XXXII/ Terror clasp

12 2 0
                                    

Un mois s'écoula.

Les entrevues oniriques se poursuivirent. Chaque nuit.

Chaque nuit, Nikita activait tout son art d'Occlumens pour tenter de bannir George de son esprit, souvent au terme d'une longue lutte acharnée. Il se sentait de plus en plus épuisé, de plus en plus... absent lorsqu'il était éveillé. En ce laps de temps assez court, il avait perdu quatre ou cinq kilos et gagné quelques cheveux blancs. Eztli ne pouvait qu'assister à cette sinistre métamorphose, impuissante.

Sa transformation mentale, cependant, était encore plus inquiétante que les changements physiques : la Brésilienne le surprit à de nombreuses reprises se parler à lui-même à voix basse, le regard animé d'une espèce de joie sauvage inexplicable, ou recroquevillé dans un coin à ruminer de sombres pensées, les yeux noyés dans le vague, à peine conscient de son environnement. Ces moments d'absence semblaient arriver de plus en plus fréquemment ; ensuite, lorsqu'il parlait avec des gens, il se montrait exagérément exubérant, faussement blagueur, presque excentrique. Ses méthodes de négociation s'avéraient de moins en moins efficaces – il lui arriva même une fois de manquer de se faire tabasser par un groupe de trafiquants (il ne fut sauvé qu'in extremis par l'arrivée menaçante de la Chasseuse). À présent, elle préférait le laisser chez elle lorsqu'elle partait braconner, de peur qu'il ne commette une action insensée qui le mettrait en danger.

Il avait lui-même conscience de perdre peu à peu le contrôle et cela le rendait d'autant plus nerveux et fragile mentalement. Lors des visites de George dans ses rêves, la nuit, il se montrait de plus en plus irritable – ce dont l'Anglais avait su prendre avantage. Nikita n'avait à présent aucune idée de ce que George pouvait bien penser ou planifier et ce manque d'informations le rendait fou. Jamais il n'avait été aussi démuni face à quelqu'un. George était une boite noire impossible à ouvrir. Une boite noire qui se faisait une joie de s'amuser avec ses nerfs.

Puis, une nuit...

Ils étaient tous les deux dans le Parc de Poudlard, assis sur un muret en ruine du haut duquel on pouvait apercevoir la Forêt Interdite au loin. Comme d'habitude, il n'y avait personne à part eux deux dans leur rêve partagé. Pour la première fois depuis longtemps, Nikita décida de se détendre, d'étirer ses bras, de ne plus chercher à empêcher George de lire ses émotions – puisque de toutes manières, ça ne marchait pas. Ses barrières d'Occlumancie amaigries s'abaissèrent complètement et il laissa ses pensées à découvert, sans se cacher davantage.

« C'est de la torture psychologique, ce que tu fais, dit-il d'un ton léger. C'est très mal – tes parents ne seraient pas fiers de toi ! »

George lui adressa un grand sourire, nullement offusqué.

« Heureusement, grâce à toi, je n'ai plus vraiment de parents puisqu'ils ne me voient plus comme leur fils ! Mais c'est mignon de ta part, d'essayer de me blesser... Tes potes de Serpentard seraient si fiers de toi !

« Navré que tu sois désormais immunisé à mon venin, soupira Nikita. C'était quand même le bon vieux temps, hein ! » changea-t-il de sujet en désignant d'un grand geste le Parc.

George se contenta d'acquiescer sombrement. Le château lui rappelait énormément de bons souvenirs... tous contrebalancés par un seul mauvais, affreusement mauvais souvenir. Il ferma les yeux un moment pour s'empêcher de pleurer.

« Dis, Niki... tu serais capable d'effacer ma mémoire ? »

Nikita lui jeta un coup d'œil, étonné.

« Après t'avoir privé de ton corps, tu veux que je te prive de ton esprit ?... étrange requête... »

George sourit mélancoliquement et secoua la tête.

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant