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deux ans plus tard, janvier 2018

Les barreaux de l'enfer s'ouvrent enfin.

Mais je ne sais pas si je suis toujours apte a affronter le "monde extérieur".

Après deux ans de pure souffrance, je ne ressens plus rien, plus aucune émotion, comme si mon corps était bien là mais que mon esprit était ailleurs, très loin, qu'il n'existait plus.

Je regarde les deux êtres qui me servent de parents et qui m'ont envoyé dans la gueule du loup signer mes derniers papiers de sortie.

Maintenant que j'ai dix huit ans, je suis enfin capable de prendre mes propres décisions, j'aurai pu sortir en décembre après mon anniversaire mais j'ai pris deux semaines de plus pour lui avoir rendu son coup.

Mon père referme la porte de la voiture puis la démarre, m'éloignant de l'endroit de tous mes maux pendant deux ans.

Ils ont cru que ça me ferait du bien mais ça m'a encore plus détruite.

En posant ma tete sur la vitre, le regard dans le vide, je sens quelques larmes couler le long de mes joues, mais ce ne sont plus les mêmes larmes qu'il causait, ce sont des larmes chaudes, des larmes qui me montrent que malgré tout j'ai survécu à ça.

Mais est ce qu'ils comprendront ? Est ce qu'ils accepteront de me revoir après deux ans d'absence ? La dernière fois qu'on s'est vu on s'est gueulé dessus. Est ce qu'ils me considèrent encore comme leur amie alors qu'ils ne sont pas venu me voir une seule fois en deux ans ? Est ce que c'est pas à moi d'être fâchée maintenant ?

-Je veux les revoir... lâché-je sèchement en essuyant mes larmes.

Je ne dois plus pleurer, je n'ai plus d'eau dans le corps.

Papa : Tu les reverra ne t'inquiète pas chérie...

-Ne m'appelle pas comme ça.

Maman : Seigneur. Meme en l'envoyant à l'internat elle n'a pas changé.

-Est ce que tu sais ce que j'ai vécu dans cet asile là maman ? Non. Alors arrête.

Sec, froid, noir, voilà le ton que j'ai utilisé, et voilà comment est mon cœur actuellement.

Je n'ai plus la foi de m'énerver, de crier, je ne sais plus crier, et cela à cause de sa main qui s'abattait sur ma bouche pour m'empêcher de le faire à chaque fois.

Arrivés à la maison, celle que je n'ai vu qu'en rêve ces deux dernières années, je me dirige immédiatement vers ma chambre, et comme la dernière fois que j'ai été dans cette pièce, rideaux fermé, pantalon retiré, je m'abaisse pour laisser à cette flamme le soin de me soulager.

Comme pour me donner du courage, de la force, tout ce qui me manque.

Je me demande bien ce qu'ils sont devenus, même si je sais que l'un joue dans le meilleur club du pays, en même temps pas possible de le rater vu ses performances. Les autres, mes parents n'ont pas voulu me dire quoi que ce soit.

Je me demande s'ils m'ont oublié, comment ils ont vécu sans moi, comment ils vont me ré-accueillir dans leurs vies, ou plutôt si ils vont me ré-accueillir dans leurs vies.

Je n'ai fait que cogiter toute la nuit, à réfléchir à nos retrouvailles, mes parents organisent un déjeuner pour fêter ma sortie de cette prison sordide qu'ils appellent internat, je ne sais pas s'il y a quelque chose à fêter, mais j'en ai rien à faire, j'ai eu mon bac et je peux enfin aller en fac, je vais chercher un boulot et quitter cette maison familiale qui ne m'apporte que des soucis.

 𝑺𝑶𝑺 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant