XXX/ What dread grasp

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« Désirez-vous quelque chose, senhor ?

« Oh, deux verres de Leite de Curupira, s'il vous plait !

« Très bien, senhor. Tenez !

« Merci... »

Se saisissant des récipients, le rouquin au catogan se dirigea vers la table où Eztli l'attendait en lisant un document en papier d'amate. Ils étaient dans un bar sorcier au bord de l'Amazone – camouflé des regards des Moldus à la fois par la magie et par l'épaisse canopée. Au Brésil, comme partout dans le monde, les sorciers se cachaient des non-magiques ; cependant, ici, la tâche était facilitée par l'immense étendue de la forêt ainsi que la présence de nombreuses galeries souterraines, grottes ou temples anciens dont l'existence demeurait soigneusement maintenue secrète pour les Moldus. La communauté sorcière comportait par ailleurs un taux élevé d'individus d'ethnies sud-amérindiennes, bien plus élevé que la moyenne nationale : beaucoup de tribus et de rescapés de civilisations précolombiennes avaient été inclus au monde magique – même ceux n'ayant aucun don – pour mieux échapper aux Conquistadors. Déjà à l'époque, la plupart de ces cultures connaissaient la magie et la considéraient comme un cadeau céleste – à l'inverse des Européens, qui la craignaient et pourchassaient les sorcières et les Créatures. Il était donc tout naturel que les deux communautés – magique et amérindienne – fusionnent très vite.

Par ailleurs, les deux catégories se recoupaient souvent : Eztli, par exemple, était une sorcière d'origine Aztèque. Lorsque Nikita s'assit à côté d'elle et lui tendit sa boisson, tout sourire, elle releva distraitement les yeux de la feuille qu'elle lisait :

« Il y a une pénurie de cornes de Bicorne en Europe depuis quelques jours, l'informa-t-elle tandis qu'il sirotait son verre tout en la regardant amoureusement. Les stocks des apothicaires et des potionnistes sont vides, la clientèle commence à s'impatienter... Le prix de la corne sur le marché européen ne fait qu'augmenter en flèche.

« Tu es si jolie quand tu planifies d'aller tuer de pauvres petits animaux innocents dans la jungle, lui sourit Nikita en la dévorant des yeux.

« Et toi tu sais parler aux femmes, répliqua son amante sur le même ton.

« Je sais parler à n'importe qui !

« Et c'est justement pour ça que je te paye, mon renard, ronronna la sorcière en saisissant sa main pour jouer affectueusement avec ses doigts – comme un chat avec sa pelote de laine.

« Quoi, uniquement pour ça ? » fit Nikita semblant de se vexer.

Elle lui adressa un sourire envoutant avant de se pencher par-dessus la table et de l'embrasser langoureusement – baiser auquel il répondit avec un enthousiasme enfantin, presque candide.

Lorsqu'ils séparèrent leurs lèvres, elle lui murmura à l'oreille :

« Viens avec moi pour la chasse. Tu verras, on va bien s'amuser ! »

Quelques heures plus tard, le couple avançait prudemment dans la jungle amazonienne. Ils devaient constamment rester sur leurs gardes : bien qu'aidés de la magie, la vie ici était si nombreuse et ramifiée que le risque de marcher par mégarde sur un animal dangereux non détecté n'était jamais nul. Fort heureusement, Eztli connaissait la forêt comme le fond de sa poche : elle le guidait, reniflant l'air de temps à autre pour s'assurer qu'ils n'étaient pas suivis par un prédateur.

Nikita ne partait pas à la chasse avec elle pour la première fois : bien qu'elle fût d'un naturel plutôt solitaire, elle appréciait la compagnie d'une personne de confiance à ses côtés lors de la traque – qui n'en était alors que facilitée. Lorsqu'ils parvenaient à proximité de Créatures magiques, elle lui donnait des directives claires et il s'exécutait sans trop de peine – il pouvait à présent lancer des sorts dont il n'aurait même pas pu rêver dans son ancien corps, il n'avait plus besoin de se cantonner majoritairement aux illusions et à la Legilimancie.

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant