2

3.2K 201 4
                                    

Je passe la journée à visiter les petites ruelles escarpées de la ville. Je prends un maximum de photos. En fin d' après-midi, je commence à chercher  un petit restaurant et je trouve un tout petit boui-boui où je m'installe et commande le plat du jour: malloreddus sardes cuisinés à la sauce tomate et à la saucisse sarde, parsemé de copeaux de pecorino, un fromage de brebis typique de la Sardaigne. La première bouchée explose sur ma langue. La sauce tomate est tellement goûteuse, le fromage parfumé fond dans ma bouche et sale la préparation. Un délice. Je dévore mon assiette et la volubile patronne du minuscule restaurant s'inquiète de ma situation:
"- dis moi ma jolie, tu n'es pas seule tout de même?"
je lui souris et je change de sujet. Sait-on jamais. Elle insiste: "une aussi jolie jeune fille ne devrait pas rester seule tu sais. Il y a des gens mal intentionnés aussi dans les endroits les plus paradisiaques... J'ai une petite chambre libre au dessus de la boutique" dit elle en montrant mon sac de couchage qui dépasse de mon sac à dos. " Ce serait plus prudent"
"- c'est gentil madame, mais je devrais pouvoir me débrouiller"
La petite dame retourne derrière son comptoir l'air désapprobateur.

Alors que je suis en train de finir mon plat, un groupe d'hommes entrent dans la pièce et l'un d'entre eux, le plus petit se tourne vers moi et me coule un regard assez lourd. Ils se présentent au comptoir et le petit donne un ordre assez sec qui fait tressaillir la dame. Leur comportement me paraît très étrange. La dame semble énervée et se  justifie de quelque chose, elle les envoie paitre mais d'un coup elle pâlit. Elle finit par ouvrir la caisse et y pioche quelques billets qu'elle tend la main tremblante à l'homme. Un sourire malsain se dessine sur le visage de l'homme et il repart en me saluant comme si il soulevait un chapeau imaginaire. Ils quittent la salle comme si de rien était. Je jette un coup d'œil à la dame qui a l'air encore sonnée. Je me lève et vais à sa rencontre. "- Madame Abbondanza? Vous allez bien?" Elle tremble encore mais me fait signe que tout va bien. Je finis mon repas sans demander mon reste et je file vers le champs que j'ai repéré un peu plus tôt. Il y a deux arbres solides et je pourrais y mettre mon hamac pour la nuit.

Je marche un long moment, sortant de la ville discrètement. Je continue jusqu'à ce champs de blé pas tout à fait mur et lorsque j'arrive, le soleil est en train d'amorcer sa descente. J'ouvre mon sac et regarde son contenu. Il y a le hamac ultra léger que j'attache entre les deux arbres. Mon duvet et une petite toile canadienne pour les jours de pluie. Elle sera inutile aujourd'hui, de temps en temps, je prendrai un hôtel quand j'en aurai assez du hamac. Je ne me suis pas embarrassée de matériel pour faire à manger. Je préfère manger des fruits le midi ou m'arrêter dans de petits restaurants de temps à autre le soir. Il y a une grande bouteille d'eau et quelques vêtements de rechange, une batterie externe pour mon téléphone et une pochette avec de quoi faire ma toilette.

Je fais pipi un peu plus loin dans le champs, me décrasse avec une lingette et me glisse dans mon duvet, avec mon cran d'arrêt. Au cas où.
Le bruit des cigales me berce et je trouve vite le sommeil.

Le lendemain matin, je décide de passer la journée à la plage. Je refais mon sac et marche à nouveau vers la ville. Un grand marché y est organisé et je retire quelques billets au distributeur pour l'occasion. j'en profite pour acheter des seadas Al miele et quelques fruits pour la journée. Un autre marchand vend des chapeaux de paille et je me dis que vu le soleil, ce sera un bon achat. Ces quelques achats faits, je marche en direction de la plage. Presque à la sortie, je croise Abbondanza qui me reconnaît et me fait un petit signe. Je lui souris et me promet intérieurement de retourner dans son petit restaurant.

La plage est immense, elle est constituée de sable fin, la falaise est creusée de niches profondes où certaines mamans se réfugient quand le soleil tape trop fort pour les tous petits. Je retire mon short, mon t-shirt, exhibant mon bikini et déballe mon hamac pour utiliser la toile comme drap de plage. Je me badigeonne de crème, car ma peau de rousse est trop fragile pour que je me permette de sauter cette étape et je m'allonge au soleil, mon chapeau et mes lunettes ombrageants mon visage et je paresse un bon moment.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant