36

2K 163 6
                                    

Valentino a ouvert et fermé plusieurs fois la bouche, décontenancé.

Ne semblant pas se remettre de ma déclaration, il finit quand même par remettre le contact sans un mot. Il m'emmène à mon appartement, sans que je me souvienne lui avoir donné l'adresse. Il m'aide à descendre de la voiture et me conduit à la porte. Il me prend la clef des mains d'autorité et pousse la porte. En tenant le battant, il me pousse à l'intérieur. Comprenant que je n'echapperais pas à sa présence, je nous conduits jusqu'à mon studio. Il prend place sur la chaise haute du minuscule bar qui sépare la chambre/salon de la cuisine.

"- tesorino, avant que tu ne prononces des paroles définies, nous devons parler..."
"- cet enfant ne peut pas grandir dans un monde où on torture des gens en leur arrachant la peau à vif dans les sous-sols de l'écurie familiale!"
"- je t'ai explique la situation. Ce n'est pas la vie que je mène. Je gère les affaires légales de la famille, ainsi que plusieurs affaires personnelles. Je ne vis pas la vie d'un mafieux, ma vie n'est pas en danger, je n'ai pas d'ennemi caché au coin de la rue pour m'assassiner moi ou ma famille. Je mène la vie normale d'un italien entrepreneur. La vie que tu as vécue avec moi en Sardaigne a vraiment été un moment singulier. Je ne torture pas les gens. Je n'ai pas de lance-roquettes dans mon coffre. Je n'ai pas de troupes d'hommes à mon service. Tout juste quelques employés pour assurer la sécurité et l'entretien de mes biens, parce que j'ai un certain niveau de vie."

"- son oncle..."

"- mon frère a fait ses choix de vie. Il a suivi la voie qu on a tracée pour lui. Je le vois rarement. Il n'influera que peu la vie de notre fils ou de notre fille..."

La tête dans les mains, j'ai l'impression que je n'arrive plus à réfléchir.

Valentino presse mon genou pour attirer mon attention mais je la retire.

"- Valentina..."
"- non Valentino, j'ai besoin de..."
"- regarde ton ventre..."
Je baisse la tête et je vois mon ventre qui enfle pour laisser la place à ce bébé surprise. Bouleversée, je sens mon coeur se soulever, mes yeux se remplir de larmes et je pose instinctivement les mains sur mon ventre.
Je relève les yeux vers Valentino qui vient de s'agenouiller devant moi.

"- j'ai fait le ménage dans ma vie pour vous accorder la sécurité. La plupart de mes affaires peuvent être menées de l'étranger. Je suis prêt à m'installer avec vous en France où n'importe où, tant que je suis auprès de vous, tout me va. Tu te sentiras plus en sécurité"
"- mais on se connait à peine!"
"- on se connait suffisamment pour que tu aies vu mon côté le plus sombre. On se connait suffisamment pour que tu connaisses ma famille et mon passé. On se connait assez pour que tu portes mon enfant..."
"- je..."
"- et je sais une chose: je t'aime. Je vous aime tous les deux. Alors je n'ai plus qu'une chose à dire... Épouse moi"

** Quelques mois plus tard **

Ma mère est venue passer quelques jours dans l'appartement que Valentino nous a loué, pour l'enfant et moi.
"- comment tu te sens?" Demande-t-elle avec un air pincé.
"- La grossesse se passe merveilleusement bien. Mais j'ai hâte qu'il ou elle vienne au monde..." elle lève les yeux au ciel. Pour eux, leur fille qui devient maman si jeune, hors mariage, d'un "coup de coeur de vacances" est une véritable déchéance sociale...
"- et ce valentino... il a fini par rentrer chez lui?"
"- absolument pas. Valentino est resté à mes côtés et il suit chaque étape du développement de cet enfant. Je n'ai pas accepté sa demande en mariage, c'est mon choix maman... Je n'ai pas refuse non plus. On a besoin de temps pour apprendre à vivre ensemble."
"- tomber enceinte d'un inconnu... Il fallait déjà le faire, mais que ce soit un parti correct et que tu refuses sa demande en mariage, c'est le comble! Je me demande à quel moment j'ai échoué avec toi..."

Pourtant, c est la décision la plus sage que j'ai prise depuis que j'ai eu mon bac. En procédant ainsi, j'ai  découvert un nouveau personnage, tendre, volontaire, courageux et patient. Je l'ai vu gérer ses entreprises d'une main de maître mais sans avoir recourt à la loi de la mafia. Je sais maintenant que je pourrais élever mon enfant avec lui. C'est déjà beaucoup.

"- et l'an prochain, ton père propose de placer l'enfant chez une nourrice qui demeure à quelques rues d'ici pour que tu puisses poursuivre ton cursus"
"- J'ai arrêté mes études à sciences po' maman, et je me suis inscrite dans une formation de cuisine pour l'an prochain."
"- écoute, tu es ridicule! Ça va trop loin, ton père ne sera pas d'accord pour.."
"- l'avenir de ma femme ne concerne qu'elle, madame. Elle n'est pas un objet et ne vous appartient pas!" Siffla Valentino qui venait d'entrer par la porte de communication entre nos appartements.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant