🌑Chapitre vingt-et-un

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Lorsqu'ils sortirent du bâtiment, le soleil brillait toujours et le vent s'était levé, emportant avec lui la poussière sèche du village, soulevant les cheveux en bataille d'Ulysse.

Bérénice, attentive aux évènements et à ce qui l'entourait, repéra un kiosque à journaux. Sans attendre son partenaire, elle s'en approcha, analysa l'étalage et répara un titre récurent parmi les quotidiens. Elle déplia un journal pioché dans la pile devant elle, à la recherche des coordonnées de sa rédaction.

Ulysse posa une main sur son épaule, elle sursauta.

-Tiens, bois ça. Vu la sécheresse de l'air, tu vas te dessécher si tu te n'hydrates pas... lui dit-il tandis qu'il lui confia sa gourde.

-Bien vu. Merci... Regarde ce journal. Ça semble être la gazette locale non ? Si on trouve la rédaction, ils nous laisseront peut-être jeter un œil à leurs archives.

-Là.

Ulysse pointa du doigt les coordonnées sur la dernière page du numéro de « Los Andes ». Il sortit son smartphone et entra les données dans l'appli de géolocalisation.

-C'est à trois rues.

-Let's go !

Bérénice, journal et carte routière en main, s'était déjà mise en route et Ulysse ne pu dissimuler un sourire en l'observant si enthousiaste, accoutrée comme pour une chasse aux trésors. Il ne manquait plus qu'une boussole autour du cou et le tableau serait complet.

Ils arrivèrent devant l'établissement vétuste, à la façade poussiéreuse. Un tintement sonore annonça leur entrée. Un petit groupe de journalistes étaient afférés derrières leurs ordinateurs et conversaient bruyamment dans une atmosphère enfumée de tabac.

De nouveau, ils s'annoncèrent comme universitaires européens à la recherche de documentation. Une journaliste qui semblait surprise mais ravie que de lointains voyageurs s'intéressent à leur journal local les invita à la suivre. Elle leur expliqua dans son meilleur anglais que les archives étaient toutes soigneusement entreposées dans les caves du bâtiment, tout en poussant la porte d'une cave sombre.

-Voilà ! Bienvenue dans les archives de Los Andes ! dit-elle en riant. Les rayonnages sont rangés par ordre chronologique, c'est facile.  Vous savez où nous trouver en cas de besoin ! Il y a un photocopieur à l'étage. Ah et aussi, nous fermons à dix-sept heures ! Bon travail !

Et elle disparut, les laissant seuls dans cette cave sombre, encombrée de milliers de boîtes à archives empilées de manière anarchique. Des dizaines de pages s'échappaient des enveloppes, chiffonnées ou tombées derrières les étagères. La table centrale croulait sous le poids des piles de papiers jaunis.

-Mon dieu... Et j'imagine que rien n'est numérisé...

Ulysse la regarda perplexe par-dessus ses lunettes.

-En tant qu'historien, crois-moi, j'ai déjà vu bien pire ! Ici au moins, il ne semble pas y avoir de champignons et de pigeons morts dans les coins.

-Oh ça va alors, dans ce cas, je suis rassurée ! dit-elle en posant sa main sur son cœur, feignant le soulagement.

Ulysse retroussa ses manches et plongea au cœur de ce foutoir. En quelques minutes, il repéra le bon rayonnage. Au milieu des vieux papiers, il était clairement dans son élément.

Bérénice l'observa, concentré et appliqué, imperturbable déjà et le trouva d'une beauté envoûtante.

-Regarde ça... Il retira une coupure de presse d'une liasse. « Mars 1992, l'orphelinat Salcantay ferme ses portes. Touché par une pénurie de personnel et un manque de fonds à la suite du départ de la mission humanitaire, les enfants replacés dans des foyers du pays et adoptés en urgence. Le centre sera rénové en logements communautaires. » Ils ont fermé quelques mois seulement après mon passage...

Les yeux d'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant