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Valentino m'entraîne ensuite dans son bureau. Je ne suis jamais entrée dans cette pièce. C'est une pièce vaste, dans les tons sombres et chic, avec son sol parqueté et son mobilier d'ébène. Il se dirige vers la porte au fond, la déverrouille avec un code et nous fait entrer dans un espèce de showroom du salon de l'armement. Si j'avais pu "oublier" où je me trouvais ces derniers jours, je viens de recevoir une belle piqure de rappel. Il ouvre un tiroir d'une commode fixée au mur et en sort un spray au poivre et m'explique son utilisation. Il me donne aussi un porte-clef qui émet une alarme sonore au bruit affolant et une sorte de bague, imposante, qui se révèle être un mini-shocker pour mettre KO quelques secondes un éventuel agresseur. Il précise que je dois garder le tour au moins pour la période où je suis en Sardaigne. J'acquiesce, même si je ne vois pas vraiment où il veut en venir.
Une fois fait, nous retournons dans le bureau et il s'installe dans son fauteuil et me fait asseoir sur ses genoux.

Il ouvre le tiroir du haut et en extirpe mon passeport, ma carte bleue et mon téléphone. Malheureusement, celui-ci est cassé. J'en achèterai un nouveau à ma prochaine destination. Je pose le tout sur le bureau en attendant. En attendant quoi? Sa main sur ma cuisse remonte lentement. Jusqu'à la couture de mon short. Son pouce caresse doucement ma peau et joue avec la couture. Ses yeux noirs comme l'encre sont plongés dans les miens. Il a un air très étrange sur le visage. Je n'arrive pas à savoir si il est heureux, sérieux, charmeur, sévère. Peut-être un peu tout à la fois.

J'ai l'impression qu'il essaye de me communiquer quelque chose avec ce regard si étrange. Il y a quelque chose de magnétique. Je pose la main sur son col de chemise et après quelques secondes d'hésitation, j'incline la tête et pose mes lèvres sur les siennes. Ses bras s'enroulent comme des lianes autour de moi et il approfondit le baiser qui nous lie. Après un long et profond baiser, il s'écarte de moi et demande: " tu es sure de ne pas vouloir rester au manoir de Monte Scuro ma douce?"
"- je n'ai pas ma place ici... "
"- c'est vrai ..." Il colle son front au mien dans une étrange caresse. Son nez se frotte contre le mien et il m'invite à profiter de la piscine.
Cette nuit là, il ne me rejoint pas dans la chambre. Au petit matin, après avoir préparé mon sac, je déjeune seule au bord de la piscine avec Massimo et après lui avoir dit au revoir, je monte dans le 4x4 noir garé devant la façade, avec mon sac et quelques provisions qu'il a fait préparer pour moi, sans avoir eu la possibilité de le saluer et de le remercier pour son étrange hospitalité.

Alors que le véhicule s'éloigne, je me retourne une dernière fois et j'aperçois le maître, au sommet des marches, l'air sombre et tout de noir vêtu, qui suit la voiture des yeux, indéchiffrable.
Les hommes me déposent devant le marché et je dépense quelques euros qui me restent de ce que j'avais retiré quelques jours plus tôt. Je fais le tour des lieux que Valentino m'a demandé de fréquenter. Je ne sais pas pourquoi mais je sais que c'est important que j'obeisse à cette règle.
En allant à la plage, je passe devant chez Abbondanza. La grande fenêtre en façade a été peinte de l'intérieur pour masquer ce qui s'y trouve. La rubalise de la police barre l'entrée du petit restaurant et mon estomac se tord un instant, alors que je revois les évènements survenus dans la soirée quelques jours plus tôt.

Le soir venu, je me rends dans le café "chez Gino" que m'a recommandé Valentino. Je commande un cocktail de jus de fruits et je m'installe en terrasse, mon sac à mes côtés. Le jeune serveur vient beaucoup me voir mais son attention me dérange. Il est trop mielleux, trop présent, trop tout pour être honnête. Il finit par m'apporter un verre "gratuit, offert par la maison" après quelques minutes. Je décline l'offre poliment mais il insiste "la bouteille est ouverte, il serait dommage de la gâcher... Et puis avec une si jolie fille en terrasse je vais attirer tous les jeunes hommes du coin et les touristes" avec un sourire aimable. J'accepte la bouteille en me promettant de ne pas y toucher. Particulièrement quand je remarque qu'il me regarde de loin depuis son comptoir en parlant à deux hommes accoudés au bar.

Je prends la décision de partir et laisse quelques pièces sur la table. Je profite d'un moment d'inattention de sa part - il sert d'autres clients - et je bifurque à la première intersection mais l'un des hommes du bar marche dans ma direction. Comment a-t-il pu contourner le bar si vite? Je me retourne et je vois le second qui me suit. J'active discrètement mon shocker, je mets la main dans la poche de mon short et saisis le spray au poivre, prête à le dégainer.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant