XXXVII/ Did he smile

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« De la magie noire ! C'était de la magie noire ! Et vous n'avez pas jugé bon de nous prévenir que ces fugitifs étaient des Mages Noirs ?! »

Hadrien Lin, directeur du Bureau de la Justice Magique, marchait de long en large dans son bureau, devant son homologue britannique Hermione Granger-Weasley, Baptiste Turain – directeur du Bureau de la Coopération Magique Internationale – Perceval Weasley, directeur du département des Transports Magiques anglais, et trois Aurors français venus témoigner des événements auxquels ils venaient d'assister. Une dizaine de personnes, dont Ginny Potter, avaient dû être hospitalisées ; heureusement, personne n'avait été gravement blessé, la plupart seulement assommés ou projetés un peu violemment contre des murs au cours de la poursuite des fugitifs. 

Le responsable français de l'ordre dans le monde de la magie s'était mis hors de lui lorsqu'on lui avait rapporté ce qui s'était passé : lorsqu'environ une heure et demi plus tôt, les Anglais étaient venus  sur le territoire à la poursuite de deux sorciers en lui demandant sa pleine coopération, ils ne l'avaient nullement prévenu d'un niveau de danger potentiellement élevé – de ce qu'ils lui avaient dit, il avait cru comprendre qu'il s'agissait de deux simples sorciers doués pour le camouflage, l'un d'eux étant un maître illusionniste réputé. De son bureau, il avait également mené sa petite enquête, et découvert que ce Lebedev – le seul dont ils avaient l'identité exacte – était également un Legilimens de très haut niveau et co-concepteur de plusieurs sorts de magie spirituelle avancée avec d'autres experts en la matière ; cependant, depuis quelques années, sa trace s'était perdue : habitué à voir ce cas de figure chez des spécialistes de réputation internationale, Lin en avait déduit qu'il avait dû être contacté par un ministère sorcier, probablement le Gouvernement Magique russe, et avait ensuite travaillé pour eux sous contrat confidentiel (étant donné ses aptitudes, il était assez probable qu'il ait coopéré avec le Service d'Espionnage ou de Surveillance Magique). 

Quant à l'autre... impossible à dire. Il ne possédait pas assez de documentation au sujet du Brésil – il avait déjà bien assez à faire avec l'Europe ! – pour espérer découvrir son nom. De la description qu'on lui avait donnée, il pouvait simplement supposer qu'il s'agissait sans doute d'une tueuse à gages, d'une maffieuse ou d'une espionne – dans tous les cas, d'une criminelle de petite envergure. Ce n'était pas bien important.

Ce qu'il fallait se demander, en revanche, c'était : comment s'étaient-ils retrouvés dans pareille situation ? Et à qui la faute ?

« Bien, je récapitule, reprit-il la parole sans cesser de faire les cent pas devant les regards médusés de ses invités. D'après le témoignage des Gardiens, ils sont arrivés par le Portail donnant sur l'Ambassade anglaise – déjà, comment ont-ils pu y avoir accès ?! Non, ne répondez pas, monsieur Weasley. C'était de votre responsabilité de gérer aussi la surveillance de cet endroit. Continuons. Ils sont donc arrivés sur notre territoire. Ensuite, d'après les témoignages de nos deux Gardiens – encore heureux qu'ils soient sains et saufs ! – ils auraient discuté avec eux un moment, cherchant à savoir comment passer par un autre Portail ou sortir de la pièce. Bien sûr, ces derniers, tenus sous serment sur l'honneur, ne leur ont rien dévoilé. Ensuite, leurs souvenirs sont flous, mais d'après ce qu'on a retrouvé dans la Salle des Portails, il semblerait que la femme les ait intoxiqués avec du Sable de Sommeil du Pérou...

« Il leur aurait été impossible de vaincre deux Gardiens au cours d'un combat loyal, intervint Baptiste Turain pour appuyer ses propos. 

« Exact, ils sont spécialement formés pour être plus résistants que la moyenne aux sorts offensifs, renchérit Hadrien Lin. En tous cas, lorsqu'ils se sont réveillés, ils lévitaient près du plafond, ligotés et bâillonnés.

« La suite, vous la savez déjà », compléta Turain en posant un regard insistant sur Hermione et Percy. 

La directrice du département de la Justice Magique pinça les lèvres et esquissa une moue impatiente : peu après qu'on l'ait soignée, Lin l'avait plus ou moins aimablement conviée dans son bureau pour parler de ce qui s'était passé, et elle passait actuellement l'un des quarts d'heure les plus frustrants et exaspérants de sa vie. Inutile de préciser que les Aurors français avaient perdu la trace des fugitifs lorsque ceux-ci s'étaient enfuis par le trou qu'ils avaient percé avec Dieu-sait-quelle ressource ! Mais son homologue Français ne voulait rien entendre, souhaitant éclaircir la situation point par point plutôt que de ratisser la ville à la recherche de Lebedev et de sa complice. 

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant