XI/ Burnt the fire

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Une jeune fille aux longs cheveux bruns se réveilla dans un bassin. Elle ressentit le bonheur, le calme, la joie de vivre. Ses amies l'entouraient, jouaient avec elle. Elle joua aussi, heureuse, insouciante. Amnésique.

Puis vinrent les doutes. Les interrogations. Mis à part la joie, tous les autres sens qu'on pouvait tenter donner à la vie étaient fondamentalement absurdes : pourtant, elle pressentit quelque chose, quelque chose de fondamentalement absurde mais qui parasita ses pensées, ne la laissant plus en paix. Son intuition lui hurlait quelque chose. Elle décida de la suivre.

Elle sortit de son bassin, traversa la grande salle en courant, se fit rejeter une fois, deux fois ; persévéra, atteignit les premiers escaliers, puis les deuxièmes. Une éternité s'écoula, et la jeune fille courait toujours, traversait des salles, était poussée dans des bassins. Descendait des escaliers. Elle eut des songes étranges, se persuada qu'une porte de métal renfermait toute la connaissance, son but, son sens de vivre. Elle souffrit, souvent en silence, parfois en pleurs. Elle demeura déterminée, jusqu'au bout.

Enfin, après des éternités écoulées, après une infinité de rejets, la jeune fille aux cheveux bruns atteignit la porte, toucha la poignée. Des hommes se précipitaient vers elle. Elle était sur le point de l'entre-ouvrir, mais ils la plaquèrent violemment et la ramenèrent au tout premier étage, là où elle s'était réveillée.

Mais cette fois, par la force de sa volonté, elle conserva ses souvenirs, et ce fut douloureux. La souffrance fut encore décuplée lorsqu'elle découvrit qu'elle en était à sa dixième tentative et qu'à chaque fois, elle avait atteint la porte. Elle se demanda pourquoi cette fois-ci, elle se rappelait tout ; mais la rage, la colère, le sentiment d'injustice et une soif inassouvissable de connaissances s'emparèrent d'elle, et elle courut.

Malgré sa mémoire désormais intacte, le chemin ne fut pas plus simple. De nouvelles éternités burinèrent son âme malheureuse et de nouvelles souffrances creusèrent dans sa conscience. Mais une lueur au fond d'elle demeura saine : les yeux luisants d'une folie meurtrie et meurtrière, elle se fraya un chemin sans broncher à travers les neuf étages.

Enfin, la porte fut atteinte. Enfin, la poignée fut pressée. Les hommes couraient vers elle tels un essaim, mais elle avait trop d'avance désormais. Elle n'était plus qu'une loque. S'ils la rattrapaient et la remettaient dans son bassin, elle s'y noierait volontairement.

La porte pivota sur ses gonds et la jeune fille aux longs cheveux bruns s'y précipita, juste au moment où l'un des hommes allait la saisir.

Il n'y avait aucune lumière à l'intérieur, seulement un écriteau :

« Il fallait monter les escaliers »

La jeune fille sentit sa vue se brouiller et tomba dans les pommes.

Une jeune fille brune et amnésique s'éveilla dans un bassin. Elle regarda ses amies jouer, fut heureuse avec elles mais...

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant