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En fin d'après-midi, alors que je reviens d'une baignade, je m'installe pour déguster une des pâtisseries au miel que j'ai choisi ce matin au marché, un groupe de jeunes m'accoste. Tous italiens, ils me proposent de les rejoindre à un feu de camps un peu plus tard. J'accepte avec joie et ils s'installent auprès de moi pour le reste de l'après-midi. Mathéo, Enzo et Giulia sont tous étudiants à Rome et ne sont là que pour les vacances. Mathéo me sourit un peu trop, je me dis que je lui plaît peut être... Jusqu'en début de soirée nous discutons et participons à des jeux sur la plage. Ils m'entraînent ensuite vers un camping où la plupart des clients ont notre âge et font la fête jusqu'au bout de la nuit. Ça fume, ça danse, ça boit des mélanges qui rendraient un Barista fou, ça grille des côtelettes de tous les côtés. La soirée est géniale, je danse et je sympathise avec un petit groupe de filles. Lucia me prévient un peu plus tard qu'il reste de la place dans leur tente et nous nous y glissons en début de matinée, éreintées par la soirée. Je profite de la douche du camping le lendemain matin pour me laver les cheveux et bien me décrasser et le petit groupe propose d'aller escalader une coline où le couche de soleil est paraît-il formidable. Nous randonnons tout l'après midi, plaisantant, nous photographiant, et arrives au sommet, nous mangeons les sandwiches achetés en route tandis que le soleil décline doucement sur la ligne d'horizon. Nous décidons de camper sur place. Je monte mon hamac et nous nous en servons comme balançoire. Mathéo vient s'assoir a mes côtés et passe un bras amical autour de moi. 
Ça me fait du bien de partager cette étreinte avec lui même si je ne le connais que depuis la veille. Au moment où le soleil disparaît, il essaye de m'embrasser mais je le repousse gentiment. Beau joueur, il incline la tête en guise d'excuse et nous continuons à discuter et à boire leur drôle de melange. Tard dans la nuit, je me glisse dans mon duvet et m'endors d'un sommeil de plomb. C'est la lumière du jour qui me réveille le lendemain matin. je quitte mes nouveaux amis en promettant de donner des nouvelles grâce aux contacts que nous avons échangés.

J'ai réservé une visite d'une oliveraie et de son pressoir médiéval. Je rejoins le lieu qui est non loin du lieu où j'ai campé la première nuit et je suis contente de pouvoir déposer mon sac dans un coin du pressoir avant la visite et de mettre mes appareils à charger. La visite est chouette et se termine par une dégustation.
Je n'avais jamais mange de pain trempé dans l'huile mais ça se révèle plutôt bon. La patronne me propose de profiter de la grange ouverte pour dormir le soir même avant que je parte pour une destination plus au sud. J'accepte avec plaisir. Je me change et enfile une petite robe à fleurs et je laisse mes affaires sur place et descend vers la ville pour aller dîner chez Abbondanza comme je me l'étais promis.

Elle me reconnaît et me salue d'un grand:
"- ciao dolcezza!"
Elle passe un long moment à discuter à ma table. Ce soir je suis la seule cliente, elle a donc du temps à me consacrer. Elle note sur un calepin quelques spots locaux que je dois absolument visiter avant de partir vers le sud et m'indique l'hôtel de son cousin qui se trouve sur ma route. Ravie, j'empoche le billet et la remercie. Elle file dans la cuisine préparer des pandas et m'apporte du vin sarde pour les accompagner. Encore une fois c est un régal. Ses plats traditionnels sont succulents, je ne comprends pas qu'elle ne soit pas plus fréquentée.

Je me lève pour aller régler au comptoir quand les types de la dernière fois se présentent à nouveau.
Abbondanza les invective vivement et l'homme le plus petit, qui me détaille depuis son entrée dans la Trattoria, comme la dernière fois, sort négligemment un revolver de sa poche, il le pointe droit sur la tête de la restauratrice. Je suis figée sur place et je lui jette un oeil. Elle tressaille mais répond avec fougue:
"- Ho avvertito l'occhio del demono! Dovrai pagare quello che stai facendo!"
L'homme éclate de rire. Je n'ai toujours pas récupéré l'usage de mon corps qui me lâche complètement.
"- Non ne desidero uno migliore, signora Abbondanza..." et sans la moindre émotion, il presse la détente, projettant Abbondanza dans l'arriere-cuisine, le visage enfonce par la balle, le sang projeté sur le comptoir et se rependant en vagues soyeuses sur le sol.
Un hurlement retentit et il me faut quelques secondes pour comprendre que ce sont mes poumons qui produisent ce bruit assourdissant.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant