XXXVIII/ His work to see

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Le bureau d'investigations grouillait d'agitation. Des Aurors couraient dans tous les sens, armés de photographies ou de documents divers, s'approchant de temps à autre du tableau central pour y épingler ou griffonner quelque chose. Les chaises et les tables avaient été repoussées contre le mur pour la plupart pour laisser la voie libre à ce remue-ménage incessant. Il y avait aussi beaucoup de bruit : deux ou trois machines à écrire sur lesquelles s'activaient des doigts frénétiques, les claquements secs de talons pressés sur les dalles noires lustrées du sol, les conversations à mi-voix, souvent composées de quelques mots échangés à la hâte entre deux enquêteurs qui se croisaient... Il y avait aussi le griffonnement discret de plumes sur un parchemin, les grattements nerveux d'ongles contre la table ou contre les dents de leurs propriétaires, la déglutition ou la mastication causée par deux ou trois agents qui profitaient de quelques instants de pause pour s'alimenter dans un coin ou encore le crépitement presque imperceptible de la magie à l'extrémité des baguettes de ceux qui s'en servaient. 

Au milieu de ce chaos général, Ginny était assise – ou plutôt mollement avachie – sur une chaise, à côté de l'une des fausses fenêtres. Ses yeux étaient fixés sur ses chaussures et ses mains serraient presque maladivement sa baguette, qui émettait de temps à autre une étincelle causée par les violentes émotions qui traversaient la cervelle de sa propriétaire. Une larme rageuse coulait le long de sa joue sans qu'elle ne prenne la peine de l'essuyer.

« Ginny ? » s'étonna Hermione, qui avait remarqué sa belle-sœur dans ce triste état.

La directrice du département de la Justice, de passage dans la pièce pour jeter un coup d'œil sur l'avancement de l'affaire, s'approcha d'un pas un peu circonspect de la rouquine, qui lui adressa à peine un regard, ruminant toujours de sombres pensées. 

« Tout est... de ma faute..., murmura-t-elle, gorge serrée, lorsque Hermione fut suffisamment proche pour l'entendre. 

« Qu'est-ce que tu racontes ? »  fronça Hermione les sourcils.

Ginny prit une grande inspiration pour ravaler un sanglot coincé en travers de sa poitrine. 

« Tout... est de ma faute, répéta-t-elle un peu plus fort. C'est moi qui ai eu l'idée d'amener George à ce... monstre, c'est moi qui n'ai pas su l'arrêter à temps dans l'hôpital et dans le ministère français... c'est moi qui n'ai pas reconnu mon propre frère pendant quatre mois, alors que je lui rendais visite presque chaque semaine... » 

Elle ne put contenir davantage ses larmes, qui dévalèrent doucement le long de ses joues et de son nez, coulant par-dessus sa bouche tremblante puis gouttant une par une sur sa chemise noire. 

Hermione s'assit à côté d'elle après avoir conjuré une chaise d'un geste machinal, et la prit tout naturellement dans ses bras pour la bercer et la consoler. 

« Ne dis pas de bêtises s'il te plait, tu finiras par devenir comme Ron si tu continues, lui chuchota-t-elle à l'oreille. Lui aussi s'en veut... de même que Molly et Arthur... mais vous n'y êtes pour rien, aucun d'entre vous. Regarde-moi bien ! » 

Ginny plongea ses yeux noisettes dans ceux noirs de son amie. Cela parvint à l'apaiser un peu et à calmer ses tremblements et ses sanglots. 

Hermione reprit :

« George, tout comme Lebedev, est un vrai génie, malin, roublard, débrouillard dans toute situation ! Il a la capacité de berner n'importe qui, et c'est ce qui fait sa plus grande force ! S'il a réussi à tous nous tromper – et je dis bien tous, personne ne s'était aperçu de rien ! – c'est bien la preuve qu'il a la force de s'en sortir. Et nous étions à deux doigts de capturer Lebedev – c'est frustrant, je sais, mais la prochaine fois, je te promets que nous l'aurons ! 

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant