🌕Chapitre vingt-cinq

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Un jet brûlant coulait depuis de longues minutes sur les épaules d'Ulysse. Les yeux fermés, il tentait de faire le vide en lui, de laisser disparaitre le poids de ses préoccupations en même temps que l'eau dans le syphon de la douche. Ça ne pouvait pas être vrai. Tout ceci n'était qu'un délire, un tissu de superstitions. Mais ses certitudes s'effondraient peu à peu, les remparts qui barricadaient son esprit et sa constance se fracassaient contre sa logique.

Les pièces du puzzle s'imbriquaient plutôt bien, il l'admettait douloureusement. Mais quinze années à appliquer la rigueur documentaire et l'objectivité des sources historiques avaient forgé sa pensée. Il lui était impensable d'admettre les évènements en se basant sur des visions paranormales, sur des impressions et encore moins sur des légendes de villageois des confins de la planète.

Encore quelques minutes, pensa-t-il. Encore savourer quelques instants cette douche providentielle dans cet hôtel plutôt accueillant. Pas donné certes, mais à cet instant, ça lui était bien égal.

Il ne perçut pas tout de suite Bérénice qui était entrée dans la salle de bain entièrement recouverte de mosaïques dans l'esprit sud-américain. Il ne perçut pas non plus qu'elle avait laissé glisser ses vêtements et qu'elle s'apprêtait à entrer dans la cabine.

Ulysse sursauta quand le corps glacé de Bérénice vient se loger contre son dos brûlant.

-Je craignais que tu ne me laisses plus d'eau, plaisanta-t-elle.

-Tu as bien fait, on ne sait jamais.

Ses tourments furent instantanément mis de côté quand Bérénice se hissa sur la pointe des pieds pour poser longuement ses lèvres sur les siennes. Comme à chaque fois que leurs peaux se rencontraient, une onde crépitante les surprenait, les enveloppait. Leur combinaison avait un aspect quasi-sidéral, inévitable.

Ulysse embrassa avec avidité son cou, ses clavicules délicates, avant de s'attarder longuement sur sa poitrine généreuse. Elle attira ses hanches fines à elle tandis qu'il se perdait dans son regard. Il interrompit le flux de la douche avant d'ouvrir la cabine et d'entraîner sa compagne jusqu'au lit tout proche. Il termina d'explorer chaque parcelle de sa peau avec ivresse et douceur. Quand Bérénice bascula pour s'installer sur lui, et onduler dans un rythme électrisé et équilibré, leur symbiose était parfaite.

Ils finirent par somnoler délicieusement dans les draps humides, Ulysse lové contre les reins de Bérénice, ses longues jambes emmêlées aux siennes.

Il brisa le silence de l'instant.

-Bérénice...après tout ce qui a été dit ces deux derniers jours...je... Je ne sais pas comment le formuler sans que ça me heurte moi-même mais... S'il s'avérait que tout ça est réel. S'il s'avérait que... il déglutit et reprit. Que j'étais né sur une autre planète, ce qui me rend dingue rien que de l'envisager...comment peux-tu sereinement...me cotoyer ? Enfin, tu es certaine que ça ne te pose aucun problème ?

Après un bref instant et avec une voix ensommeillée elle répondit.

-Je te donne l'impression d'avoir un problème avec ça ?

-Heu...non. Mais...

-Chhhut... détends-toi, savoure le moment.

Décontenancé, il roula sur le dos, les mains derrière la tête, songeur. Elle s'enroula dans la couette lourde et moelleuse.

Elle rompit ses réflexions au bout d'un moment.

-Tu m'as percée à jour, je dois tout avouer. Je fais tout ça pour avoir les meilleures notes en Histoire médiévale. Je suis désolée.

Il éclata de rire et se détendit. Comment trouvait-elle la touche d'humour en toutes situations ?

-Je suis désolé aussi, mais sur ce point, je serai intransigeant. C'est comme ça. J'ai une réputation de prof sévère et inflexible à tenir.

Les yeux d'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant