Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuro

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Immédiatement, je me sens rougir.
Évidemment, Valentino est revenu au bon moment...
"- mère, je vous présente Valentino Conti, qui m'a accueillie chez lui depuis quelques temps."
"- bonjour Mme de la Rosière. Mes respects. C'est un plaisir." Il prend ma main et la porte à ses lèvres "mais tu es ici chez toi pulcino"
Voilà, je dois ressembler à un coquelicot ! Ma mère est immédiatement sous le charme du beau sarde et roucoule littéralement en s'adressant à lui.
Mon père finit par reprendre le téléphone et s'éloigne pour lui parler plus loin, sur la terrasse suspendue au dessus de la mer. Vue de loin, leur discussion a l'air houleuse. J'espère qu'il n'est pas resté sur cette idée ridicule de me ramener avec lui!

Jacques demeure avec nous, gêné. Valentino fait durer le silence volontairement et il toise mon frère. Son flingue est posé sur la table. Depuis que je le connais, il ne le sort que s'il s'en sert. Je m'étonne et m'inquiète de ce comportement. On dirait qu'il le fait exprès pour entretenir le malaise. Ses doigts caressent l'engin de mort et il le fait tourner entre ses doigts, accentuant l'ambiance pesante. Au bout de l'allée, je vois les grilles s'ouvrir et une berline remonte l'allée, suivie d'une ambulance.
"- Valentino, qu'est ce qu'il se passe?" Mais il n'a pas le temps de me répondre que j'entends une portière claquer et un grand : "- Zioooo!"
Valentino se lève, range son arme et se baisse pour récupérer le petit Massimo dans des bras. Le petit plante un gros baiser sur sa joue puis tend les bras vers moi.
"- zia Tina!" Et il me couvre de baisers. "Possiamo andare a vedere il mio pony e andare in piscina?"

"- Massimo vient passer quelques jours à la maison et j'ai fait rapatrier mon frère également. Son pronostic vital n'est plus engagé, bien qu'il soit toujours inconscient... Ici, je peux garder un oeil sur eux deux et sur toi en même temps, et mes hommes n'ont plus à se dédoubler pour assurer la protection de quatre personnes, en  plus de leur travail habituel."
"- Tia Tina, mamma non era contenta!" Je fronce les sourcils et me tourne vers Valentino,
"- Ada ? Pourquoi est-elle mécontente?" Il sourit, énigmatique et à mon oreille, il murmure: "- je viens d'enlever son mari et son fils il y a deux heures... Ça fait une bonne raison d'être fâché non?"
"- Valentino! Qu'est ce que? Pourquoi?"
"- ne te mêle pas de ça pulcino! Profite de la présence du petit Massimo, je sais que tu l'apprécies beaucoup"

Mon père revient à cet instant, coupant cour à la conversation.
"- qui est cet enfant?"
"- mon filleul et neveu" répond Valentino. Il se désintéresse immédiatement du petit et reprend:
"- bon, monsieur Conti, mes enfants et moi vous remercions de votre hospitalité envers Valentine, mais nous devons repartir ce soir même"
"- père !" Je m'exclame
Mon père me prend le bras et me force à me lever sèchement.
"- vous mentez monsieur de la Rosière"
"- pardon ?"
"- vous n'avez pas de billet de retour enregistré, sur aucune compagnie aérienne ou aucun ferry. Ne me faites pas l'offense de me dire que vous passez par une société privée, c'est également faux. En outre, Valentine vous a dit par deux fois qu'elle souhaitait demeurer auprès de moi. Respectez donc son choix"
"- je vous interdits...!"
"- ne dites rien que vous pourriez regretter et ne mettez pas Valentine en situation de choisir entre elle et vous. Son choix pourrait vous être défavorable..  La règle est de ne pas intervenir pendant son voyage n'est-ce pas ? Laissez la faire comme bon lui semble."
Mon père est interdit. C est la première fois que quelqu'un lui tient tête si durement.

Il me jette un regard glacial, et sentant Valentino a mes côtés, j'ose soutenir son regard. Il resserre sa prise sur mon bras, me faisant mal. Je serre les dents, jusqu'à ce que Valentino pose sa main  sur mon bras.
"- ne me poussez pas à bout. Je ne suis pas un homme patient." Mon père me relâche. Il claque des doigts sous le nez de Jacques et tous deux quittent la propriété sans ajouter un mot.