XXIV/ And what dread feet

16 1 0
                                    

« Entrez ! »

D'un pas un peu timide, le visiteur tant attendu pénétra prudemment dans le bureau directorial – restauré après la guerre pour ressembler à celui qu'avait occupé Dumbledore pendant de longues années. Actuellement, trois sièges étaient occupés : celui de la directrice McGonagal, celui où était assise Hermione Granger-Weasley, directrice du Département de la Justice magique et celui d'un individu qui lui parut familier d'emblée et qui, d'après le dossier qu'on lui avait fourni, n'était nul autre que cet étudiant étranger qu'il avait pu croiser quelques fois à Poudlard lorsqu'il était en troisième année, Nikita Lebedev.

Le célèbre sorcier qui venait d'arriver fit signe au Russe de rester assis lorsque celui-ci fit mine de se lever respectueusement ; le professeur McGonagal créa aussitôt magiquement une chaise dotée d'un coussin de velours, pile entre les deux autres invités. Harry Potter, directeur du Bureau des Aurors – car ce n'était nul autre que lui qui venait de passer la porte – s'assit prestement et s'excusa en quelques mots de son retard. Personne ne semblait lui en vouloir pour ça, tous lui sourirent aimablement : après tout, il devait gérer trois gamins de sept, huit et onze ans respectivement.

« Bien, reprit McGonagal ce qui était visiblement le fil de la discussion, nous disions donc que le Conseil d'Administration de Poudlard, favorablement influencé par le parcours professionnel de monsieur Lebedev, a donné son accord pour une période d'essai de cours de Magie Noire Théorique dans mon établissement. Monsieur Lebedev sera sous la surveillance d'un Auror durant ses séances de cours et devra faire examiner sa baguette tous les trois jours par des employés du Département de la Justice, pour vérifier s'il ne s'en est pas servi à des fins illégales sur des élèves ou des collègues. »

À chaque fin de phrase, Nikita acquiesçait avec le sourire. Les hautes mesures de sécurité prises à son encontre ne semblaient pas l'impressionner outre mesure. Harry remarqua qu'il avait l'air anormalement maigre et fatigué, comme s'il était malade : méfiant, il l'examina de la tête aux pieds, sans toutefois noter quoi que ce soit de suspect – hormis cette étrange canne-bâton sur laquelle s'enroulait une plante vivante qui ondulait légèrement, à moins que ce ne fût qu'un effet de son imagination.

« Très bien, intervint Hermione, jetant de temps à autre un coup d'œil nerveux au Russe qui se tenait parfaitement calme et détendu. Pour être franche, cette idée ne m'enchante guère – mais il est cependant vrai que monsieur – ou devrais-je dire, au vu de son parcours, le professeur – Lebedev a avancé des arguments de poids en la faveur de sa cause...

« Hmm..., grommela Harry, plus à l'aise pour discuter avec son amie qu'avec son ex-professeur de Métamorphose. Pour ma part, je suis assez réticent : on sait tous ce que Voldemort est parvenu à faire en ayant seulement lu quelques ouvrages de la Réserve – alors consacrer des cours entiers à cette matière dangereuse et meurtrière ? Ce serait de la folie !

« Si je puis me permettre, commenta Lebedev de sa voix douce et conciliante, Voldemort est une exception... c'était un sorcier doté d'une très grande puissance, bien supérieure à la moyenne, mais malheureusement dépourvu de la moindre once de moralité sans doute à cause du manque d'amour reçu durant son enfance.

« Merci, je sais : je l'ai combattu durant dix-sept ans ! le coupa sarcastiquement Harry.

« Bien sûr, bien sûr, je n'avais pas pour intention de vous manquer de respect, monsieur Potter ! s'excusa aussitôt le Russe en esquissant un geste pacifique. Je tenais simplement à faire remarquer que... Voldemort n'était pas un homme comme les autres...

« Ça non : c'était un monstre ! murmura Hermione en grimaçant.

« ... et que par conséquent, on ne peut pas s'attendre à des résultats similaires de la part d'étudiants normaux, continua Nikita. De plus, le simple fait que la magie noire est prohibée lui donne une aura attractive auprès de certains adolescents rebelles : en faire une matière scolaire comme une autre, bourrer leurs crânes de principes théoriques complexes et leur montrer qu'en réalité, la parcelle illégale ne représente qu'une goutte dans un vaste océan bien plus passionnant et excitant à explorer pourrait permettre de canaliser leurs velléités criminelles et d'assouvir leur soif de savoir. Certes, il leur sera alors plus facile d'apprendre en autodidactes des sorts offensifs de magie noire que s'ils étaient de parfaits novices en la matière... mais qui vous dit qu'ils le feront, qu'ils s'en serviront ? Bien sûr, il y aura de futurs criminels parmi eux... mais cela est inévitable, il y en aura toujours. Et grâce à ces cours, d'autres personnes seront capables de comprendre leur magie et de la contrer au besoin...

The Good SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant