Chapitre 42 Clara

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Je suis assise dans le salon, me contentant d'observer le ciel sombre par la fenêtre alors que Ruslan est à côté de moi, en train de jouer à un jeu sur mon ordinateur portable. À peine une heure s'est écoulée depuis qu'ils sont partis et pourtant, j'ai l'impression d'avoir attendu des jours. L'appartement me semble trop calme et la petite musique fatigante du jeu m'irrite plus que d'ordinaire. À moins que ce soit simplement l'attente... et l'inaction. Je me lève et Ruslan semble tellement concentrer qu'il ne me voit pas me diriger vers le couloir.

– J'ai besoin de pendre l'air, lui dis-je, alors que le cadet me jette à peine un coup d'œil.

– Ne va pas trop loin, me répond-t-il, les yeux rivés sur l'écran. Et hurle si jamais quelqu'un de kovsh te poursuit, je vais venir te sauver.

Je retiens un rire sardonique avant d'aller chercher mon coat dans ma chambre, puis de partir vers l'entrée. J'enfile mes bottes et mon coat avant de sortir dans l'air nocturne. De la neige mouillante, si fine qu'elle est à peine perceptible, tombe doucement et va fondre sur la pierre. Malgré la température peu frileuse, lorsque je souffle, une légère buée se forme.

Je remonte mon col en observant le char de Yakim et ma bécane à côté.

Ils ont dû monter dans un bus de ville pour se rendre chez le maire. Je me souviens qu'il y a un arrêt à quelques rues d'ici.

Je mets mes mains dans mes poches avec un long soupire.

J'ai vraiment envie de recevoir les nouvelles dès qu'elles seraient décidées, mais c'est complètement différent en ce qui concerne la réaction de Yakim. Il est beaucoup plus sensible que ce qu'il laisse paraitre devant les autres... Et je sais qu'il s'inquiète pour moi... pour ma sécurité... mais je suis incapable de rester assise à ne rien faire. Je sais d'avance que je n'y arrive pas.

Je récite à nouveau les vers de la prophétie en marchant sur les trottoirs peu éclairés.

Il semblerait que je ne puisse que me fier à moi-même.

Je n'ai pas eu de nouvelle de Maggie depuis un bon moment, comme si elle était en colère contre moi pour je ne sais pas qu'elle raison. Elle ne répondait plus à mes messages et hier, elle m'a complètement bloqué.

Je soupire encore en observant le ciel noir et la neige pluvieuse qui virevolte plus ou moins dans le vent frisquet.

La plupart des lumières du quartier sont éteintes.

Je passe un pâté de maison et me retrouve dans une ruelle profondément sombre. Je cherche des yeux la lune, mais elle n'est nulle part.

Est-ce la nouvelle lune?

Alors que je calcule le nombre de jour passé depuis que Maggie et moi avions cherché le sens de la prophétie, quelque chose de brillant illumine l'obscurité pendant une fraction de seconde. Je fronce les sourcils en jetant un rapide coup d'œil autour de moi sans pour autant m'arrêter, ne distinguant rien d'autre que le vague contour des bâtiments.

Après plusieurs mètres, je remarque une seconde fois une lumière jaune fendre dans la noirceur, plus proche encore...

J'entends des pas vifs martelés le sol derrière moi.

Je me retourne vivement, mais je ne distingue rien.

– Qui est là, ai-je demandé dans la pénombre qui m'englobe comme un cocon étouffant.

Il n'y eut aucune réponse.

Pas même un bruit.

Une chouette pousse un cri en passant au-dessus de ma tête et je lève anxieusement les yeux en la cherchant.

Tome 1 Nirci Les marquésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant