Cela faisait plusieurs minutes que Harry était sorti de la chambre en courant, à la poursuite de celui qui avait pris l'apparence de George. Ginny faisait nerveusement les cent pas un étage plus bas, là où son mari l'avait convaincue d'attendre ; elle ne parvenait pas à faire taire un très mauvais pressentiment...
Des cris et des bruits de pas précipités s'étaient fait entendre au-dessus. Autour d'elle, quelques Guérisseurs inquiets lui lançaient des regards de reproche : après tout, c'étaient principalement Harry et elle qui les avaient persuadés d'évacuer une partie du quatrième étage pour tenter de piéger un criminel... et il semblait bien, au vu du raffut du dessus, qu'ils ne s'étaient pas trompés et que le George auquel elle avait parlé était un odieux usurpateur !
Pourtant, bien qu'elle ne doutât pas de l'efficacité de l'équipe de son époux, elle ne pouvait s'empêcher de trembler d'appréhension : elle n'était pas du genre à avoir des intuitions miraculeuses sur l'avenir ou sur les intentions des gens...mais quelque chose sonnait faux dans la chaîne actuelle des événements. Cette femme, cette... Rica Sanchez... son regard, bien que dissimulé sous d'épais verres noirs, lui disait quelque chose... Ce n'était pas une figure anodine.
En théorie, à l'heure actuelle, Harry l'avait déjà fait arrêter. Elle était sans doute une complice de Lebedev, peut-être était-elle dangereuse ? Sans aucun doute, le Russe l'avait intégrée à son plan... quel qu'il puisse être. Dans tous les cas, il fallait la stopper et l'interroger à temps, avant qu'elle n'agisse. Mais la jeune femme avait confiance en son mari, l'inconnue devait déjà avoir les menottes aux poignets !
Néanmoins... rien ne coûtait d'aller s'assurer que tout allait bien, là-haut. Les bruits de la course-poursuite entendus quelques instants plus tôt lui paraissaient inquiétants : il y avait eu un souci, l'un des suspects avait dû s'échapper ou résister ! Ginny n'était sûre de rien et ça la mettait en rogne : bien que n'étant pas une Auror, elle aurait voulu participer à l'arrestation, l'affaire concernait sa famille après tout ! Cette attente aveugle était insupportable... il fallait qu'elle vérifie, quitte à désobéir aux conseils de son mari !
« Je vais juste voir... » lança-t-elle aux trois Guérisseurs qui se trouvaient dans les parages.
Elle escalada les escaliers à toute allure et traversa vivement le couloir menant à la chambre de George. Il n'y avait personne, tous étaient partis dans l'autre sens et se trouvaient à présent dans Dieu sait quelle pièce... L'ambiance déserte de l'hôpital fit frissonner la jeune femme : normalement, des infirmiers, des Guérisseurs, des malades ou des visiteurs se bousculaient ici dans un chahut vivace ; en ce moment, les murs blancs et les pièces closes se dotaient d'une aura sinistre, presque étouffante.
Ginny atteignit enfin la bonne porte et l'ouvrit à la volée, prête à se jeter au cou de son frère pour y fondre en larmes ; ce qu'elle vit la cloua cependant sur place.
Un homme aux longs cheveux roux en bataille et trempés de sueur en lequel elle reconnut à peine le corps d'origine du plus jeune des jumeaux se tenait penché au-dessus du lit du malade, qu'il étouffait avec un coussin. L'homme alité était encore en vie, au vu des secousses spasmodiques qui parcouraient ses membres – mais probablement plus pour longtemps. Ce qui était troublant, c'est qu'à première vue, il semblait difficile de déterminer qui souffrait le plus : l'assassin était affreusement pâle et tremblait incontrôlablement, en proie à de violents sanglots mêlés à un rire dément dénué de toute trace de lucidité, tout en marmonnant des paroles incompréhensibles et probablement incohérentes dans plusieurs langues (Ginny reconnut des intonations slaves et hispaniques – ou portugaises). Il était en plein accès de délire hallucinatoire.
Nikita mit quelques fractions de secondes avant de s'apercevoir de l'intrusion fracassante de la jeune femme. Lorsqu'il tourna ses yeux – à demi masqués par des mèches folles qui retombaient sur son visage – vers elle, elle recula d'un pas, une expression d'horreur figée sur le visage. C'étaient les yeux de son propre frère, les mêmes yeux noisette que les siens... mais elle ne les reconnaissait pas. Ils étaient obscurcis d'une lueur de démence pure, un mélange insupportable de rage, de colère, de panique et de terreur – le regard d'un animal rendu fou et poussé dans ses derniers retranchements, pas celui d'un être humain.
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The Good Snake
FanfictionLorsque Nikita, élève de Durmstrang - l'établissement de magie le plus mal famé d'Europe - change d'école et se retrouve à Poudlard, tous se méfient : de loin, il a l'air du parfait Serpentard maléfique et indigne de confiance. Pourtant, en l'espace...