ne devais pas être la seule à m'ennuyer. Sans détacher les yeux de mon écran, j'entendis l'enseignant conclure son propos et présenter l'intervenant suivant. Un murmure appreciateur traversa la salle, attirant mon attention, au moment où l'homme prenait le micro.

Je reçus brutalement un triple choc.  D'abord visuel, quand j'ai pu apprécier le beau mâle qui prenait la parole. Ensuite, un choc auditif à l'écoute de la belle voix rauque et veloutée.
Enfin, nos regards se sont croisés et tous ces sentiments, tous ces souvenirs, toutes ces douleurs que j'avais tente d'occulter revinrent en une vagues réminiscente.
Bien qu'assise, je sentis mes jambes de dérober sous moi, tandis que l'intervenant continuait son intervention en me fixant droit dans les yeux. Une étrange langueur s'empara de moi tandis que je me sentis glisser, sombrer dans le néant, avec une seule idée en tête.

Valentino.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant