XXII/ Began to beat

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Les B.U.S.E. finirent enfin par arriver – les menaces prophétiques des professeurs se réalisèrent. Les jumeaux Weasley, qui ne s'étaient pas vraiment investis dans leurs études (un euphémisme !), se ramassèrent lamentablement sur les écrits et tentèrent de mendier quelques points aux oraux. Leurs amis Lee et Angelina s'en sortirent nettement mieux. Du côté des Serpentards, Melwys, sans surprise, battit tout le monde et ressortit de la salle d'examens avec le sourire. Au cours de la dernière semaine avant les concours, Nikita avait organisé un grand groupe de révisions, pour que les étudiants s'aident mutuellement sur leurs points faibles : l'idée avait enchanté tout le monde – principalement des Poufsouffles, mais également beaucoup de Serpentards et même quelques Serdaigles et Gryffondors – si bien qu'ils s'étaient quotidiennement retrouvés à trente ou quarante à la bibliothèque ou dans le Parc à s'entrainer dans une atmosphère de bonne ambiance générale, oubliant momentanément leur trac.

À présent, les étudiants se sentaient comme libérés de toute attache : ils passaient de longues journées paisibles dehors, par petits groupes, à s'amuser, à chatouiller les tentacules du Calmar Géant du lac... La seule perturbation qui se produisit fut l'annonce de la démission du professeur Lupin – avec d'étranges rumeurs courant autour de toute l'affaire, désignant le sympathique enseignant comme étant un affreux loup-garou mangeur d'enfants – ainsi que celle de la fuite de Sirius Black hors des alentours du château – ce qui réjouit grandement les élèves, puisque l'ordre fut donné aux Détraqueurs de retourner à Azkaban.

Nikita fut accablé lorsqu'un matin, une lettre de sa tante Adelaïde lui parvint via son hibou petit-duc : elle lui annonçait qu'il retournerait à Durmstrang l'an prochain – elle avait entendu parler de son « altercation » avec la bande de Marcus Flint – et que sa décision était irrévocable.

« J'avais espéré, écrivait-elle, que Poudlard serait un environnement serein et paisible, comme me l'avait assuré Suzy. Or, au vu des informations qui me sont parvenues, cette école me semble désastreusement gérée – quel directeur sain d'esprit accepterait que des Détraqueurs menacent ses élèves ? – et peuplée de véritables voyous, qui n'ont rien à envier à ceux de chez nous. Au moins, chez nous, tu avais le droit de te défendre et de rendre les coups ; à Poudlard, l'usage de la magie contre d'autres élèves en dehors des cours est strictement interdit : comment veulent-ils donc qu'un élève agressé par plusieurs autres puisse s'en sortir indemne s'il ne peut même pas leur lancer un sort ? Quoi qu'il en soit, je suis très déçue de constater que les espérances que je plaçais en les qualités de Poudlard s'avèrent, sinon entièrement, du moins partiellement fausses.

Je te souhaite une très bonne journée mon Niki,

À bientôt !

Bises

Ta tante Adé »

Les adieux furent beaucoup trop brusques pour lui. Bien que les moqueries se fussent calmées, beaucoup d'élèves blaguaient encore sur sa – prétendue – fragilité exacerbée, alors il se sentait anxieux à l'idée de parler à certaines personnes.

Le petit groupe de Poufsouffles de cinquième année avec lequel il s'était lié d'amitié et partageait ses expériences en classe de Botanique fut le premier à apprendre la triste nouvelle et le consola aussi chaleureusement que seuls d'adorables petits Poufsouffles savent si bien le faire. Chacun d'entre eux lui fit un câlin et lorsqu'advint le jour du départ, ils lui apportèrent un magnifique gâteau décoré d'un petit serpent ailé tout mignon qu'ils avaient concocté ensemble.

Ils n'étaient pas les seuls, d'ailleurs : Martin Bole, le Serpentard qui s'était rapproché d'eux et qui avait fini par demander à Helena Travel, la jolie brune de quatrième année qui voulait devenir Magizoologiste, de sortir avec lui, ainsi que Zoe Rottle, Doug Horkins, Amber Volakis, Owen Miller, Adrian Pucey et Keanan McTyrell – tous des Serpentards de sa classe qui s'étaient liés d'amitié avec des Poufsouffles et des Serdaigles durant l'année, principalement grâce au Russe qui leur avait ouvert la voie.

Il n'eut pas l'occasion de discuter longuement avec Luna Lovegood : il put la croiser un soir, alors qu'elle était en compagnie de Ginny Weasley – sa nouvelle amie – et lui dire alors simplement qu'elle allait lui manquer. Trop interloquée pour réagir, elle cligna simplement des yeux, debout face à lui, et il s'éloigna vivement, les épaules basses, pour éviter de l'embarrasser davantage. Il ne put pourtant pas s'empêcher de faire apparaitre quelques Illusions de silhouettes de Joncheruines et de Nargols derrière lui, en signe d'adieu. Néanmoins, il était heureux pour elle : elle s'était trouvé une amie du même âge qu'elle avec laquelle elle pourrait tout partager, mieux s'amuser, apprendre à tourner la page... Avec Ginny – qui était en plus elle-même protégée par ses grands frères – à ses côtés, elle ne risquait rien.

L'adieu le plus déchirant pour lui fut sans doute celui avec les jumeaux Weasley : ils ne versèrent pas une larme, conservant leurs masques rieurs, mais il sentait bien dans leurs regards qu'il allait aussi leur manquer. Ils avaient perdu un précieux complice : sans vouloir manquer de modestie, il se savait dur à remplacer !

Fred et George avaient su apporter un brin d'insouciance et de folie dans son existence : à Durmstrang, c'était lui seul qui assurait ce rôle de boute-en-train, aucun autre élève ne partageant avec lui ce sens théâtral de l'humour qui caractérisait les jumeaux et qu'il estimait tant. Leur dernière opération en commun fut la restitution du livre sur les illusions, qu'ils exécutèrent de manière bien moins subtile que la fois précédente : les deux rouquins firent simplement exploser un pétard farceur en plein milieu de la bibliothèque tandis que Harry remettait le livre à sa place et que Nikita couvrait ses arrières en surveillant le retour de madame Pince partie botter les fesses des jumeaux. Étonnamment, tout se déroula comme prévu et tout le monde n'y vit que du feu.

Quelques Serpentards – à l'instar de Flint, mais aussi de Drago Malfoy qui le détestait pour une raison ou pour une autre – ne cachèrent pas leur satisfaction à son départ définitif, lui adressant des remarques acerbes lors de sa dernière soirée àPoudlard, qu'il passa dans la Salle Commune en compagnie d'amis proches de toutes les Maisons réunies. Il leur répondit avec une politesse pleine de sarcasme et de second degré, ce qui les fit rager encore davantage ; cependant, aucun ne tenta plus de s'attaquer à lui – d'une part parce qu'il était entouré d'alliés, d'autre part parce que Flint et sa cousine Ursula avaient reçu des lettres de menaces anonymes signées « Gred et Feorge, les frères anonymes ».

Seul Quentin Hazelwood – le Serdaigle de sixième année intéressé par la recherche fondamentale en magie – ne considéra pas l'au-revoir de Nikita comme définitif ; lorsque ce dernier vint le voir dans le Parc, alors qu'il était absorbé par la lecture d'un ouvrage complexe sur une théorie de l'origine de l'apparition des créatures magiques, il leva les yeux et dit simplement de sa voix raisonnable et calme :

« Ce fut un plaisir d'avoir pu discuter avec toi durant toute une année. Je te souhaite une bonne continuation... on se croisera certainement lorsque je sortirai de Poudlard et toi de Durmstrang – on veut suivre des formations similaires après tout ! Il y a beaucoup d'échanges internationaux : nul doute qu'on se reverra, Lebedev ! »

Ils se serrèrent cordialement la main et retournèrent à leurs occupations : Nikita espérait sincèrement que les paroles de Quentin se réalisent un jour !

Enfin, ce fut le moment de quitter tout le monde : prenant une deuxième – et dernière – fois la locomotive rouge du Poudlard Express, passant de derniers instants chaleureux en compagnie de Fred, George, Lee ; de Mary, Lise, John, Clara ; de Heidi, Patrick, Ryan ; de Zoe, Owen, Amber et même de Melwys, qui malgré sa répugnance à côtoyer autant de gens, avait fini par se joindre à eux, il songea, au moment de sortir pour retrouver ses tantes et se rendre à l'Ambassade magique pour demander un Portoloin règlementaire, qu'il avait passé une année féérique, peut-être la meilleure de toute sa vie...

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant