II/ Burning bright

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Si, au premier abord, Nikita Lebedev semblait doté d'une vivacité d'esprit remarquable, il s'avéra pourtant assez vite que sa présence dans la Maison Serpentard ne désavantagerait aucunement les Serdaigles, qui mettaient un point d'honneur à dépasser toutes les autres Maisons sur le plan scolaire. Bien que possédant des connaissances théoriques très poussées dans certaines matières et incroyablement curieux de nature, Lebedev n'était pas excessivement puissant sur un plan purement magique – pas plus que la moyenne en tous cas ; en outre, son véritable point faible – son talon d'Achille – se dévoila dans toute sa splendeur dès le jeudi de la rentrée.

« On a quoi ce matin ? » questionna un Nikita encore ensommeillé l'un de ses voisins de dortoir, en enfilant laborieusement ses chaussettes.

Le voisin en question, c'était Adrian Pucey, poursuiveur de l'équipe de Quidditch. D'apparence costaude, presque massive, il était fier de son rôle de sportif et était globalement apprécié par les élèves de sa Maison ; très vite, une bonne entente mutuelle s'était installée entre lui et le nouveau.

« Trois heures de potions, rétorqua le joueur de Quidditch. Avec Rogue, notre directeur de Maison...

« Eh merde ! se plaignit le Russe. Je hais cette matière ! »

La réciproque se révéla vraie environ deux heures plus tard...

« Monsieur Lebedev, qu'est-ce que c'est que... ça ? » tonna la voix glaciale de Rogue, qui s'était arrêté pile devant la paillasse de Nikita, seul car les groupes de travail étaient déjà formés depuis des années.

Le fluide dans le chaudron, qui aurait dû présenter la douce teinte argentée d'une potion de Paix, se contorsionnait comme un ver géant tout en émettant des bouffées de fumée violette – le qualifier de « liquide » tenait d'ailleurs d'une spéculation assez fantaisiste.

Toutefois, l'étudiant d'origine russe ne se laissa pas décontenancer : relevant la tête de son résultat désastreux, il adressa le regard le plus innocent et naïvement surpris dont il était capable et soutint sans difficulté apparente le regard noir du maître des potions :

« C'est... c'est sans doute un genre tout nouveau de forme de vie, professeur, répondit-il de sa voix claire et franche, dénuée de la moindre trace d'ironie. Regardez ces petits souffles de fumée... ça vit, ça respire ! Ça professeur, c'est de la sérendipité ! »

Le silence qui s'instaura alors dans tout le cachot fut mémorable. Seuls Lee Jordan et les jumeaux Weasley, assis à l'autre bout de la classe, s'étouffaient discrètement dans un fou-rire incontrôlable.

Le professeur Rogue avait haussé son fameux sourcil et fixait à présent l'impertinent d'un regard si froid et indéchiffrable que n'importe qui à sa place aurait fini par craquer au bout de quelques secondes et s'enfuir en courant et en implorant la clémence divine. Nikita demeura pourtant parfaitement calme et détendu, et ses yeux placides d'un bleu délavéexaminaient toujours aussi tranquillement ceux noir charbon du potionniste. On aurait dit qu'une petite guerre psychologique était en cours ; au grand étonnement de tous, le nouveau finit par interrompre cet affrontement invisible en souriant soudainement d'un air conciliant :

« Je vous prie de m'excuser, professeur, si j'ai pu paraitre impoli. Mais je vous assure que j'étais de bonne foi : j'ai toujours eu des grosses lacunes en potions...

« Débarrassez-moi ça, trancha Rogue, bouillant d'une colère intérieure maitrisée, en pointant d'un air dégoûté le contenu sifflant du chaudron du bout de l'index. Et que ça saute. Je vous mets un D... et estimez-vous chanceux. C'est votre première année à Poudlard, sans doute n'êtes-vous pas encore habitué à un rythme aussi exigeant. Je ne me montrerai pas aussi clément la prochaine fois. »

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant