XXVIII/ Was thy brain

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« Qu'est-ce qui t'est arrivé, George ?! Où est-ce que tu comptes voyager ? »

Nikita adressa un sourire espiègle et charismatique à sa fausse « petite sœur » – debout devant lui, les bras sévèrement croisés, ses longs cheveux roux cascadant comme un fleuve indompté le long des courbes bien dessinées de son corps – et lui fit un petit clin d'œil malicieux.

« J'ai besoin de prendre l'air, voilà tout, sœurette ! »

Il tenta de lui faire une pichenette amicale sur le nez mais elle pencha sa tête en arrière pour l'éviter.

« Ne t'inquiète pas, je serai vite rentré !... d'ici quelques mois, sûrement.

« Quelques mois ?! Mais... et ta boutique ? »

Le roux émit un profond soupir et passa la main sur son visage – glabre. La première chose qu'il avait faite en investissant l'appartement de George Weasley, situé au-dessus de son magasin comme pour la plupart des commerçants du Chemin de Traverse, ça avait été de se raser, de laver ses cheveux et de changer de vêtements pour avoir l'air présentable. À cause de sa dépression, l'unique survivant de la paire de jumeaux avait complètement négligé son apparence et son hygiène de vie : le Russe avait passé presque une heure à ramasser les déchets accumulés un peu partout dans son habitat et à chasser l'odeur pestilentielle de moisissures en ouvrant toutes les fenêtres. En entrant chez lui cet après-midi, Ginny avait été très surprise par l'inhabituelle propreté des lieux et l'avait questionné sur les raisons de ce changement soudain.

« Ron saura très bien s'en occuper, ne t'en fais pas. Après tout, c'est lui qui gère pratiquement tout, ces dernières années ! »

Ginny se mordit les lèvres, ne sachant trop quoi répondre à ce constat véridique.

« D'accord... mais tu restes le patron, sans toi et tes inventions le magasin aurait coulé depuis longtemps ! Tu ne peux pas décider de partir comme ça, sur un coup de tête !...

« Balivernes, ma vieille ! rit Nikita – ce qui la fit rougir de colère. Écoute, ces derniers temps je manque de motivation, d'inspiration... ce voyage à l'étranger me sera extrêmement profitable, tu verras ! Je reviendrai radicalement différent de ce que j'étais jusque-là ! »

Son air entrainant ne parvint cependant pas à convaincre la jolie rouquine : circonspecte, elle se pencha vers lui et examina attentivement son visage, cherchant à déceler la cause de cette modification drastique de son comportement – d'habitude apathique et déprimé.

« Je... ne comprends pas, bafouilla-t-elle, indécise. Qu'est-ce qui t'est arrivé ? » réitéra-t-elle son interrogation.

Nikita se leva de sa chaise, étendit ses muscles – oh, que c'était bon d'avoir des muscles aussi fermes, aussi souples ! – et s'adossa nonchalamment contre « sa » table, ses yeux rieurs braqués sur Ginny. Il laissa passer quelques secondes pour faire monter le suspense avant d'enfin répondre d'un air narquois.

« Une bonne chose, Ginny – une très bonne chose. Oh, ça fait des années que je ne me suis pas senti aussi bien – tu ne me croirais même pas ! »

Et il émit un rire empli d'un bonheur si sincère et contagieux que sa « sœur » sourit à son tour.

« Je suis si heureuse de te voir te remettre à rire – je veux dire, ton vrai rire, pas celui que tu affichais pour ne pas qu'on s'inquiète pour toi... »

Elle s'approcha de lui et le prit dans ses bras. Il lui rendit son étreinte fraternelle. Ils se séparèrent.

« Je suis allé parler à Nikita ce matin, expliqua-t-il d'un ton léger. Ce qu'il m'a dit... sur Fred, sur Angelina... ça m'a ouvert les yeux ! Je sais comment affronter mes démons à présent ! »

Ses yeux s'illuminèrent d'une joie ravageuse.

« S'il te plait sœurette, il faut que je parte...

« Mais où ? Dis-moi au moins où tu pars ? Et pourquoi ne pas aller en parler aux autres, à maman ?...

« Oh, je compte le faire, ne t'en fais pas ! Dès aujourd'hui ! Mais... qu'est-ce que tu... ? »

Elle lui avait soudain saisi la main, qu'elle serra violemment – presque jusqu'à lui faire mal. Son regard noisette était profondément rivé dans le sien : il y lut de l'inquiétude et de l'appréhension.

« J'espère, murmura-t-elle, que tu ne planifies pas de partir à la poursuite d'Angelina et de Lee ?... George, ils sont à l'autre bout de la planète, ils... ils ne voudront sans doute pas te revoir... »

Il se sentit rassuré.

« Non, non, tu n'y es pas du tout ! » lança-t-il insouciamment.

Tandis qu'elle relâchait prise sur sa main, il se pencha vers elle et lui murmura à l'oreille.

« Tu peux garder un petit secret, Ginny ? »

Elle lui adressa un regard étonné.

Il eut un grand sourire et attendit quelques instants pour faire augmenter son impatience, avant de proclamer fièrement :

« Je vais aller au Brésil ! »

OooO

« Sois prudent, George ! larmoya Molly Weasley dans un couloir vide sur le quai de l'aéroport en retenant son « fils » par l'épaule pour lui faire un dernier câlin étouffant.

« Ne t'inquiète pas, maman ! répliqua Nikita. Vous non plus ! se tourna-t-il moqueusement vers les autres membres de sa famille rassemblés – ce qui les fit tous rire.

« Tu vas nous manquer, fils, l'assura Arthur. Prend bien soin de toi...

« Essaye d'éviter de te fourrer inutilement dans le pétrin, conseilla Bill – qui passait par hasard en Grande-Bretagne avec sa femme et leurs trois enfants.

« Ne mange pas de bonbons proposés par des inconnus, le nargua Ginny.

« En général, c'est plutôt moi, l'inconnu qui propose des bonbons !

« Ouais... évite de faire ça aussi...

« Reviens vite, j'aurai besoin de toi à la boutique ! le héla Ron – amoureusement accolé à son épouse.

« Je te ramènerai tout un container de nouveaux articles, ne t'en fais pas !

« Un quoi ?

« ... peu importe. Allez, laissez-moi maintenant, il faut que j'y aille ! Les Moldus ne feront pas attendre leur avion pour moi !

« Écris-nous ! » lança encore Molly derrière lui en essuyant ses larmes.

Il se contenta de les saluer en faisant apparaitre quelques étincelles rouges avec sa baguette, dressée en l'air.

Personne ne remarqua qu'il tenait sa baguette dans sa main gauche.

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant