III/ In the forests

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Les vingt points perdus par la faute du nouveau furent très rapidement récupérés, par lui-même : sa participation en classe au cours de la semaine suivante ne fit que croître, ravissant la plupart des professeurs qui appréciaient souvent ses questions à la fois intéressantes et pertinentes qui leur permettaient d'aborder les points les plus poussés du programme sans se heurter à la moindre résistance. Et malgré ses excentricités, Lebedev était plutôt apprécié parmi les siens, bien qu'il engendrât une certaine incompréhension et même une vague méfiance du fait de son rapport amical avec les autres Maisons, y compris Gryffondor.

Ses camarades de classe finirent d'ailleurs par lui poser la question, un soir en début de semaine. Ils étaient tous encore dans la Salle Commune malgré l'heure tardive, en compagnie des septièmes années qui révisaient tard, à cause d'un devoir en sortilèges à rendre pour le lendemain. Évidemment, une petite minorité s'y était prise à l'avance et reposait désormais du sommeil des braves ; mais la large majorité avait préféré employer son week-end à des activités plus passionnantes, profitant de ces derniers moments de répit en début d'année avant de devoir sérieusement se mettre au travail.

La Salle Commune de Serpentard était située sous le Loch, possédant même une large fenêtre donnant sur le fond des eaux sombres et magiques du lac enchanté. La lumière qui y filtrait était verdâtre et tamisée, faiblement rehaussée par la présence d'un lustre vénérable au plafond, et éclairait paisiblement une vingtaine de poufs et fauteuils confortables quoique anciens et élégamment ornementés. Les armoires et les longs bureaux de travail, façonnés dans des bois rares – généralement dans de l'ébène – étaient disposés harmonieusement, suffisamment espacés pour laisser possible l'incessant va-et-vient des élèves en journée. Des tapisseries vertes et noires, parfois subtilement brodées de dragons stylisés, de serpents ou d'animaux aquatiques merveilleux, recouvraient les coins dépourvus de meubles. Le point central de la pièce, le long du mur opposé à celui, bombé, où se trouvait la fenêtre, était la grande cheminée, massive et majestueuse, sculptée dans un roc gris clair, surmontée d'un bas-relief à l'effigie d'une tête de serpent, la gueule grande ouverte, les crochets pointant vers l'avant et les pupilles incrustées de deux grosses émeraudes luisantes.

Nikita était confortablement allongé sur un long canapé vermeil face à la cheminée, son bras gauche, armé de sa baguette, dressé en l'air, le droit replié sous sa nuque, moulinant mécaniquement et d'un air absent avec son poignet – probablement pour s'entrainer à lancer des sorts. Lorsque Adrian Pucey, son voisin de dortoir, lui avait demandé d'un air désespéré s'il avait écrit le devoir, le Russe lui désigna simplement d'un geste son livre de cours posé sur l'un des bureaux. En l'ouvrant, le sportif y avait trouvé son salut sous la forme de quelques copies un peu froissées, recouvertes d'une écriture fine et serrée, qui en étaient tombées ; à présent, il s'appliquait à en tirer toute l'inspiration possible tout en évitant de recopier mot à mot son camarade.

Un petit comité de dix élèves de cinquième année à la tête duquel se tenait Melwys Stingers, la préfète de Serpentard, se présenta subitement et après mûres délibérations devant Nikita. Disposés en rangs ordonnés devant le canapé, ils se regardèrent d'un air un peu gêné pendant quelques secondes, avant que Stingers ne prenne enfin la parole :

« Nikita, commença-t-elle solennellement et avec emphase, il faut qu'on parle un peu. Cette situation ne peut plus durer... »

Nikita, sortant de sa rêverie, se redressa et s'assit, puis lui adressa un regard profondément surpris et examina un à un ses voisins de son regard clair et transparent, ce qui n'améliora pas leur malaise. Il se résolut soudain à répondre, comme s'il venait de revenir une deuxième fois à la réalité :

« Oh ? Quelle situation ? Je ne suis pas certain de comprendre...

« Tes relations avec les autres Maisons, intervint Doug Horkins. Tu passes presque plus de temps avec des Gryffondors et des Poufsouffles qu'avec des Serpentards...

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant