🌘Chapitre vingt-huit

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Retrouvant son sérieux, elle s'adressa à Ulysse de manière un peu solennelle.

- Il nous reste une chose à faire.

- Je sais.

- Sasqsaywaman.

- L'œuvre des démons... ajouta-t-il sur un ton moqueur et lointain.

- J'ai pu visualiser assez clairement ta pierre, ôtée d'une muraille principale. Je pense que ce serait intéressant d'aller y jeter un œil et mieux encore, retrouver ce petit endroit précis.

- Retrouver une encoche de quelques centimètres sur une citadelle faite de trois rangées de six-cents mètres de long, je sens que ça va être une partie de plaisir...

- Je propose qu'on s'y rendre en soirée, après la fermeture du site au public. On trouvera un moyen d'y entrer, ça ne doit pas être trop compliqué. On sera plus à l'aise.

- De nuit de donc. On rajoute une difficulté ! ironisa-t-il.

- Ca va aller. Fais confiance à mon feeling. Et fais surtout confiance au tiens !

- J'aime ton optimisme Bérénice...

- Ouep, on se complète bien non ?

Il ne répondit pas mais lui tendit la main pour l'aider à se relever, lui adressant un sourire confiant.

- On embarque le matériel de camping de nouveau j'imagine...

- Désolée princesse, mais oui tu risques d'être encore privé de confort la nuit prochaine, se moqua-t-elle.

Ulysse leva les yeux au ciel, mains sur les hanches.

***

Bagage et matériel embarqué dans la voiture de location, Ulysse s'installa derrière le volant après un dernier coup d'œil à son appli GPS. En prévision de la nuit fraîche, il avait revêtu un gros pull en laine bleu marine à imprimés scandinaves par-dessus sa chemise.

- Prête ?

- Bien sûr, répondit-elle dans un sourire radieux.

Il tourna la clé et démarra.

- On en a pour un peu plus de cent kilomètres là. Mais vu l'état de la route...on en a sans doute pour quelques heures.

- On a tout notre temps non ? Vingt-neuf ans d'inconnu, tu n'en es plus à quelques heures près non ?

Ils prirent la route sur ces sages paroles, Ulysse attentif à sa conduite. Après un long moment de calme, Bérénice observa son partenaire, si concentré sur la route. Presque nerveux, bougeant par petits gestes précis, les yeux rivés sur le chemin. Elle lui trouva un charme magnétique, captivée par sa façon de se mouvoir, par ses yeux si fascinants, ses longues mains délicates, ses poignets fins.

-Quoi ? J'ai fait quelque chose de spécial ?

-Non, je me disais que je te trouvais beau, c'est tout.

-Ah oui, ça, je sais ! répondit-il avait un air faussement blasé et rieur avant de se replonger dans son mutisme concentré.

-Tu n'aimes pas conduire ou je me trompe ?

Il lui jeta un coup d'œil furtif avant de s'avouer vaincu.

-Je déteste ça. Les voitures, la vitesse, le bruit du moteur, le danger... dit-il accompagné d'un geste vague vers le capot et d'un rictus irrité.

Elle se mit à rire.

-Je voulais t'épargner ça, c'est tellement affreux ! C'est pour ça que j'ai pris le volant !

Les yeux d'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant