🌖Chapitre vingt-six

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-Tu es sûre de ce que tu fais ?

-Oui et non. On n'est jamais sûrs de rien avec les arts divinatoires tu sais.

-Ah, je suis rassuré.

Retournés dans la chambre de l'hôtel, Bérénice fouillait dans ses sacs, à recherche de son matériel mystique.

-Tâche déjà de te détendre, ça sera plus facile.

Il l'observa d'un œil incrédule, retourner le contenu de son sac à dos, et vaporiser des huiles essentielles dans la pièce. Son comportement parfois fantasque l'amusait un peu et avait pour effet de détendre l'atmosphère de toute façon.

-Et tu as déjà fait ça ?

-Oh oui bien sûr. Mais avec un...alien potentiel, non, ça sera une première en revanche.

Ulysse soupira, irrité à la mention de ce qualificatif.

-Je t'explique brièvement. Je suis une empathe, c'est le terme qu'on emploie le plus couramment. C'est-à-dire que je ressens avec clarté les émotions des gens qui m'entourent. Même celles qu'on s'efforce de dissimuler. Ou de refouler. Un peu comme toi. Ce n'est pas toujours facile à gérer émotionnellement, mais je m'en sors. J'ai longtemps considéré ça comme un fardeau, mais finalement, je dois reconnaître que c'est plutôt un privilège, dont il faut savoir tirer profit. Bref, pardon, je m'égare.

-Non non, continue, ça m'intéresse vraiment. Dans le décodage des émotions, j'ai beaucoup à apprendre...

-En plus de ça, il m'arrive d'être capable de « voir », un peu comme toi j'imagine, quoique de manière moins violente. J'ai surtout appris à développer cette aptitude. Après notre première rencontre, j'ai déjà essayé de pratiquer la divination à ton sujet, je t'en avais parlé. A distance, même en ton absence, c'était déjà puissant, mais peu compréhensible sans contexte évidemment. Voilà pourquoi je pense qu'il serait intéressant de retenter l'expérience. Avec toi cette fois.

-Et...qu'avais-tu « vu » en mon absence, si je peux me permettre la question ?

-Hum, tu veux vérifier que je n'invente rien... Logique. J'ai vu des monts arides, du soleil, des monolithes imbriqués. Maintenant, ça me semble évident. Mais aussi...et ça, cependant, je n'ai pas encore compris le sens. Des falaises. Blanches et hautes. Du sable fin et humide. Du vent. Et surtout une grande solitude.

Ulysse écarquilla les yeux et son cœur bondit dans sa poitrine.

-Putain... les falaises, cette ferme où j'ai vécu en été 2006 jusqu'à ma majorité. Ce couple horrible qui accueillait des gosses pour les primes.

Il releva des yeux anxieux vers Bérénice.

-Je suis tombé de la falaise. J'ai cru que j'allais crever. Mais j'ai survécu. J'ai lévité avant de toucher la plage, c'était la première fois.

Bérénice interrompit ses fouilles et le regarda.

-Ok. Un bon point pour moi alors. Je ne suis pas un medium si nul on dirait. Tu as lévité éveillé tu disais ?

-Oui...

-Donc ce n'est pas uniquement dans ton sommeil, pas seulement du somnambulisme comme tu le qualifiais ! Evidemment, je m'en doutais.

-Oui mais, je t'arrête tout de suite, je vois où tu veux en venir. Là encore c'était un réflexe, purement et simplement.

-Un mécanisme de défense, le corrigea-t-elle.

-Si tu préfères.

Bérénice le regarda d'un air un peu las.

-Ulysse, ce truc, tu dois apprendre à le maîtriser, à le sortir de toi. Volontairement. Tout ça va finir par te bouffer, ça a déjà commencé si tu veux mon avis. Ces dons...

Les yeux d'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant