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Ce soir là, Valentino est resté dîner avec moi, comme presque tous les soirs. Épuisée par ma joute verbale avec ma mère, et calée contre lui, j'avais fini par sombrer devant le programme télé que nous avions choisi.

Mes peluches sont alignées religieusement sur l'étagère de bois peinte en blanc à côté de mon lit. Il y a même ma petite veilleuse en forme de lapin. Je ne quitte pas mes jouets des yeux. Ça sera vite fini. J'ai la nausée mais je serre les dents et je focalise mon attention sur l'étalage de doudous. Un grondement appréciateur se fait entendre. La chaleur moite me recouvre dans l'obscurité. Le poids qui enfonçait mon matelas s'en va, et je sais que c'est fini pour cette fois. La porte de ma chambre claque. Je sens ma mâchoire qui tremble et tremble encore. Les larmes commencent à couler sans que je puisse les arrêter.

Je me réveille dans les bras de Valentino qui me secoue, un air inquiet peint sur son visage.
"- tu as fait un cauchemar bellissima... Ce sont encore les évènements de l'Italie qui te tourmentent?" Demande-t-il, l'air câlin.
"- non... Non ce n'est rien" en essayant d'affermir ma voix.
"- qu'est-ce qui t'a fait pleurer?"
"- je ne sais pas... Je ne sais plus..." Je botte en touche et il le sait.
"- dis-moi la vérité."
"- je... Disons que je n'ai pas envie d'en parler..."
Valentino a continué à me questionner mais j'ai gardé mes réponses pour moi. A compter de ce jour, le cauchemar est revenu à de nombreuses reprises, mais Valentino était là pour le chasser chaque fois.

Ma porte de chambre grince. Je suis immédiatement en alerte. Si je me laisse faire, ça sera vite fini...
Mes peluches sont alignées religieusement sur l'étagère de bois peinte en blanc à côté de mon lit, comme chaque fois. Il y a même ma petite veilleuse en forme de lapin, ça me rassure de la voir. Et même si je ne veux pas voir ce qui se passe, ça me permet de voir mes peluches. Ça me rassure quelque part. Je ne quitte pas mes jouets des yeux. Ça sera vite fini, je me répète cette phrase indéfiniment. J'ai la nausée mais je serre les dents et je focalise mon attention sur l'étalage de doudous. Sa main moite passe sur mon menton. Il n'a jamais fait ca. Avec force, il tourne mon visage vers lui, et je ferme les yeux de toutes mes forces, tandis que son pouce passe sur ma lèvre inférieure. Le scénario a changé. Il n'a jamais fait ça.
"- ouvre les yeux. Regarde moi" Un vague de panique me glace l'échine, tandis qu'il remonte des genoux plus haut. Ce soir, il ne se contentera pas de me salir la peau.

"- réveille toi!"
Je m'accroche désespérément aux épaules de Valentino. "- dis-moi, je t'en prie!"
J'enfonce mon visage dans son épaule et sanglote.
"- je ne peux pas.."
"- dis moi ce qui te fait peur... Dis moi ce qui tourmente tes nuits tesorino... Je ne peux pas t'aider si tu ne me dis pas..." Mes sanglots redoublent alors que mon coeur se serre pétrit de mon malheur d'enfant.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant