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"- Valentine"
"- quoi?" Il le regarde interloqué
"- je m'appelle Valentine. Et vous?"
"- Valentino"
"- Valentino?" Je demande, suspicieuse.
"- Valentino"
"- vous êtes le patron ici je me trompe?"
Il ne répond pas mais se contente d'un bref sourire.
"- alors vous avez le pouvoir de me libérer n'est ce pas? Je ne dirai rien si c'est ce qui vous inquiète. Je ne suis que de passage, je vais quitter la ville et ne jamais y revenir. J'ai un peu d'argent si c'est le motif de ma rétention, je vous donnerai ce que je possede, mais nous savons tous les deux que vous ne pouvez pas me garder ici?"
Son regard intense ne m'a pas quitté depuis tout à l'heure. Il semble apprécier la situation.
De but en blanc, sa main passe dans mes cheveux et il en retire l'élastique. Il démêle ma tresse et en retire quelques epis coincés. Je suis complètement abasourdie par cette étrange caresse. Il me fait pivoter sur moi même et contemple mes cheveux.
"- bellissimi..."
C'est vrai qu'on m'en fait souvent des compliments: leur couleur étonnante roux-feu, leur longueur et leur épaisseur ont l'air de les fasciner.
"- je ne vais pas te tuer"
Je soupire de soulagement.
"- mais je ne peux pas te laisser repartir. C'est trop dangereux pour la familia." J'attends une suite mais rien ne vient.
"- alors? Qu'allez vous faire de moi?"
"- te garder"
"- me garder?"
Une étrange lueur passe dans son regard. Je comprends que c'en est fini de ma liberté. Après un long silence, il reprend: "si tu es gentille, je te donnerai des tâches à la maison, mais si tu me defies, tu resteras ici. Ou pire."
Je déglutis.
"- veux tu visiter la maison?"
Ce n'est pas que ça m'enchante, mais au moins ça me permettra de prendre l'air et peut être de repérer une faille pour m'enfuir.
Don Valentino sort une petite clef de sa poche et je tends mes poignets pour qu'il retire mes chaînes. À ma plus grande surprise, il retire même les menottes et il me tourne le dos, se dirigeant vers les deux portes fermées. Il en passe une sans même regarder si je le suis. Je me précipite à sa suite. J'émerge dans une ancienne écurie aménagée ou pendent encore des selles et des harnais pour cheveux. Il continue son chemin et j'admire un bref instant sa stature. Il est juste parfaitement musclé et proportionné. On croirait une statue grecque d'Arès.
Je le suis et je débouché dans une vaste cour. Un cercle de pelouse où trône un vieux cèdre majestueux se dresse devant moi. Les véhicules qui vont et viennent utilisent certainement cet arrangement pour remonter l'allée jusqu'à la splendide demeure que je devine au bout d'une allée plantée de part et d'autre d'oliviers. J'avance vers ma demeure. C'est une sorte d'ancien château fortifié reconverti en villa, tout en pierres blanches sublimes. Je suis bouche bée. Des volets verts olive encadrent les fenêtres des pièces les plus exposées aux rayons du soleil. A l'angle gauche on devine une vaste terrasse ombragée par les feuilles d'un immense laurier rose et de parasols blancs. J'imagine une piscine et la fraîcheur agréable de l'eau sur ma peau. Quel cadre fantastique.
Je tourne lentement sur moi-même et découvre que l'allée débouche sur une grille haute de plusieurs mètres, montée sur de hauts murs de pierre lisse. Impossible de passer par la... A moins de me glisser sous une voiture. La grille s'ouvre à cet instant, révélant des gardes armés qui viennent de contrôler la voiture arrivant. Un véhicule remonte lentement l'allée. Un des 4x4 noirs qui ont débarqué au hangar hier. Où il y ressemble beaucoup en tout cas. Il faudrait que je fasse le tour de la muraille pour voir si elle serait plus praticable ailleurs. Je me tourne vers la demeure vers laquelle se dirige Don Valentino sans prêter attention à moi.

À cet instant, surgit dans un coin de mon champs de vision, un tout petit bonhomme aux cheveux noirs et au visage olivâtre. Il porte une cape et court en direction de l'allée.
Sans réfléchir, je cours vers lui. J'entends le déclic d'une arme dont on ôte la sécurité mais je ne m'arrête pas. J'atteins l'enfant au moment où la gâchette est pressée et je le propulse hors de l'allée. Une explosion retentit alors et je suis traversée par la douleur tandis que mon corps se soulève et rebondit à peu de distance.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant